06/12/07 (B424) REUTERS / Rice tente d’accélérer le règlement des crises africaines

Par Sue Pleming

ADDIS-ABEBA (Reuters) – Les dirigeants de plusieurs pays africains des Grands Lacs ont assuré à la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice qu’ils s’attacheraient comme promis à mettre fin au conflit du Congo oriental, qui menace de s’étendre dans la région.

A l’occasion de sa seconde visite en Afrique subsaharienne en l’espace de deux ans, Rice a rencontré les présidents de l’Ouganda, du Burundi et du Rwanda ainsi qu’un ministre de la République démocratique du Congo (RDC).

Elle a fait état d’une concordance de vues sur trois points – la nécessité d’un "renforcement rapide" des forces de sécurité au Congo, celle de ne pas "héberger les forces négatives", et la réaffirmation d’accords précédents. Mais aucune idée concrète ou nouvelle ne semble s’être fait jour.

"Le plan en trois points qu’elle a résumé est une bonne réaffirmation de ce que nous avions dit précédemment, mais cette fois avec plus de vigueur", a dit le président ougandais Yoweri Museveni lors d’une conférence de presse aux côtés de Rice.

La guerre congolaise de 1998-2003 a impliqué les armées de six pays en donnant lieu à des règlements de comptes liés à des conflits antérieurs comme le génocide rwandais de 1994.

Des combats ont éclaté cette année dans l’est du Congo, où s’activent des milices parfois liées à des pays voisins.

Washington incite toutes les parties à arrêter une stratégie commune face aux "forces négatives" comme les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), composées d’ex-acteurs du génocide rwandais, l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) ougandaise et le rebelle congolais Laurent Nkunda.

Durant son entrevue avec le nouveau Premier ministre somalien Nur Hassan Hussein, Rice l’a engagé à renforcer sa crédibilité et à inclure l’ensemble des composantes du pays en procédant à la formation de son gouvernement.
BOYCOTT DU SOUDANAIS BACHIR

"Chacun comprend la difficulté du travail qui vous attend, mais aussi (…) l’importance d’un élargissement de la base politique pour la réconciliation en Somalie", lui a-t-elle dit.

Cinq ministres somaliens ont démissionné lundi, un jour après leur nomination, pour dénoncer la sous-représentation présumée de leur clan dans le gouvernement. Celui-ci est en butte à des divisions claniques et à une insurrection islamiste.

Hussein a jugé très positif son entretien avec Rice et assuré que l’intégration serait une priorité de son cabinet.

Rice a ensuite rencontré des responsables du Sud-Soudan avec le souci de prévenir l’effondrement d’un accord de paix entre le Sud et le Nord, mais le président soudanais Omar Hassan Bachir n’a pas envoyé de délégation à Addis-Abeba.

La responsable américaine a relativisé en ces termes la décision de Bachir: "Cela ne fait rien, nous avons de nombreux contacts avec le gouvernement soudanais sur cette question."

Rice a exprimé l’intention d’encourager les dirigeants sud-soudanais à revenir aux réunions du gouvernement. Le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) s’est retiré du gouvernement en octobre en dénonçant la lenteur de la mise en oeuvre de l’accord de paix Nord-Sud de janvier 2005, qui a mis fin à la plus longue guerre civile du continent.

Rice a exprimé sa préoccupation au secrétaire général adjoint de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, quant au retard affectant le déploiement d’une force de paix UA-Onu pour le Darfour. Elle a dénoncé les obstacles mis par Khartoum à cette opération qui doit permettre de résoudre un conflit dont le bilan est estimé à 200.000 morts.

"Il va nous falloir écarter ces obstacles et aller de l’avant", a-t-elle souligné.

Le déploiement de 26.000 soldats au Darfour d’ici à la fin de l’année a pris des mois de retard. Rice a fait savoir qu’elle faisait pression sur l’Egypte et l’Arabie saoudite en raison de leur influence sur Bachir.

La responsable américaine devait dîner mercredi soir avec le Premier ministre éthiopien Meles Zinawi pour évoquer le rôle de son pays en Somalie ainsi que le différend frontalier qui s’aggrave entre Addis-Abeba et l’Erythrée.