15/12/07 (B426) FRANCE 24 – L’Entretien de France 24 – Guelleh (Toujours aussi affligeant de mensonge … ! (*)) (Info lectrice)

Par Lynn Tehini / FRANCE 24

Peu après avoir rencontré, jeudi, le président Nicolas Sarkozy à l’Elysée, le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh a déclaré, dans un entretien exclusif à FRANCE 24, qu’il avait « la conscience tranquille » par rapport à l’affaire du juge français Bernard Borrel, détaché à Djibouti, et mort dans des conditions suspectes en 1995.

Le corps du magistrat avait été retrouvé, en partie carbonisé, dans un ravin situé à 80 km de la capitale du pays, Djibouti. L’enquête française avait d’abord privilégié la thèse du suicide, avant de retenir celle de l’assassinat. Après la mise en cause du président Ismaïl Omar Guelleh par un ancien membre de la garde présidentielle djiboutienne, le dossier Borrel est devenu une affaire d’Etat entre la France et Djibouti.

Une convocation « injuste et illégitime »

Interrogé au sujet de la demande de comparution à titre de témoin par la magistrate française en charge du dossier, Guelleh a répondu qu’en tant que chef d’Etat dans l’exercice de ses fonctions, il ne pouvait répondre à une convocation.

« Je considère cette convocation injuste, illégale et illégitime », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Les Djiboutiens ne sont en aucune manière concernés par cette affaire. Ce ne sont pas eux qui ont trouvé le corps, ni effectué l’autopsie, ni mené l’enquête. »

Des doutes sur l’indépendance de la justice

Le président djiboutien a par ailleurs été très critique à l’égard de la justice française. « La justice française est indépendante, je n’en disconviens pas, mais je ne peux pas accepter que des magistrats soient partie civile, victimes et juges en même temps », a-t-il affirmé.

« Si vous pensez que la justice est indépendante lorsqu’elle agit de cette manière, moi je ne crois pas », a ajouté Ismaïl Omar Guelleh.

Le président djiboutien a qualifié de « faux témoignage » les déclarations d’un ancien membre de la garde présidentielle djiboutienne, réfugié à Bruxelles. « C’est un escroc, un homme qui a été foutu à la porte pour mauvaises manières… », a-t-il assuré.

« Il a fait ces déclarations afin obtenir un droit d’asile à Bruxelles », a-t-il ajouté. Pour lui, l’ancien garde, dont l’expulsion des membres de sa famille avait été ordonnée « pour leur propre sécurité », s’était fait « soudoyer par un avocat et un député ».

Les relations franco-djiboutiennes à l’écart de l’affaire Borrell

Sur les relations futures avec la France, le président de Djibouti est positif, déclarant que cette affaire n’affectera pas les relations entre les deux pays. « Nous avons décidé que les relations entre les deux pays restent à l’écart de cette affaire, qui est une affaire judiciaire », a-t-il assuré.

Même son de cloche du côté français. Le porte-parole de l’Elysée avait déclaré, un peu plus tôt dans la journée au sujet de la rencontre de Nicolas Sarkozy avec Ismaïl Omar Guelleh, que les deux chefs d’Etat étaient tombés d’accord sur le fait que « la France et Djibouti entretiennent des relations d’Etat à Etat qui sont des relations de confiance ». Il avait précisé que « pour le reste, la justice est indépendante » et « les Etats n’ont pas à s’immiscer dans le travail des juges ».

« Il n’y a pas de lien entre les procédures judiciaires et les relations entre les deux Etats », a ajouté le porte-parole, selon qui les deux présidents ont convenu « qu’une bonne coopération entre les juges des deux pays, dans le respect du droit international, était dans l’intérêt d’une bonne justice ».

(*) Appréciation portée par l’ARDHD et non par France 24 sur son site