17/12/07 (B426) Lettre ouverte qui nous a été adressée par un lecteur qui affirme être un officier de la FNP et qui doit bien évidemment conserver l’anonymat. Les détails qu’il fournit laisse penser qu’il occupe bien un poste à responsabilité à la FNP, mais nous ne pouvons pas le garantir. A sa demande, nous nous sommes permis d’apporter quelques retouches de style au texte.

Monsieur le Président de l’ARDHD,

Je me permet de vous adresser cette lettre afin que vous la mettiez sur votre site. Contraint de conserver l’anonymat, je peux seulement vous dire que je suis officier à la FNP de Djibouti.

Ce qui m’a le plus touché, c’est la peur d’IOG face à l’instruction judiciaire pour la mort du juge Bernard Borrel. En suivant régulièrement votre site à partir de certains locaux de l’administration Djiboutienne (les citoyens « normaux » ne peuvent plus consulter les sites de l’opposition qui sont censurés), en mon âme et conscience, je me suis senti obligé d’apporter des précisions sur plusieurs points qui ont été développés par notre Président dans l’interview qu’il a donné à la Chaîne fr.24.

Il m’est insupportable de constater à quel point la vérité a été déformée et je pense qu’il est de mon devoir de rectifier, pour l’honneur de mon pays et de la FNP que je sers avec loyauté.

1) Guelleh dit en résumé « Alhoumekani est un escroc et il a été foutu à la porte pour mauvaise conduite ».

Pour l’avoir connu lorsque j’étais encore jeune recrue, je sais que cet Officier a travaillé à la garde présidentielle jusqu’en janvier 1997. Il a été muté ensuite à l’Etat-Major des Armées. S’il avait été un escroc, je ne pense pas qu’on lui aurait donné de telles responsabilités et surtout il aurait été suspendu et jugé, comme cela a été le cas pour d’autres officiers.

Or curieusement aucune instruction n’a été diligentée contre lui tant qu’il était à Djibouti. D’autres Officiers de sa génération ont été poursuivis, comme je le disais, pour escroqueries. Ils ont été dégradés et rayés des corps. En plus certains ont fait de la prison, comme par exemple, un certain Abdoulrachid

Ce qui me choque le plus, c’est que notre Président
IOG se mettre en contradiction par rapport à la Justice qui a reproché officiellement à Alhoumekani lors d’un proces qui s’est tenu à Djibouti d’avoir déserté … Et Guelle déclare qu’il a été foutu à la porte.

Je trouve indigne de la part du Chef de l’Etat que nous devons servir avec fidélité de trahir la vérité, uniquement parce que cela l’arrangeait sur le moment.

2) Pour la déportation de la famille Alhoumekani.
Encore faux et mensonger. Je travaille dans la Police. Nous avons reçu des instructions pour arrêter tous les membres de cette famille le matin du 22 octobre, si ma mémoire est bonne et de les condurie directement au Centre de rétention de Nagat. On nous a demandé de mobiliser des moyens importants pour assurer l’ordre, car il y avait des risques de réaction de la part de la population. Dans l’après-midi, il nous a été demandé de relâcher les femmes et les enfants (sauf la mère et l’épouse de l’un des frères)

Le lendemain, nous devions conduire les hommes, la mère et une femme, sous bonne escorte à l’aéroport pour les faire monter dans un avion à destination du yémen sans documents d’identité et sans passer par les contrôles habituels.

Comme les faits étaient connus et que de nombreux compatriotes se préparaient à protester, notre Commandemment nous a demandé de décaler l’opération à l’apres midi, pendant le khat.

Quand notre Président dit qu’il a agit sagement pour les protéger de la vindicte populaire, je m’étonne de plus en plus.

Si c’était vrai ?

Pourquoi n’a-t-il pas fait partir aussi les enfants et les épouses ? En général, ent termes de protection, on commence par eux. Pour moi et j’ai bien réfléchi avant d’écrire cette lettre pour soulager ma conscience, c’est qu’il veut garder les femmes et les enfants en otage … pour une raison que je ne comprend pas.

J’ajouterai que je ne suis pas le seul officier à être choqué par cette affaire qui me touche. De nombreux Officiers et Responsables djiboutiens ont été choqués de découvrir les déclarations de notre Présient. Comment voulez-vous que nous puissions le servir maintenant avec respect ? C’est notre problème aujourd’hui !

Pour nous ce n’est plus le Chef d’Etat respectable, le guide de la Nation, mais un menteur indigne.

D’ailleurs depuis qu’il s’est procuré une bague en saphir, on l’appele ici desormais Ismail Don Corleone : un véritable chef de la mafia.

Des amis que j’ai à la Garde présidentielle m’ont assuré qu’IOG s’était conduit comme un enfant devant son père quand il a rencontré le Président Sarkozy.

3) Pendant qu’il se faisait tout petit devant Sarkozy, qui a, dit-on, écourté l’entretien de la moitié du temps prévu, nous avons arrêté un légionnaire de la 13eme DBLE soupçonné de pédophilie … La Justice instruira, comme toujours en fonction des ordres qu’elle reçoit de la Présidence, mais selon les collègues qui l’ont appréhendé et interrogé, il n’est pas sur qu’il soit coupable de ces faits.

Les investisseurs Français auraient intérêt à être prudents et à ne pas écouter les propos mielleux du Président qui souhaite les faire investir massivement à Djibouti. La vérité risque d’être différente lorsqu’ils auront envoyé leur argent. Avec ce régime et je suis bien placé pour le savoir, nul n’est à l’abri d’une dénonciation calomnieuse ou d’un témoignage de circonstance. Djiboutiens mais aussi étrangers, chacun est en liberté provisoire, dans notre pays, à l’exception des proches du Président. Ils perdront leur argent.

J’imagine que la situation sera tendue au mois de mars si le procès de Djama Souleiman et d’Hassan Saïd a bien lieu à Versailles. D’autant plus qu’IOG s’est permis de mettre en doute l’indépendance des magistrats français. Ils pourraient avoir à coeur de lui prouver ce que veut dire l’indépendance, contrairement à ce qui se passe dans notre pays.

A l’avance, M.le Président de l’ARDHD, je vous serai très reconnaissant si vous acceptez de publier cette lettre en protégeant mon anonymat. Je vous répète que je suis un officier fidèle, mais que je ne pouvais pas accepter le mensonge de notre Président, car je connais bien les faits, sans les rectifier. C’est mon devoir de conscience et d’officier.