05/01/08 (B429) NOTE D’INFORMATION DU 3 JANVIER 2008 : de NAIROBI à DJIBOUTI – Un rapport accablant sur la situation du pays.

Le Président

NOTE D’INFORMATION
DU 3 JANVIER 2008

DE NAIROBI A DJIBOUTI ?

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH), depuis sa création à ce
jour en passant par les diverses alertes lancées à chaque occasion de Paix
perdue, et tout récemment encore au mois de décembre 1999, craint et
prévient une contagion régionale.

Convaincue que pour conquérir la Paix et la maintenir quand elle existe, il
faut prévenir la guerre et l’empêcher d’advenir, nous n’avons cessé
d’avertir la communauté internationale et les belligérants (Frud-Armé et le
gouvernement) puisqu’il faut malheureusement les appeler ainsi, à un
dialogue franc et sincère. Avertissement totalement ignoré par la partie
gouvernementale.

Tout récemment à maintes reprises de novembre à fin décembre 2007, la
L.D.D.H. n’a cessé de convier tous les partis politiques d’engager un
dialogue pour une solution négociée et transparente afin d’éviter les
boycotts, ou des dérapages sanglants.

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains, à la veille d’ « élections »
législatives qui, (même si elles ont lieu dans les délais impartis), ne
règleront rien, tient pour sa part à mettre en garde les communautés
nationales et internationales sur les risques de troubles politiques et
sociaux que ces prétendues élections à huis clos pourraient occasionner.

Nous en voulons pour unique preuve le « rapport d’enquête internationale »
de la mission de l’Observatoire des droits de l’homme rendu public en
2007.

Composée de M.PIE Ntakarutimana, vice-président de la F.I.D.H. et de Melle
Isabelle Gourmelon, chargée de mission et assistée de M. Florent Geel,
chargé de programme au secrétariat international de la F.I.D.H., cette
mission s’est rendue à Djibouti du 20 au 28 août 2005.

Elle a rencontré tout ce qui compte à Djibouti. (V.annexe). Ce précieux
document est introduit par un long chapitre sur les données générales et les
repères historiques que nous ne reproduirons pas ici.

Nous nous contenterons donc de fidèlement reproduire ses conclusions et
constats.

Une économie florissante mais extrabudgétaire : la pauvreté omni présente
qui règne à Djibouti tranche avec les atouts évidents de ce pays. La
principale ressource du pays réside dans l’activité portuaire de la ville de
Djibouti. Depuis la résurgence des conflits en Somalie et entre l’Erythrée
et l’Ethiopie, le port de Djibouti est le principal point d’entrée des
importations.

La lecture du budget djiboutien ne permet pas de connaître la contribution du port, pourtant point névralgique de l’économie djiboutienne dans les finances publiques.

Le contrat qui lie depuis le 1er juin 2000 Djibouti à Dubaï
international.semble être un secret d’état.

La mise en concession : un mode de privatisation illégal !

Le budget de l’état, un document « pas tellement important ! » pour le
président de l’Assemblée Nationale : « Heureusement que nous sommes une même
famille politique mais supposons qu’il y ait une opposition au sein de notre
assemblée. «
Mr Barthélemy Antoine tranche : « mes chers collègues, je suggère qu’on
passe directement au vote. ».

La corruption à tous les échelons de la fonction publique est si quotidienne
qu’elle est devenue banale.

« La corruption est partout et l’impunité est totale », nous confie un haut
fonctionnaire du ministère de l’intérieur.

La chambre des comptes publie les irrégularités mais reste impuissante face
aux coupables :

Le constat des 15 magistrats les mieux payés du pays est brutal « les
pratiques délictueuses observées jettent un doute sur la véracité des
comptes publiés.La chambre des comptes a été confrontée à l’existence de
caisses parallèles à celle du Trésor Public National.

La plupart des
anomalies peuvent être qualifiées de délit et donc conduire à des poursuites
judiciaires. »

Avec une pauvreté extrême (1,8 dollar par adulte et par jour), en nette progression entre 1996 et 2002, « Djibouti est un volcan », résume un démocrate.

Treize milliards évaporés en quatre ans(entre 1999 et 2003, 13 milliards de recettes fiscales n’ont pas été recouvrés.)

Les plus hauts personnages de l’Etat gèrent des affaires privées dans le domaine des travaux publics ou des assurances depuis qu’une récente réforme
du code des investissements oblige, ce qui n’était pas le cas auparavant, à
tout assureur étranger de faire entrer au capital un « investisseur »
djiboutien.

Des bailleurs de fonds complaisants :

Malgré son volume important, les performances de l’aide en termes d’impact sur les couches les plus défavorisées de la population ont été décevantes.

Les indicateurs du développement qui ne cessent de se dégrader témoignent de cette triste réalité.

Résurgence en 2005 de la criminalisation de l’action des défenseurs des Droits de l’Homme.

En 2005, ‘intensification des conflits sociaux et la persistance des graves
violations des droits de l’Homme perpétrées par les autorités nationales ont
entraîné de vives réactions des défenseurs des droits de l’Homme :


intimidations, détention arbitraire, harcèlement judiciaire, licenciement abusif sont leur lot quotidien.

Attaques contre les syndicats indépendants : depuis 1995 et le licenciement
de 14 dirigeants de l’U.D.T. et l’U.G.T.D., les syndicalistes ont subi de
nombreuses pressions, menaces et violations de leurs droits fondamentaux.

La République de Djibouti est un pays pauvre pour ses citoyens, moins pour
ses dirigeants.

La manne financière issue des activités du port et de la location des bases
militaires étrangères n’apparaît pas dans le budget de l’Etat, un document «
pas tellement important » pour le débat parlementaire.

La communauté internationale, focalisée sur l’importance stratégique de Djibouti.continue de débloquer d’importants fonds économiques.

Compte tenu de ce rapport indépendant de mission internationale d’enquête et
de ses observations propres la Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme,
fidèle à ses missions de prévention et de résolution des conflits, craignant
le pire dans ce petit pays ;

– Appelle la communauté internationale à la plus grande vigilance.
– Somme le gouvernement, à trouver une solution négociée à cette impasse
pour éviter le pire.

M. NOEL ABDI Jean-Paul