10/01/08 (B429) NouvelObs / Les massacres oubliés de Somalie, d’Ogaden, du Nord-Kivu…

Afrique : Il n’y a pas que le Darfour

Plus de 350 morts et près de 100 000 personnes déplacées au Kenya, 200 000 réfugiés en danger de mort en Somalie, un million d?habitants de l’Ogaden au bord de la famine, une région entière du Congo, le Nord-Kivu, à feu et à sang : alors que la force internationale de maintien de la paix semble avoir du mal à se déployer au Darfour, d?autres crises, tout aussi tragiques mais oubliées de la communauté internationale, ensanglantent l’est de l’Afrique…

Longtemps indifférente aux 200 000 morts, aux 2,5 millions de déplacés et à l’impuissance des 7 000 soldats du contingent de paix africain perdus à l’est du Soudan, la communauté internationale semble enfin décidée à réagir, malgré les entraves obstinées du régime de Khartoum.

On se presse et on s’mpresse désormais au chevet du Darfour, où, selon l’ONU, les 13 000 humanitaires aujourd’hui présents sur le terrain parviennent à atteindre « la vaste majorité de la population affectée par le conflit ».

Et la désastreuse équipée des aventuriers de l’Arche de Zoé ne peut éclipser l’xceptionnelle mobilisation des organisations non gouvernementales : jamais auparavant elles n’avaient engagé autant de volontaires dans une opération de ce type.

La force « hybride » ONU-Union africaine qui devrait se déployer dans les prochaines semaines bute encore sur des obstacles techniques et politiques.

Bien sûr, tout n’est pas simple : l’ONU est encore à la recherche des vingt-quatre hélicoptères, dont six appareils d’attaque, qui devraient assurer sa mobilité et son soutien, et Khartoum s’oppose toujours au déploiement de contingents non africains, à l’exception des unités indienne et chinoise.

Conséquence de ces difficultés : 9 000 soldats seulement seront sur place en janvier. Mais lorsque les 26 000 hommes prévus seront déployés, la force mixte du Darfour, qui pourra compter sur l’appui des 3 500 hommes de la Force européenne (Eufor), dont 1 500 Français, sur le point d’arriver au Tchad, sera la plus importante mission internationale de paix jamais engagée.

Enfin, entre « interventionnistes », qui exigent l’ingérence d’une « force d’interposition armée » pour arrêter un « massacre généralisé », voire un « génocide », et les « pragmatiques », qui veulent s’en tenir à porter secours, le débat divise la communauté humanitaire.

Il exacerbe la réalité dramatique du Darfour et contribue à le placer sous le feu des projecteurs et en tête des agendas diplomatiques. Les Darfouriens seront les derniers à s’en plaindre. Mais, dès lors, qui prête l’oreille à ces millions d’autres voix, tout aussi meurtries et brisées, qui implorent le monde entier : « et nous »,