19/01/08 (B431) Romandie News : Affaire Borrel: la CIJ a décidé de ne pas entendre la veuve du juge (Info lectrice)

PARIS – La Cour internationale de justice (CIJ) qui examine lundi une requête déposée par Djibouti contre la France dans le dossier Borrel, a décidé de ne pas entendre la veuve du magistrat, en dépit d’une demande officielle de la France, a annoncé à l’AFP son avocat, Me Laurent de Caunes.

La « déposition envisagée » de Mme Borrel n’est pas en mesure d’aider « la cour à trancher le différend » porté devant elle, a expliqué la CIJ à l’avocat.

Le 19 juin 2007, le président Nicolas Sarkozy s’était engagé devant Mme Borrel, qu’il avait reçue à l’Elysée, à demander son audition devant la CIJ, ce que seul un Etat peut demander.

Cette demande a effectivement été adressée à la CIJ par le ministère français des Affaires étrangères le 7 janvier 2008, a confirmé à l’AFP Me de Caunes, en regrettant la décision de l’instance judiciaire suprême des Nations unies.

« L’absence de son témoignage privera la France d’un moyen d’informer la Cour sur les intentions réelles des dirigeants djiboutiens, les intimidations toujours en cours sur les témoins et les acteurs du dossier et les enjeux de la procédure en ce qui concerne l’issue du dossier d’instruction de l’assassinat de son mari », a déclaré l’avocat dans un communiqué.

Dans sa requête déposée en janvier 2006 devant la CIJ, Djibouti reproche à la France d’avoir refusé « d’exécuter une commission rogatoire internationale », et demande à la Cour de juger que la France doit remplir ses devoirs « en remettant immédiatement en mains djiboutiennes (son) dossier » d’enquête sur la mort de Bernard Borrel.

La juge française chargée du dossier, Sophie Clément, a refusé de transmettre son dossier d’instruction à Djibouti en raison notamment de la mise en cause dans le dossier de plusieurs personnalités djiboutiennes dont le procureur de la République, le chef des services secrets et le président Ismaël Omar Guelleh.

Djibouti demande également aux juges de la CIJ d’ordonner l’annulation des mandats d’arrêt internationaux émis par la France en 2006 contre le procureur de la République Djama Souleiman Ali, et le chef des services secrets, Hassan Saïd, soupçonnés d’avoir exercé des pressions et des menaces sur deux témoins djiboutiens dans l’affaire Borrel.

Bernard Borrel avait été retrouvé mort en 1995, le corps en partie carbonisé, en contrebas d’un ravin, à 80 km de Djibouti, où la France entretient sa principale base militaire en Afrique.

L’enquête française a privilégié dans un premier temps la thèse du suicide avant de retenir celle d’un assassinat après de nouvelles expertises.