22/01/08 (B431) LE MONDE / Affaire Borrel : Djibouti poursuit la France devant la Cour de La Haye pour infractions au droit international (Info lectrice)

La Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye a commencé, lundi 21 janvier, l’examen d’une plainte de Djibouti contre la France dans le cadre de l’affaire Borrel.

L’ambassadeur de Djibouti, Siad Mohamed Doualeh, a reproché devant les juges « des faits illicites imputables à la France [qui] ont grandement déçu » son pays.

A la barre, le diplomate a évoqué le refus de Paris de transmettre à Djibouti des éléments de l’enquête française sur le décès controversé de Bernard Borrel, le juge dont le corps à moitié calciné avait été découvert en 1995 dans un ravin de cette ancienne colonie française.

Evoquant tour à tour la thèse djiboutienne du suicide et la thèse française de l’assassinat, M. Doualeh a constaté qu’un « flou total entoure la mort » du magistrat.

Souhaitant « un règlement pacifique du différend » entre les deux pays, M. Doualeh a estimé que « seul un jugement ayant vocation à relater les infractions de la République française au droit international pourra rétablir les bonnes relations » entre la France et Djibouti, pays qui accueille la plus importante base militaire française à l’étranger.

TRAFICS D’ARMES ET ATTENTATS

Elisabeth Borrel, la veuve du magistrat, qui assistait aux débats, a souhaité en marge de l’audience que « la Cour ne donne pas d’injonctions supplémentaires à la justice française de donner des éléments d’enquête à une justice et des personnes qui les utilisent à des fins personnelles ».

Toutefois, Djibouti, se fondant sur deux traités de coopération et d’entraide judiciaire signés par les deux pays en 1977 et 1986, était fondé à formuler une requête, en janvier 2006 devant la CIJ, afin d’obtenir des informations sur l’enquête dont elle faisait l’objet.

En plus de l’annulation des mandats d’arrêt internationaux émis par la France en octobre 2006 contre le procureur de la République Djama Souleiman Ali et contre le chef des services secrets Hassan Saïd, Djibouti proteste aussi contre la convocation comme témoin du président Guelleh.

Ce dernier serait impliqué dans des trafics d’armes et des attentats, croit savoir Mme Borrel, au regard des éléments de l’enquête de son mari.

Les débats doivent se poursuivre jusqu’au 29 janvier.