03/02/08 (B433) AFP : Le sommet de l’UA rattrapé par deux nouvelles crises, le Tchad et le Kenya

ADDIS ABEBA (AFP) — L’Union africaine a lancé samedi un message de fermeté sur la tentative de renversement du président tchadien Idriss Deby Itno par une rébellion, rappelant son rejet de tout changement de gouvernement inconstitutionnel, au terme d’un sommet aussi dominé par la crise au Kenya.

Le 10e sommet de l’UA s’est achevé samedi à Addis Abeba avec deux nouvelles crises majeures sur le continent – la prise de N’Djamena par une rébellion et une crise politique meurtrière au Kenya – et peu de progrès sur des crises plus anciennes telles que la Somalie ou les Comores.

Les dirigeants africains ont « fermement condamné » samedi l’attaque des rebelles tchadiens contre le gouvernement d’Idriss Deby, et lancé un appel à « un dialogue constructif » entre les parties, dans un communiqué clôturant le sommet.

Selon une source militaire à N’Djamena, les rebelles tchadiens se sont emparés samedi de la capitale après plus de trois heures d’affrontements avec les troupes gouvernementales, mais le président Idriss Deby Itno se trouvait toujours dans le palais présidentiel.

L’UA a mandaté le président congolais Denis Sassou Nguesso et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour « trouver une solution négociée à la crise actuelle » au Tchad.

« L’assemblée condamne fermement l’attaque perpétrée par des groupes armés contre le gouvernement tchadien et exige qu’un terme soit mis immédiatement à ces attaques et au bain de sang qui en résulte », selon cette déclaration.

Le sommet de l’UA « rappelle son rejet de tout changement inconstitutionnel ».

L’assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA a également exprimé « sa profonde préoccupation face à la situation qui prévaut au Kenya et à ses conséquences humanitaires, ainsi que face à ses implications pour la paix et la stabilité au Kenya et dans l’ensemble de la région ».

L’organisation a réitéré son soutien à l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, mandaté par l’UA comme médiateur dans cette crise née du rejet par le chef de l’opposition Raila Odinga de la réélection du président Mwai Kibaki fin décembre.

M. Annan a obtenu vendredi la conclusion d’un accord entre le camp présidentiel et l’opposition censé mettre fin aux violences politico-ethniques dans le pays.

En un mois, plus de 1.000 personnes ont été tuées et 250.000 déplacées dans les violences post-électorales, dans lesquelles s’affrontent notamment des membres de différentes communautés ethniques.

L’UA a par ailleurs appelé ses Etats membres à « apporter tout l’appui nécessaire au gouvernement comorien dans ses efforts visant à rétablir au plus vite l’autorité de l’Union des Comores à Anjouan ».

Le colonel Mohamed Bacar, réélu président d’Anjouan le 10 juin 2007 à la suite d’une élection contestée à la fois par l’Union africaine – qui dispose d’une force sur place – et par l’Etat fédéral, refuse depuis d’organiser de nouvelles élections.

Le président comorien Ahmed Abdallah Sambi a annoncé jeudi à Addis Abeba son intention d’intervenir à Anjouan « incessamment pour restaurer l’intégrité de l’Etat comorien ».

Dans une « déclaration sur la situation en Somalie », les dirigeants africains ont lancé un « appel pressant » aux Etats membres pour qu’ils contribuent à la force de l’UA en Somalie, forte actuellement d’environ 3.200 hommes (Ougandais et Burundais), loin des 8.000 promis en janvier 2007.

Le sommet a également appelé de ses voeux la nécessité du déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Somalie pour prendre le relais de l’Amisom.

Ce sommet de l’UA aura, sur le plan interne, été marqué par l’élection à la tête de la commission, l’organe exécutif de l’UA, de Jean Ping, actuel ministre des Affaires étrangères gabonais, en remplacement du charismatique Alpha Oumar Konaré.

Le prochain sommet de l’UA se déroulera en juillet dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh en Egypte.