21/02/08 (B435) AFP Bush: pas de nouvelles bases militaires américaines en Afrique

ACCRA (AFP) — Happé par le Kosovo et Cuba durant sa tournée africaine d’une semaine, George W. Bush est malgré tout parvenu mercredi à recentrer son voyage continental en assurant au Ghana que les Etats-Unis n’avaient pas l’intention d’implanter de nouvelles bases militaires en Afrique.

« Nous n’envisageons pas d’ajouter de bases », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse avec le président ghanéen John Kufuor, alors que de nombreux pays africains sont inquiets de la volonté des Etats-Unis de transférer le Commandement militaire africain (Africom), actuellement installé en Allemagne, en Afrique.

M. Bush a usé d’un langage très imagé pour mieux convaincre ses hotes. « Je sais qu’il y a des rumeurs au Ghana selon lesquelles Bush ne vient ici que pour convaincre d’installer une grosse base américaine. C’est de la foutaise. Ou comme on dit au Texas : bullshit! », s’est-il écrié.

« Cela ne veut pas dire que nous n’allons pas développer une sorte de présence en Afrique. Nous n’avons pas encore décidé. C’est un concept nouveau », a-t-il poursuivi lors de l’avant-dernière étape de sa tournée qui l’a déjà conduit au Bénin, en Tanzanie et au Rwanda et qui s’achèvera au Liberia.

M. Kufuor a de son côté déclaré que les explications de M. Bush « tordaient le coup une bonne fois pour toutes » aux rumeurs sur de prétendues intentions miltaires cachées du gouvernement américain.

De nombreux pays, dont le Nigeria, se sont déclarés opposés à une présence militaire directe des Etats-Unis sur le continent.

Huitième producteur mondial de brut et cinquième fournisseur des Etats-Unis, le Nigeria a officiellement refusé l’idée d’installer l’Africom chez lui ou « sur le sol africain ».

Depuis près d’un an, Washington a multiplié les missions de hauts fonctionnaires en Afrique pour « vendre » cette idée et rassurer sur ses intentions.

Les détracteurs africains du projet semblent persuadés que Washington cherche en fait à sécuriser par la force son approvisionnement énergétique, sachant que d’ici à 2015 un quart de ses importations pétrolières proviendront d’Afrique, et notamment du golfe de Guinée.

M. Bush a rejeté ces critiques. « Il – l’Africom – s’agit seulement d’une structure de commandement, visant à aider à fournir une assistance aux pays d’Afrique, de sorte que ces pays soient mieux préparés à résoudre les conflits d’Afrique, par exemple en fournissant une formation au maintien de la paix », a-t-il affirmé.

« Je veux dissiper l’impression que soudainement l’Amérique voudrait débarquer toutes sortes d’éléments militaires. Ceci n’est tout simplement pas vrai. Le seul objectif de l’Africom est d’aider les responsables à traiter des problèmes africains », a-t-il souligné.

La seule base militaire permanente dont disposent actuellement les Etats-Unis en Afrique est Camp Lemonier, à Djibouti, un ancien quartier-général de la Légion étrangère française où sont actuellement stationnés quelque 1.800 militaires américains.

Les Etats-Unis ont choisi Djibouti après les attentats du 11-Septembre, pour y installer une coalition internationale contre le terrorisme, ayant a l’origine pour mission d’empêcher d’éventuels membres du réseau d’Al-Qaïda fuyant l’Afghanistan et le Pakistan de trouver refuge dans la région.

Djibouti a proposé d’accueillir le QG d’Africom, qui mène pour l’instant ses opérations de Stuttgart sous la direction du commandement américain pour l’Europe.

A Accra, où il devait être l’hôte d’un grand dîner officiel mercredi, George Bush a également tenu à dissiper l’idée d’une rivalité féroce entre la Chine, avide de matières premières et de pétrole, et les Etats-unis en Afrique.