07/03/08 (B437-B) (SURVIE) Billets d’Afrique et d’ailleurs N°167 – La France et Djibouti devant la Cour internationale de justice

Du lundi 21 janvier au mercredi 30 janvier, la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye (Pays-Bas) a entendu la France et Djibouti dans le cadre de la plainte déposée par Djibouti afin obtenir la copie du dossier d’instruction de l’affaire Borrel.

On se rappelle que c’est Jacques Chirac qui avait conseillé au gouvernement djiboutien de porter l’affaire devant la CIJ.

Le président Omar Guelleh et le procureur général de Djibouti, Djama Souleiman Ali l’ont eux-mêmes confirmé : « C’est le gouvernement français, dont certains responsables proches du président de l’époque, Jacques Chirac, qui nous ont suggéré de faire un recours devant la CIJ pour obtenir le dossier Borrel», a-t-il déclaré à l’AFP.

« Il s’agissait de trouver une sortie à l’impasse politique dans laquelle nous nous trouvions, le gouvernement français ne souhaitant pas prendre la responsabilité de nous transmettre le dossier », ajoutant que si la décision venait de la CIJ, «c’était plus facile à faire accepter».

Un aveu confirmé par les perquisitions au ministère français de la Justice. L’argumentation principale de Djibouti est fondée sur le non-respect par la France des accords de coopération judiciaire signés en 1977 et 1986 entre les deux pays.

Le représentant djiboutien a élargi la demande à la reconnaissance d’une immunité pour les deux prévenus qui seront jugés le 13 mars par la cour pénale de Versailles, le chef des services secrets, Hassan Saïd, et le procureur général, Djama Souleiman Ali. Rompant avec les orientations du gouvernement précédent, la France a demandé l’audition d’Elisabeth Borrel, qui fut refusée, et à la Cour de se déclarer incompétente et de rejeter les demandes djiboutiennes.

Curieusement, la rupture unilatérale de ces fameux accords de coopération judiciaire, qui avait été annoncée officiellement par le procureur général de Djibouti en octobre 2005, n’a pas été évoquée par la France dans sa plaidoirie.

La CIJ devrait rendre sa décision courant 2008. «Si on gagne tant mieux, mais si on perd ce sera au président Nicolas Sarkozy de gérer ça politiquement », a averti Djama Souleiman Ali.

En attendant, Djibouti contre-attaque sur le plan médiatique.

Après les manifestations antifrançaises organisées par le régime à l’automne dernier, la mise en cause de plusieurs hauts fonctionnaires français pour des motifs fluctuants et au final pour pédophilie, Chris Lafaille, déjà auteur d’un article pernicieux publié par Paris Match en juin 2007 récidive en publiant un livre « négationniste» sur l’assassinat du juge Borrel, L’inavouable vérité de l’affaire Borrel.

Un livre, qui s’inspire des propos tenus par le procureur Djama et s’appuie sur l’argumentation de la présidence djiboutienne.

Chris Lafaille aurait-il écrit sur commande ?

Il a ses entrées à La Nation, seul journal djiboutien encore autorisé qui publie, à chaque parution, de nouveaux extraits.