30/03/08 (B441) Le Monde avec AFP : Affaire Borrel: Djibouti dénonce la justice française (Info lectrice)

La présidence djiboutienne a dénoncé samedi la condamnation par la France de deux hauts dignitaires djiboutiens à des peines de prison ferme dans l’affaire de la mort du juge Bernard Borrel, affirmant que Paris avait pris « le parti de l’injustice et du mensonge ».

Le procureur de Djibouti Djama Souleiman et le chef des services secrets Hassad Saïd ont été reconnus coupables jeudi par le tribunal correctionnel de Versailles (région parisienne) de pressions sur deux témoins clefs du dossier pour annuler ou discréditer un témoignage mettant en cause l’actuel président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, comme le possible commanditaire du meurtre de M. Borrel en 1995 à Djibouti.

« Ce jugement n’est que l’aboutissement d’une instruction menée depuis novembre 2002 dans un climat de haine à l’égard des Djiboutiens par des magistrats militants autour de Mme (Elisabeth) Borrel », la veuve du juge, écrit la présidence djiboutienne dans un communiqué publié samedi.

Rappelant que « Djibouti avait déjà dénoncé avec force le fait que l’Etat Français ne garantissait pas aux ressortissants djiboutiens un procès indépendant et équitable », le même document indique que « les magistrats qui ont jugé le procureur général et le chef de la sécurité nationale de Djibouti sont tous membres du syndicat de la magistrature, partie civile dans l’affaire Borrel instruite à Paris ».

« Il est désormais évident que l’Etat français qui cache volontairement la véritable raison de la mort de Bernard Borrel a, une fois de plus, fait le choix d’un silence assourdissant sur les dysfonctionnements graves de son système judiciaire et a préféré laisser condamner les responsables djiboutiens pour échapper à sa propre responsabilité », poursuit le communiqué.

« En effet, depuis octobre 1995, selon les termes du communiqué, l’Etat Français a recouvert du sceau du secret défense la cause de la mort de Bernard Borrel qui trouve son origine dans les crimes pédophiles commis au préjudice des enfants de la rue à Djibouti par des diplomates, coopérants, militaires et hommes d’églises français ».

« La République de Djibouti tirera toutes les conséquences de cette nouvelle où l’Etat Français a pris le parti de l’injustice et du mensonge », ajoute le document.

Le corps en partie calciné du juge Borrel avait été retrouvé en 1995 en contrebas d’un ravin à 80 km de Djibouti où il travaillait, dans le cadre de la coopération, auprès du ministre de la Justice.