02/04/08 (B441-B) Paul Kagamé (Rwanda) / Guelleh (Djibouti), même combat. En tout cas, faute de mieux, ils semblent utiliser les mêmes arguments relativement « dérisoires » pour tenter de contrer des actions judiciaires pénales européennes (Espagne et France) contre leurs propres ressortissants. (AFP – Info lecteur)

Rwanda: Kagame dénonce des mandats d’arrêt espagnols contre des officiers

KIGALI (AFP) – mercredi 02 avril 2008 – 13h14 – Le président rwandais Paul Kagame a qualifié d' »arrogants » les mandats d’arrêt émis en février par la justice espagnole à l’encontre de 40 officiers de l’armée rwandaise accusés de génocide, a rapporté mercredi le quotidien pro-gouvernemental rwandais, le New Times.

« Si vous regardez ce qu’il y a dans le dossier, ils n’accusent pas seulement les individus cités, ils mettent en accusation le FPR (Front patriotique rwandais, au pouvoir). Quelle arrogance! », a déclaré mardi lors d’une conférence de presse, le chef de l’Etat rwandais, dont les propos sont rapportés mercredi par le journal.

« Comment un juge espagnol (Fernando Andreu Merelles), assis dans un village espagnol, se sent-il autorisé à mettre en accusation la direction entière d’un pays? », s’est interrogé M. Kagame.

C’est la première fois que le chef de l’Etat rwandais réagissait publiquement au dossier du juge Merelles.

« Toutes les personnes mises en accusation étaient toutes sous mon commandement; il (le juge espagnol) devrait mettre toute la responsabilité sur mes épaules et attendre la fin de mon mandat », a estimé M. Kagame, dont l’accession au pouvoir avait mis un terme au génocide.

« Certaines personnes en Occident (…) pensent que les Rwandais ou les Africains sont tous des tueurs. Pour elles, nous sommes tous les mêmes. Mais sommes-nous réellement tous les mêmes ? Non, je ne peux pas accepter cela. La guerre que nous avons déclenchée, c’était pour libérer notre pays ».

Le juge Merelles a fait valoir dans sa décision qu’il ne pouvait mettre en accusation Paul Kagame du fait de son immunité de chef d’Etat en exercice.

Le juge de l’Audience nationale a annoncé le 6 février avoir émis des mandats d’arrêt contre 40 militaires de l’actuel régime rwandais, dont onze officiers, poursuivis pour « génocide, crime contre l’humanité et terrorisme » dans les années 90.

Ils sont notamment accusés d’avoir sciemment déstabilisé le régime extrémiste hutu de Juvénal Habyarimana en place à l’époque, en commettant des actes terroristes avant de s’emparer du pouvoir. L’assassinat de M. Habyarimana en avril 1994 avait déclenché le génocide qui a fait environ 800.000 morts, selon l’ONU, essentiellement parmi la minorité tutsie.