06/04/08 (B442) BBC : interview de Jean-Paul Noël Abdi en Somalie par Amina Mousse Weheliye. (Résumé traduit en Français – En cas d’erreur d’interprétation, se reporter à la version en langue Somalie)

Diffusée par la BBC le 5 avril 2008 en langue Somalie.

Jean-Paul Noël Abdi, Président de la LDDH (JPNA) :
Dès sa création en 1999 à l’époque du conflit civil dans le Nord et le Sud Ouest du pays, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) a dénoncé toutes les exactions contre les civils et à chaque qu’elle a pu obtenir le nom des victimes, elle a immédiatement publié.

Pour avoir alerté l’opinion sur la réalité de ce conflit, les membres de la LDDH ont été intimidés à plusieurs reprises à la fin de l’année 1999.

Même récemment, j’ai été arrêté, condamné et emprisonné pour avoir témoigné de la découverte d’un charnier datant de l’époque où j’étais député.

La seule erreur est d’avoir indiqué que ce charnier était situé à proximité de la résidence du Chef de l’Etat.

Si le fait de témoigner est un crime, alors il faut le préciser.

Question d’ Amina M. WEHELIYE (AMW) : Si le Président de votre organisation est dans la ligne de mire des autorités, alors comment pouvez-vous mener vos activités de défenseur ?

JPNA :
J’ai été député pendant 20 ans, je sais comment fonctionne l’Administration, la Police, et comment ils travaillent dans le contexte de la répression.

La plupart de nos membres ne sont pas visibles, nous évoluons dans une semi clandestinité – comme un Iceberg -.

Ce qui ne nous empêche pas d’ouvrer pour la promotion des droits humains, d’ailleurs – nous avons été reconnus d’emblée sur le plan international et régional –

Une des principales missions de la LDDH est de favoriser le dialogue social et politique – tout comme ses Appels à la Paix lors du conflit -.

Nous avons, à plusieurs reprises, lancé des Appels aux Dialogues, mais le Pouvoir reste sourd et muet à nos messages.

Même avant les dernières élections – législatives – nous avons demandé au Pouvoir et à l’Opposition de dialoguer.

Le Pouvoir a ignoré nos Appels.

Il en a même profité pour proférer des insultes et des menaces.

AMW : Quels sont les réels motifs de friction entre les Autorités et vous ?

JPNA :
En fait, c’est le refus du Dialogue.

Quand un conducteur s’admire dans son rétroviseur, il ne peut pas voir la route !

C’est ce que fait notre Chef d’Etat.

Son entourage ne fait que l’applaudir et personne n’ose lui dire la vérité, pire encore, il ne nous écoute même pas.

Pourtant, notre Devoir de Défenseur est celui d’éviter à notre pays les affres d’une nouvelle guerre civile.

C’est la raison pour laquelle nous continuons à dénoncer ce qui ne va pas dans le domaine social.

Notre pays est victime d’une prédation généralisée des Fonds et des Biens Publics.

Nous avons, à maintes reprises, demandé à ce qu’on mette fin à cet état de choses, peine perdue, les choses s’aggravent de jour en jour.

Quelques exemples : personne ne sait où passe l’argent du Port, de l’Aéroport, de l’EPH (ancien Etablissement d’Hydrocarbure privatisé par Décret « en faveur de hauts fonctionnaires »).

Même l’Assemblée ignore où va l’argent du Port.

Par ailleurs, le loyer des bases militaires occidentales nous rapportent 90 millions de Dollars par an.

Et pourtant cette manne n’arrive même pas aux populations.

AMW : vous étiez pendant longtemps parlementaire, à présent vous êtes défenseur, en quoi vous concerne l’argent public ?

JPNA :
Lorsque nous voyons que l’Aide Extérieure destinée au Peuple ne lui parvient
pas, c’est la faute de la prédation !

Nous dénonçons cette situation inadmissible et intolérable !