06/04/08 (B442) La dépêche du Midi. Angoisse. Hier soir, les pirates n’avaient établi aucun contact ni avec l’armateur, ni avec les autorités françaises.

Somalie. Ces pirates qui écument les mers

DDM Extraits : Le ministre de la Défense Hervé Morin affirmait quant à lui que les autorités françaises n’avaient elles non plus eu aucun contact ni avec l’équipage du bateau, ni avec les pirates.

La ville portuaire de Bossasso est devenue le point de ralliement de nombreux pirates des mers qui multiplient les attaques et des trafiquants d’êtres humains.

Les côtes somaliennes ont la sinistre réputation d’être l’une des zones les plus dangereuses au monde à cause des pirates qui y sévissent, depuis le renversement du dictateur militaire Mohammed Siad Barre en 1991.

Les clans somaliens de la Corne ont abandonné la pêche pour des activités qui rapportent plus, le trafic des immigrants clandestins et la piraterie.

Juchés sur de petites embarcations très rapides, des groupes armés jusqu’aux dents foncent à la tombée de la nuit ou au lever du jour sur leur proie, à plus de cent km des côtes pour arraisonner les bâtiments marchands qui entrent en mer Rouge depuis l’océan Indien ou en provenance du canal de Suez.

Des bandes très bien organisées, puissamment armées, dotées de matériel sophistiqué, sévissent essentiellement sur les autoroutes maritimes du commerce planétaire sur lesquelles circulent aujourd’hui 97 % des marchandises et 60 % des produits pétroliers.

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Les pirates qui ont pris vendredi le contrôle du voilier de croisière « Le Ponant » dans le golfe d’Aden avec ses 30 membres d’équipage fuyaient toujours hier soir vers une destination inconnue qui pourrait être une île abritant leur repaire situé dans la zone côtière de Eyl, au nord-est de la Somalie, à 800 km de Mogadiscio.

Le palace flottant longeait la côte orientale somalienne, sur l’océan Indien.

Aucun contact

Les autorités françaises craignaient que la bande aille se terrer dans son antre et se serve ensuite de l’équipage comme monnaie d’échange. Un aviso de la Marine nationale, le Commandant Bouan », s’est dérouté pour suivre le Ponant et le tenir sous surveillance constante à distance.

Le ministère des Affaires étrangères a précisé que la « France coopère avec ceux de ses alliés qui disposent de moyens dans la zone et est en contact avec les autorités somaliennes.

Vendredi, Paris avait immédiatement déclenché son « plan pirate mer » qui consiste à mobiliser tous les moyens disponibles sur zone », notamment des unités d’élite telles que les Commandos marine, dont certains détachements peuvent se trouver sur des navires de la Marine nationale et le Groupe d’intervention de la gendarmerie.

Mais aucune précision n’a été fournie quant aux possibilités d’intervention envisageables pour sauver l’équipage. Hier soir, selon le Quai d’Orsay, les pirates n’avaient pas encore pris contact avec l’armateur français du Ponant et n’avaient donc formulé aucune exigence. Le ministre de la Défense Hervé Morin affirmait quant à lui que les autorités françaises n’avaient elles non plus eu « aucun contact ni avec l’équipage du bateau, ni avec les pirates.

« Notre premier souci est la sécurité de nos compatriotes et des autres membres de l’équipage » (NDLR : une dizaine d’Ukrainiens en font partie, soulignait le communiqué. Il n’y avait donc hier pas de tentative d’interception du Ponant.

Le puntland mal famé

François Fillon qui « suit la situation minute par minute » rappelle que la France dispose au besoin dans la région de « moyens militaires », l’aviso Commandant Bouan, donc, et trois avions de patrouille maritime Atlantique prêts à décoller non loin de là à Djibouti, où se trouve, on le sait une importante base militaire française (2 500 soldats). Depuis le 11 septembre 2001, six pays, dont la France et les États-Unis contrôlent militairement cette région stratégique de la Corne de l’Afrique. Ils ont notamment à leur disposition douze navires de guerre, dont trois pour la France. qui se sont portés hier vers la zone où évoluait le Ponant.

La situation « s’apparente à celle d’une prise d’otages » et une éventuelle intervention devrait « mettre en œuvre de libération d’otages », s’est borné à commenter le porte-parole de l’état-major des armées à Paris. « Ce qui se passe en général, relève Hervé Morin, c’est que les pirates vont dans les eaux territoriales somaliennes et c’est que, parfois, il y a des revendications particulières, qui sont souvent des demandes de rançon ».

Il n’est pas établi avec certitude que l’île vers laquelle les pirates – ils sont une dizaine à être restés sur le Ponant après l’abordage – mais si tel était le cas, le gouvernement somalien, assure Hervé Morin, a donné son accord à la France pour intervenir à l’intérieur de ses frontières, lui-même ne pouvant donner un coup de main ayant d’autres chats à fouetter en ce moment.

Mais les pirates pourraient se réfugier au Puntland, une région qui s’est autoproclamée État autonome il y a 17 ans après l’éclatement de la Somalie et où il règne une anarchie généralisée. La ville portuaire de Bossasso est devenue le point de ralliement de nombreux pirates des mers qui multiplient les attaques et des trafiquants d’êtres humains.

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Un palace flottant français pour 64 privilégiés

Le Ponant est un voilier de luxe battant pavillon français qui appartient à la Compagnie des Iles du Ponant, créée en 1988 par des officiers de marine marchande nantais et contrôlée depuis 2004 par la compagnie CMA-CGM, basée à Marseille.

Equipé pour des croisières haut de gamme, d’une capacité de 64 places (32 cabines extérieures à la décoration rafinée) , il faut réserver longtemps à l’avance car le palace flottant est très prisé d’une riche clientèle, des Américains notamment. Il allie le charme d’un voilier racé au confort d’un yatch moderne.

Son faible tirant d’eau lui permet en outre un accès privilégié aux criques les plus inaccessibles, dans les mouillages les plus retirés et la pratique de tous les sports nautiques depuis sa marina. Le Ponant passe généralement l’hiver sous le soleil des Caraïbes, sur les traces… des pirates, dit la publicité, et l’été en Méditerranée.

Il devait réaliser une croisière à partir du 21 avril entre Alexandrie (Egypte) et La Valette (Malte). Il regagnait la Méditerranée depuis les Seychelles. voir le diaporama

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Une véritable industrie

De plus en plus. Les côtes somaliennes ont la sinistre réputation d’être l’une des zones les plus dangereuses au monde à cause des pirates qui y sévissent, depuis le renversement du dictateur militaire Mohammed Siad Barre en 1991. Les bandits des mers intensifient les abordages, profitant du désordre politique dans le pays. La situation s’aggrave d’autant plus que la région de Bossasso, dans le Portland (lire ci-dessus) est un haut lieu de la piraterie.

Les clans somaliens de la Corne ont abandonné la pêche pour des activités qui rapportent plus, le trafic des immigrants clandestins et la piraterie. Juchés sur de petites embarcations très rapides, des groupes armés jusqu’aux dents foncent à la tombée de la nuit ou au lever du jour sur leur proie, à plus de cent km des côtes pour arraisonner les bâtiments marchands qui entrent en mer Rouge depuis l’océan Indien ou en provenance du canal de Suez. Le nombre d’attaques a tellement augmenté que les autorités maritimes internationales conseillent aux navires de croiser à 300 milles des côtes somaliennes.

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Fléau. Ils attaquent chaque année des centaines de navires sur la globe.

Les terribles bandits des océans

Ils surgissent de nulle part, en pleine nuit, sur des embarcations rapides souvent maquillées en bateaux de pêche ou de transport et attaquent par surprise les équipages sans défense. Les pirates des mers du XXIe siècle constituent un fléau difficile à enrayer dans différentes régions du monde. Selon le Bureau maritime international, plus de 4 000 actes de piraterie ont été perpétrés ces 20 dernières années contre des navires marchands, le plus souvent des cargos.

Des bandes très bien organisées, puissamment armées, dotées de matériel sophistiqué, sévissent essentiellement sur les autoroutes maritimes du commerce planétaire sur lesquelles circulent aujourd’hui 97 % des marchandises et 60 % des produits pétroliers.

Les points les plus dangereux se situent essentiellement dans les régions d’Asie du Sud et du Sud-Est (la mer de Chine méridionale en particulier), le long des côtes de l’Amérique du Sud, des Caraïbes, du golfe d’Aden de la mer Rouge, de la Somalie (voir carte ci-dessous).

Les pirates ne reculent devant aucune violence pour parvenir à leurs fins. Ils négligent dans la plupart des cas les marchandises transportées, mais dérobent tout ce qui a de la valeur : les biens personnels des équipages, l’argent du coffre (il y a souvent de fortes sommes destinées à la solde des marins et à régler les taxes portuaires). Ils peuvent aussi détenir des otages et voler le bateau pour le revendre avec sa cargaison.