12/04/08 (B443) Libération : un beau cas d’école ! Ponant: premières leçons sur l’opération.

Au lendemain de ce succès, on peut déjà tirer quelques premières leçons militaires. Les voici:

1) Il faut des bateaux à la mer, et loin de de nos côtes. Quatre « bateaux gris », le surnom des bâtiments de la Marine nationale,étaient présents dans la région, avant que le crise ne se déclenche. L’aviso Commandant Bouan, la frégate Jean Bart, le pétrolier-ravitailleur Var (qui dispose d’importants moyens de commandement) et, de manière fortuite, le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc. C’est l’avantage de disposer d’une flotte de haute mer, bien présente dans l’Océan indien. S’il avait fallu faire venir ses bateaux de Toulon, ils n’auraient pas encore rejoint Djibouti, à deux jours de mer de la zone d’action de vendredi. On peut avoir les bateaux les plus modernes du monde, s’ils ne sont pas là où l’on en a besoin et au moment où l’on a en besoin, ils ne servent à rien.

2) Il faut des avions et des hélicoptères.
L’opération de vive force contre les pirates en fuite est pour l’essentiel une opération aérienne. C’est un Atlantique 2 de patrouille maritime qui a repéré le véhicules des pirates et qui a coordonné l’action des hélicoptères. Six voilures tournantes avaient été mobilisés depuis quelques jours (trois antiques Alouette III, deux Gazelle de l’Alat pas si jeunes non plus et un Panther), un Puma étant arrivé par la suite. La moitié de ce parc aérien provenait de la Jeanne d’Arc, qui était en train d’effectuer sa croisière-école. C’est à partir d’un hélico qu’un tireur d’élite a stoppé de le 4×4, c’est d’un hélico qu’ont débarqué les commandos et c’est en hélico que les pirates ont été transférés sur le Jean Bart. Enfin, la cinquantaine de commandos-marine et les gendarmes du GIGN (dont leur deux patrons) ont rejoint les bateaux, avec leur matériel (opération Tarpon) en provenance de Djibouti. Ils ont été parachutés en mer par des Transall, selon toute vraisemblance.

3) Il faut de bonnes transmissions et des bases prépositionnées. A partir de jeudi après-midi, l’affaire a été pilotée par l’Elysée (Etat-major particulier) et l’Etat-major des armées (CPCO) directement avec l’état-major tactique installée sur le Jean Bart qui était sur les côtes du Puntland. D’où la nécessité de moyens de communications sophistiqués. On peut également s’interroger pour savoir comment l’armée française aurait géré cette crise, si elle n’avait pas un pied à terre dans la région, à Djibouti. Tout aurait été beaucoup plus compliqué, voire impossible.

4) Il faut des forces spéciales, à la fois bien entraînées et raisonnables. En l’occurence, les commandos-marine et le GIGN. Dès vendredi 4 avril, les experts du Contre-Terrorisme Maritime ont fait savoir au Premier ministre qu’une reprise du Ponant par une action commando entrainerait des pertes parmi les otages. Cette hypothèse a donc très vite été exclue, sauf si la situation avait dérapée. Le cerveau l’a emporté sur la testostérone.

Vendredi 11 avril, les commandos-marine ont fait preuve d’un grand savoir-faire lors de l’action des pirates : coup au but d’un tireur d’élite pour immobiliser un véhicule et capture des six hommes au milieu de nulle part pour les remettre à la justice.

Un beau cas d’école, sur lequel les experts de la RGPP et du Livre blanc ont intérêt à se pencher sérieusement.