28/04/08 (B445) AMNESTY International – COMMUNIQUE de PRESSE – : Somalie/Éthiopie. L’homicide délibéré de civils est un crime de guerre

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International réfute les déclarations faites par le gouvernement éthiopien à propos des informations données par l’organisation sur le raid de la mosquée Al Hidaya à Mogadiscio le 19 avril 2008.

Au cours de l’attaque, des soldats éthiopiens ont tué au moins 21 personnes, parmi lesquelles 11 civils non armés à l’intérieur de la mosquée et ont fait prisonniers une quarantaine de jeunes et d’enfants âgés de neuf à dix-huit ans. Dix autres personnes au moins ont été tuées par les forces éthiopiennes au voisinage de la mosquée.

Les informations données par l’organisation ont été recoupées plusieurs fois et s’appuient sur des sources indépendantes, telles que les membres des familles des victimes, des témoignages recueillis sur place, notamment de personnes présentes dans la mosquée au moment des homicides et des contacts locaux d’Amnesty International.

« L’homicide délibéré de civils est un crime de guerre, a déclaré Amnesty International.

Nous appelons le gouvernement éthiopien à faire en sorte qu’une enquête indépendante soit menée sur le raid de la mosquée et sur le traitement qu’auront subi les personnes détenues par ses forces.

Sept des 21 personnes tuées dans la mosquée auraient eu la gorge tranchée, une forme d’exécution extrajudiciaire pratiquée par les troupes éthiopiennes en Somalie. Amnesty International a recueilli des témoignages faisant état d’exécutions similaires, souvent lors d’opérations de sécurité après des attaques ayant visé les forces éthiopiennes en Somalie.

Selon les informations diffusées par les médias somaliens le 25 avril, les forces du gouvernement fédéral de transition (TFG) de Somalie ont emmené en détention au département des enquêtes criminelles de la police somalienne dix-huit jeunes et enfants faits prisonniers par les forces éthiopiennes à la mosquée d’Al Hidaya. Trente-deux autres enfants et adolescents ont été remis en liberté, selon un porte-parole du TFG.

Selon les normes internationales relatives aux droits de l’enfant, la détention d’un enfant doit n’être qu’une mesure de dernier ressort et être d’une durée aussi brève que possible. Amnesty International lance un appel pour que les 18 jeunes toujours détenus soient inculpés d’une infraction dûment reconnue par la loi et jugés, ou qu’ils soient libérés.

Amnesty International appelle une nouvelle fois le gouvernement éthiopien à s’engager à mener une enquête indépendante sur les homicides perpétrés pendant et après le raid sur la mosquée Al Hidaya.

Lorsque cette enquête aura eu lieu, ses conclusions devront être rendues publiques et les soldats éthiopiens impliqués au cours de l’enquête devront être jugés lors de procès répondant aux normes internationales d’équité des procès.