12/05/08 (B447) L’Orient / Le Jour avec AFP – Somalie – Les islamistes boycotteront la rencontre entre le gouvernement et l’opposition – Les habitants de Mogadiscio sceptiques sur les pourparlers de Djibouti

Les habitants de Mogadiscio se montraient sceptiques et pessimistes hier sur la portée de pourparlers prévus à Djibouti entre le gouvernement somalien et l’opposition, en raison notamment du boycott de cette rencontre par les combattants extrémistes Shebabs.

«La rencontre de Djibouti n’est rien d’autre que du divertissement. Comment croire que des discussions fructueuses pourraient avoir lieu alors que des groupes qui combattent à Mogadiscio les boycottent ? » explique Feisal Ahmed Omar, père de famille de 56 ans, résumant un avis largement partagé.

Deux délégations du gouvernement de transition et de l’opposition en exil à Asmara sont censées entamer dans les jours à venir, à Djibouti et sous l’égide des Nations unies, des pourparlers initialement prévus samedi.

Aucun ordre du jour n’a été fixé pour ces discussions destinées semble-t-il à renouer le dialogue entre les autorités somaliennes et l’opposition issue des tribunaux islamiques qui ont contrôlé brièvement en 2006 le centre et le sud du pays, dont Mogadiscio.

Depuis la mise en déroute début 2007 des tribunaux islamiques par l’armée éthiopienne, venue à la demande du gouvernement de transition, une insurrection mène une lutte de type guérilla contre les troupes éthiopiennes et les forces de sécurité somaliennes.

La rencontre de Djibouti « est risible. Qui accepte de négocier alors que le pays est sous occupation ? Rien ne peut sortir de discussions organisées dans de telles circonstances et nous le disons haut et fort, nous les boycottons », a déclaré à l’AFP le porte-parole du mouvement islamiste extrémiste des Shebabs, Cheikh Mukhtar Robow.

« Les représentants des Nations unies parlent de négociations entre le gouvernement et les islamistes qui ne reconnaissent pas ce gouvernement. Ils devraient d’abord s’assurer d’avoir les bons interlocuteurs et les réunir au bon moment, sinon on peut dire que cette réunion est juste un spectacle donné avant l’heure », estime pour sa part un habitant du nord de Mogadiscio, Mohamed Hassan Saney.

« Je ne crois pas vraiment que les parties somaliennes au conflit soient réellement engagées dans les pourparlers de paix à Djibouti », renchérit, désabusée, Sadia Mohamed Elmi, qui milite au sein d’une association pour les droits des femmes. « Les Shebabs ont boycotté ces discussions et à présent, des responsables des tribunaux islamiques la qualifient de conspiration. Dès lors, qui participe à cette réunion et quelle paix peut bien en sortir ? La réponse est rien du tout », assure-t-elle.

Cette conférence, que l’envoyé spécial des Nations unies pour la Somalie Ahmedou Ould Abdallah a voulue resserrée, avec deux délégations limitées à sept membres, devait initialement s’ouvrir samedi. Mais la cérémonie d’ouverture a été reportée « d’un ou deux jours », en raison, officiellement, de l’arrivée tardive de certains délégués à Djibouti.

Une précédente conférence pour la paix en Somalie, qui s’était achevée fin août 2007 à Mogadiscio, n’avait débouché sur aucun résultat tangible, en raison de l’absence des leaders islamistes qui avaient boycotté la rencontre.

Mustafa HAJI ABDINUR (AFP)