02/06/08 (B450) AFP : Somalie: le Conseil de sécurité de l’ONU au chevet du dialogue national

DJIBOUTI (AFP) — Le Conseil de sécurité de l’ONU a encouragé au dialogue lundi à Djibouti le gouvernement somalien et l’opposition afin de trouver une issue à la guerre civile qui ravage le pays depuis 1991, au premier jour d’une tournée portant sur la plupart des crises majeures du continent.

Les ambassadeurs du Conseil de sécurité des Nations unies sont arrivés lundi matin à Djibouti et doivent rencontrer au cours de cette visite de deux jours les délégations du gouvernement fédéral de transition somalien (TFG) et les représentants de l’opposition en exil à Asmara.

« L’attaque hier (dimanche) contre le président (somalien) Yusuf est une indication que nous devons agir rapidement. Il faut aller de l’avant », a déclaré l’ambassadeur d’Afrique du Sud Dumisani Kumalo, qui dirige l’étape somalienne de la mission avec son homologue du Royaume-Uni, John Sawers.

Dimanche, l’avion du président Abdullahi Yusuf Ahmed a échappé à un tir de mortier sur le tarmac de l’aéroport de Mogadiscio, alors qu’il s’apprêtait à décoller pour Djibouti. Ni M. Yusuf ni son avion n’ont été touchés.

Les ambassadeurs doivent également rencontrer des représentants de l’Amisom, la mission de paix de l’Union africaine déployée à Mogadiscio depuis plus d’un an, et le Commissaire à la paix et sécurité de l’UA, Lamrane Lamamra.

« Notre visite constitue une opportunité pour les Somaliens, une chance de s’engager (dans un dialogue direct) avec le Conseil (de sécurité) et de dire (à la mission) comment ils voient la sortie de crise, la réconciliation. Il s’agit aussi de leur montrer que la communauté internationale s’occupe d’eux », a-t-il ajouté au cours d’un point de presse dans l’avion emmenant la mission de Nairobi à Djibouti.

« Nous sommes ici pour écouter », a estimé M. Sawers, soulignant que la mission allait rencontrer « la délégation du gouvernement et de l’Alliance pour une nouvelle libération de la Somalie (ARS, coalition d’opposition dominée par les islamistes) pour faire le point sur le processus de réconciliation ».

« Il est nécessaire que le TFG élargisse sa base politique. L’ARS doit être impliquée », a-t-il souligné.

Une conférence de réconciliation se tient depuis le 12 mai sous l’égide de l’ONU entre le gouvernement de transition et son opposition en exil à Asmara. Le premier round de négociations s’est achevé le 16 mai sans résultat notable et sans que les deux parties somaliennes ne se soient rencontrées directement.

Le Premier ministre somalien Nur Hassan Hussein a multiplié depuis sa nomination en novembre 2007 les appels à l’opposition et aux insurgés à rejoindre le processus de réconciliation nationale.

Les insurgés, qui mènent des attaques quasi-quotidiennes contre les troupes éthiopiennes venues défaire fin 2006 début 2007 les tribunaux islamiques qui contrôlaient depuis six mois la majeure partie du centre et du sud du pays, ont posé comme condition le départ de l’armée éthiopienne avant d’entamer tout dialogue avec le gouvernement.

Interrogé sur la présence éthiopienne en Somalie, l’ambassadeur adjoint des Etats-Unis au Conseil de sécurité, Alejandro Wolff, a renouvelé le soutien de son pays à l’un de ses principaux alliés dans la région.

« Nous ne voulons pas voir les Ethiopiens partir s’il n’y a pas d’alternative. Ce sont eux qui aujourd’hui sécurisent une partie du pays, même si leur présence est perçue comme sujet à controverse », a déclaré M. Wolff.

La Somalie est ravagée par une guerre civile quasi ininterrompue depuis 1991. Une dizaine de tentatives de ramener la paix dans le pays ont échoué.