12/06/08 (B451) L’EXPRESS avec REUTERS : Les combats se poursuivent entre l’Erythrée et Djibouti

Les affrontements à la frontière de l’Erythrée et de Djibouti ont fait depuis trois jours neuf morts et 60 blessés dans les rangs de l’armée djiboutienne, selon un responsable du ministère de la Défense à Djibouti.

« Le combat se poursuit. Le bilan, jusqu’ici, s’élève dans nos rangs à neuf morts et 60 blessés », a dit ce responsable qui a requis l’anonymat.

Les médias officiels djiboutiens ont rapporté qu’une centaine de soldats érythréens avaient été faits prisonniers.

Sans démentir ou confirmer les affrontements, les autorités d’Asmara ont accusé mercredi soir Djibouti de mener « des tentatives futiles et réitérées destinées à entraîner le gouvernement érythréen dans le climat d’animosité qu’il a créé ».

Le ministère érythréen des Affaires étrangères a affirmé qu’il ne se laisserait pas entraîner dans cette spirale.

La situation est tendue depuis deux mois entre Djibouti et Asmara en raison d’un différend frontalier.

Ces combats sont les premiers entre les deux pays de la Corne de l’Afrique depuis 1996.

Mardi soir, le ministère djiboutien de la Défense avait indiqué que les combats avaient éclaté dans le secteur du mont Gabla, dans le nord de Djibouti.

Cette zone, également connue sous le nom de Ras Doumeira, est située sur le détroit de Bab el Mandeb, entre la mer Rouge et la mer d’Oman, un point de passage stratégique pour la navigation entre l’Europe et le Moyen-Orient.

DEPLOIEMENT DE FORCES A LA FRONTIERE

Selon Djibouti, les combats ont commencé quand les Erythréens ont ouvert le feu sur des déserteurs de leur armée qui tentaient de fuir et les soldats djiboutiens ont riposté.

Les deux pays traversent depuis la mi-avril une crise diplomatique, Djibouti accusant l’Erythrée de construire des retranchements en territoire djiboutien.

Le président érythréen Isaïas Afwerki, dans une récente interview à Reuters, a qualifié les accusations djiboutiennes de « pure invention ».

L’Union africaine a dépêché ce week-end à Djibouti une mission d’évaluation dont les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques.

« Une nouvelle fois, l’Erythrée cherche querelle et se trouve en situation de conflit avec les principaux éléments occidentaux présents dans la région », a estimé Patrick Smith, rédacteur en chef de la lettre d’information « Africa Confidential ».

« L’Erythrée veut notamment prévenir Djibouti que s’il choisit de s’allier à l’Ethiopie, il s’exposer à un conflit avec Asmara », a-t-il ajouté.

L’armée djiboutienne a annoncé que près des trois quarts de ses 11.000 hommes étaient déployés à la frontière de l’Erythrée. Ce dernier pays, l’un des plus militarisés d’Afrique, a une armée de plus de 200.000 hommes.

Djibouti abrite deux bases militaires étrangères, l’une française, l’autre américaine, cette dernière composée principalement d’unités antiterroristes.

C’est aussi le seul débouché vers la mer de l’Ethiopie, le grand rival de l’Erythrée. Les deux pays se sont affrontés entre 1998 et 2000 dans une guerre qui a fait 70.000 morts.

Depuis, les Éthiopiens ont envoyé des troupes en Somalie soutenir le gouvernement de transition face aux rebelles islamiques.

avec Jack Kimball à Asmara,
version française
Guy Kerivel et Gregory Schwartz