24/06/08 (B453) AFP / Somalie: quatre étrangers enlevés par des pirates à bord d’un voilier

MOGADISCIO (AFP) — Des pirates ont enlevé quatre touristes étrangers à bord d’un voilier près des côtes de Somalie, soulignant l’indifférence des bandits des mers aux menaces de l’ONU qui a autorisé en juin des navires de guerre à entrer dans les eaux somaliennes pour les combattre.

Les quatre touristes, dont la nationalité et l’identité n’avaient pas été communiquées mardi en début d’après-midi, ont été enlevés lundi alors que leur voilier se trouvait devant la localité de Lasqorey (nord de la Somalie), ont annoncé mardi les autorités locales.

"Ce sont quatre touristes, deux hommes, une femme et un enfant. Ils ont été capturés par des pirates après s’être approchés de la côte", a déclaré à l’AFP Bile Mohamoud Qabowsade, conseiller à la présidence de la région autoproclamée autonome du Puntland (nord).

Les touristes prenaient des photos depuis leur voilier quand les pirates sont montés à bord, selon la même source. Les pirates ont ensuite débarqué leurs otages pour les emmener dans les montagnes voisines, a-t-il ajouté.

"Nous les suivons en déployant nos forces dans la zone de l’enlèvement", a assuré M. Qabowsade.

Les autorités maritimes internationales demandent régulièrement à tous les navires d’éviter de s’approcher des côtes somaliennes, du fait des risques d’attaques de pirates.

Les eaux proches des côtes de la Somalie, ravagée par une guerre civile depuis dix-sept ans, sont en effet considérées comme les plus périlleuses du monde pour la navigation.

En 2007, plus de 25 navires ont été détournés dans ces eaux par des pirates à la recherche de rançons. En mai, trois cargos ont encore été attaqués par des pirates somaliens.

Le mois précédent, des pirates avaient détenu pendant sept jours les membres de l’équipage du Ponant – 22 Français, six Philippins, une Ukrainienne, un Camerounais – après avoir arraisonné le voilier de luxe français dans le Golfe d’Aden.

Ils avaient obtenu une rançon de deux millions de dollars, dont une partie a été récupérée lors d’une opération menée le 11 avril par les forces spéciales françaises, qui ont également capturé six présumés pirates, emmenés en France pour y être jugés.

Fin avril, un thonier espagnol, "Playa de Bakio", avait lui aussi été attaqué et son équipage séquestré pendant six jours avant d’être libéré à la suite du paiement d’une rançon de 1,2 million de dollars.

Face à ces prises d’otages répétées, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé le 2 juin l’entrée de navires de guerre dans les eaux territoriales de la Somalie, avec l’accord de son gouvernement, pour combattre le banditisme maritime.

Le texte autorise, pour une période de six mois renouvelable, "les Etats qui coopèrent avec le gouvernement de transition somalien" à "pénétrer dans les eaux territoriales de la Somalie dans le but de réprimer la piraterie et le vol à main armée en mer".

Les pirates somaliens, équipés de vedettes rapides armées de mitrailleuses lourdes ou de lance-roquettes, sont généralement issus de l’ancienne marine somalienne et parfois des pêcheurs reconvertis dans la délinquance.

Dans un pays ruiné par la guerre, la piraterie est en effet une activité lucrative: outre les rançons, les pirates revendent également tout ou partie des cargaisons des navires de commerce arraisonnés.

Les cargos chargés d’aide à la population somalienne du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) ont été ainsi régulièrement la cible des pirates, amenant les pays occidentaux à escorter militairement ces bateaux depuis fin 2007.