30/06/08 (B454) AFP : Union africaine: embarras croissant face à la crise au Zimbabwe (Info lectrice)

CHARM EL-CHEIKH (AFP) — Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a longuement débattu dimanche soir à Charm el-Cheikh de la crise au Zimbabwe, en s’abstenant de toute déclaration sur une situation qui plonge l’organisation dans l’embarras.

Réuni pendant plus de trois heures au sommet dans la station balnéaire égyptienne, le CPS, organe chargé de la prévention et de la gestion des conflits, a décidé de renvoyer le dossier à la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’ouvre lundi à Charm el-Cheikh.

« Il y a eu un échange de vues sur la question du Zimbabwe », a déclaré à des journalistes El Ghassim Wane, porte-parole de la Commission de l’UA: « il s’agissait simplement pour le Conseil de se tenir au courant des derniers développements dans ce pays étant entendu qu’une discussion aura certainement lieu au niveau des chefs d’Etat et que, s’il y a une décision à prendre, elle sera prise au niveau de la conférence de l’Union ».

La réunion du CPS, au niveau des chefs d’Etat, avait commencé avec retard à 19H00 (16H00 GMT), peu après la proclamation officielle des résultats et l’investiture du président zimbabwéen Robert Mugabe, et alors que l’UA est pressée de toutes parts de ne pas reconnaître cette réélection.

Le dirigeant de l’opposition au Zimbabwe Morgan Tsvangirai, arrivé largement en tête au premier tour le 29 mars, s’est retiré de la course devant l’ampleur des violences contre ses partisans.

« Il faut aller vers des débats qui permettent de dégager des solutions, d’aider le Zimbabwe à se retrouver, à pouvoir faire entrer les forces politiques du pays dans un dialogue apaisé », avait commenté avant le début de la réunion le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, membre du CPS, en relevant que la crise zimbabwéenne pouvait « affecter toute la région australe du continent ».

De son côté, le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, lui aussi membre du CPS, a estimé qu’aucune des parties zimbabwéennes ne pouvait « à elle seule être capable de résoudre les problèmes du Zimbabwe. Nous avons besoin de trouver des solutions négociées ».

Jusqu’à présent, les 53 Etats membres de l’UA n’ont pas trouvé de consensus sur le Zimbabwe depuis l’ouverture, vendredi, du conseil des ministres des Affaires étrangères africains.

Un participant au Conseil des ministres qui s’est terminé dimanche soir, a indiqué à l’AFP que « sur le Zimbabwe, la réunion avait décidé de lancer un appel aux parties à (…) trouver une solution inclusive ».

Les observateurs du parlement panafricain à la présidentielle ont jugé le second tour « ni libre ni équitable » et appelé à l’organisation d’un nouveau scrutin.

Les observateurs de la SADC ont eux aussi estimé que le second tour n’avait pas respecté « la volonté du peuple ».

Le CPS a également examiné d’autres situations de conflits en Afrique: la Somalie, le Soudan et la tension frontalière entre l’Erythrée et Djibouti.

Sur ce dernier point, le CPS a condamné à l’unanimité l’attitude d’Asmara, selon un diplomate ayant suivi les débats.

Dans une note verbale transmise au CPS et dont l’AFP a obtenu une copie, le ministère érythréen des Affaires étrangères a lui reproché au conseil son « mur de silence depuis des années » sur le conflit frontalier érythréo-éthiopien et exprimé de « sérieuses réserves » sur ses posistions dans le litige avec Djibouti.

Lors d’un accrochage entre troupes des deux pays le 10 juin, neuf soldats djiboutiens avaient été tués. La tension entre l’Erythrée et Djibouti est très forte depuis une incursion, le 16 avril, de troupes érythréennes vers Ras Doumeira (nord de Djibouti), promontoire stratégique surplombant l’entrée de la mer Rouge.