10/07/08 (B455) Communiqué du GED pour dénoncer l’agression commise par l’Erythrée et pour réclamer que soient publiées les preuves authentiques qui ont été avancées pour justifier la dissolution du MRD.

La crise politique à Djibouti qui s’est aggravée suite au conflit opposant Djibouti à l’Erythrée et aux succès de l’envahisseur de notre territoire national a plongé le gouvernement d’Ismaïl Omar Guelleh dans une sorte de décadence et de chaos.

Nos institutions politiques, déjà instables et au cœur de luttes partisanes et de formes de corruption plus ou moins aggravées, ont cédé à la panique et n’ont été que davantage fragilisées par ce conflit tout en forçant les militaires des Armées Nationales Djiboutiennes à s’engager dans une lutte armée, dans le Nord du pays, totalement déséquilibrée donc sans possibilité d’issue favorable pour nos couleurs.

Contraints et forcés par l’ampleur des bombardements et des moyens disproportionnés qui leurs étaient opposés et ce malgré leur bravoure qui n’est plus à démontrer, nos militaires durent céder du terrain à Ras Doumeïra face à des Erythréens aguerris par plus de 30 années de conflits armés ; mieux équipés militairement parlant mais aussi bien supérieurs en nombre.

Depuis 1977, les forces militaires de l’Erythrée se sont forgées une expérience guerrière dont nos armées viennent hélas d’en faire les frais. Dès le début de ce conflit et au fur et à mesure que nous parvenaient directement du front les véritables informations sur la situation, nos pensées allaient vers nos frères d’armes et vers leurs familles.

La responsabilité de cet échec, ayant eu pour conséquences nos morts, nos blessés et nos disparus en grand nombre, en incombe au Chef d’Etat Major Général des Armées, le général Fathi Ahmed Houssein Al Beliki, qui loin d’avoir été à la hauteur de ses responsabilités a agi avec imprévoyance, irréflexion, incompétence et grande légèreté avec la vie de nos militaires.

La grandeur d’un chef se mesure à celui qui prend tout en charge et assume ses responsabilités avec honneur et dignité. Dans l’échec, il se doit d’avoir le courage de dire : « J’ai été battu » et non point « Mes soldats ont été battus » et encore moins de falsifier les vérités.

Son but est autant de montrer son énergie et sa bravoure qu’en inspirer à ses subordonnés (es).

Dés le déclenchement des hostilités, la position du Mouvement Djiboutien de Libération Nationale, que je dirige, et celle du Gouvernement en Exil de Djibouti, auquel j’appartiens fut très claire.

Bien que nous estimions qu’Ismaïl Omar Guelleh ait une part de responsabilité importante dans l’émergence de ce conflit et dans la logique de guerre qu’il a entretenue ;

nous condamnons fermement l’attitude de l’Erythrée qui a violé nos frontières du Nord à Ras Doumeïra.

A ceci s’ajoute le fait que quelles que pourraient en être les motivations, celles d’ambitions politiques ou autres, nous considérons que nul (le) Djiboutien ou Djiboutienne n’est en droit de souhaiter, de cautionner, voire d’encourager une violation de l’intégrité de notre territoire national par une quelconque armée étrangère.

Dans ce cas, assimilable à une haute trahison en temps de guerre, chaque goutte de sang versée par nos militaires entacherait à jamais le nom de ceux et celles qui auraient pactisé avec l’envahisseur et l’auraient encouragé dans l’acte de violation de nos frontières.

En conséquence de quoi, nous invitons tous les responsables de l’opposition politique au régime d’Ismaïl Omar Guelleh, sans exception d’aucune sorte et pour quelque motif que ce soit, à se joindre à nous en condamnant avec grande fermeté l’acte d’agression militaire dont se sont rendues coupables les forces de l’Erythrée.

Condamnation aussi, comme nous l’avons fait, pour ce qui concerne l’attitude de nos institutions politiques actuelles, déjà instables et au cœur de luttes partisanes et de formes de corruption plus ou moins aggravées, n’ont pas mis tout en œuvre pour éviter l’émergence de ce conflit et ses conséquences désastreuses pour les familles djiboutiennes et qui sont même allés jusqu’à entretenir une logique de guerre pourtant largement rejetée par nos populations.

Suite à la dissolution du Mouvement pour le Renouveau Démocratique, par le Chef de L’Etat, M Ismaïl Omar Guelleh, prononcée le 09 juillet 2008 pour la raison que le président dudit parti aurait « invité » le dirigeant érythréen à « envahir » Djibouti ; nous demandons que toute la lumière soit faite sur cette nébuleuse affaire et que « copie certifiée conforme et véritable » de la lettre supposée être écrite par M Daher Ahmed Farah, soit publiée dans son intégralité par l’Agence Djiboutienne d’Information.

Faute de quoi, nous serions fondés à croire en une nouvelle manipulation politique à l’encontre du Mouvement pour le Renouveau Démocratique.

Nous tenons à remercier chaleureusement nos frères d’armes, militaires de tout grade des Forces Françaises de Djibouti qui, une fois encore, n’ont pas failli à leurs délicates tâches consistant, d’une part, à assurer la mission de logistique sanitaire en transportant par hélicoptères nos blessés dans les meilleurs délais vers les hôpitaux où, d’autre part, ils furent soignés par le corps médical djiboutien et celui des militaires français mobilisés ensemble vers un même objectif qui fut de sauver et de soigner des vies humaines ; celles de nos militaires.

Pour conclure, nous demandons au président de la République française, M Nicolas Sarkozy, et à son Ministre des Affaires Etrangères, M Bernard Kouchner, de tout mettre en œuvre sur le plan diplomatique pour qu’une fin soit mise rapidement à ce conflit ; pour que la République de Djibouti retrouve et consolide l’intégrité de son territoire national avec l’aide et le soutien de la République française.

Fait à Bruxelles le jeudi 10 juillet 2008

Le général de division – à titre temporaire
M Ali Abdillahi Iftin
commandant le Mouvement Djiboutien
de Libération Nationale