17/07/08 (B456) AfrikLive avec AFP / Somalie: le président refuse de rencontrer les islamistes à Khartoum

Le président somalien Abdullai Yusuf Ahmed a exclu pour le moment de rencontrer à nouveau les représentants des tribunaux islamiques dans le cadre des pourparlers au Soudan, affirmant vendredi que les islamistes avaient "violé le précédent accord".

"Les tribunaux ont violé le précédent accord signé à Khartoum. Les principaux points étaient un accord de reconnaissance mutuelle et la cessation des hostilités", a déclaré M. Yusuf devant le Parlement dans la ville de Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), siège des institutions somaliennes de transition, mises en place en 2004 mais impuissantes à rétablir l’ordre.

"Par conséquent, je ne vois pas l’intérêt de rencontrer à nouveau les tribunaux islamiques à Khartoum, s’ils ne respectent pas leurs engagements. Ce n’est pas le bon moment pour les rencontrer. Nous trouverons de meilleures solutions, je ne vois pas l’intérêt de rencontrer des guerriers", a-t-il lancé.

Jeudi, le gouvernement avait fait savoir que les négociations avec les islamistes prévues samedi à Khartoum sous médiation arabe étaient reportées.

Selon le président, les islamistes ont remplacé les "modérés" qui dirigeaient leur mouvement par des "extrémistes" et veulent attaquer Baïdoa ainsi que le port de Kismayo (sud).

Organisés en alliance lors de la signature de l’accord à Khartoum avec le gouvernement de transition, les islamistes se sont depuis structurés politiquement au sein d’un Conseil suprême islamique de Somalie (SICS).

Le gouvernement de transition réclame le déploiement d’une force internationale de paix en Somalie, ce que les islamistes refusent catégoriquement.

Le Conseil de sécurité de l’Onu s’est déclaré prêt jeudi à modifier l’embargo sur les armes en Somalie pour ouvrir la voie à un possible déploiement de forces de maintien de la paix dans ce pays, comme le réclame l’Union africaine (UA).

M. Yusuf s’est félicité vendredi de cette décision en la qualifiant de "pas dans la bonne" direction. "Ceux qui rejettent le déploiement" d’une force de paix ont "d’autres motivations", a-t-il ajouté, en référence aux islamistes.

Le gouvernement de transition et les tribunaux islamiques ont signé le 22 juin à Khartoum un accord de reconnaissance mutuelle et de fin des hostilités, à la suite d’une médiation arabe. Les deux parties avaient alors convenu de se retrouver le 15 juillet pour des pourparlers.

Les milices des tribunaux islamiques ont pris le contrôle en juin de Mogadiscio et d’une partie de la Somalie, pays en guerre civile depuis 1991.

Depuis, les islamistes renforcent leur emprise sur Mogadiscio, après avoir défait lundi les forces du dernier chef de guerre présent dans la capitale au terme de 48 heures de combats ayant fait une centaine de morts.