17/07/08 (B456) AfrikLive.com avec AFP / Somalie: le gouvernement de transition propose une alliance aux islamistes

Le gouvernement de transition somalien a proposé dimanche aux tribunaux islamiques qui contrôlent une partie du pays d’unir leurs forces armées, au second jour des négociations de paix sous l’égide de la Ligue arabe à Khartoum.

Le président du Parlement somalien Sharif Hassan Sheikh Aden (G) et le vice Premier ministre Abdullahi Sheikh Ismail, le 2 septembre 2006 à Khartoum "Le gouvernement propose la création d’une force armée somalienne qui pourrait consister en une armée et une police constituées des forces du gouvernement de transition et de l’union des tribunaux islamiques", selon la proposition gouvernementale.

Le gouvernement a également demandé la fin des incursions politiques dans son pays.

Le Conseil suprême islamique de Somalie (SICS) accuse le gouvernement d’avoir fait entrer sur le territoire des troupes éthiopiennes à Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio) venues, selon lui, le soutenir.

De son côté, le gouvernement somalien dément la présence des troupes éthiopiennes sur le territoire national mais accuse l’Erythrée d’avoir envoyé soldats et armes en Somalie pour soutenir les islamistes.

La Somalie doit "coexister de façon pacifique avec ses voisins et ses voisins ne doivent faire aucune intervention, même militaire. Ils ne doivent pas interférer dans les affaires somaliennes, sous peine de retourner à l’instabilité politique", selon la proposition gouvernementale.

Les islamistes n’ont pas répondu immédiatement à cette proposition mais avaient affirmé par le passé que la présence de troupes éthiopiennes sur le territoire somalien pouvait nuire au processus de paix.

Les deux parties restent également divisées sur la proposition de déploiement de forces de paix régionales pour renforcer l’autorité du gouvernement central.

Les islamistes refusent toute présence étrangère qu’ils menacent de combattre.

Les tribunaux islamistes ne sont pas représentés dans le gouvernement fédéral intérimaire, créé en 2004 au Kenya mais fragilisé par les rivalités entre ses ministres, dont nombre l’ont abandonné, et incapable d’étendre son autorité au-delà de Baïdoa.

Les islamistes se sont peu à peu installés dans les zones affectées par les rivalités entre clans. Ils ont pris le contrôle de la capitale et d’une bonne partie du sud du pays où ils ont installé un ordre islamique extrêmement rigide.

De nombreux diplomates ont suggéré que les divergences pourraient être résolues si les islamistes se voyaient offrir des postes ministériels, ce qui n’avait toujours pas été abordé aux négociations de samedi.

La veille, lors de l’ouverture des pourparlers, les islamistes ont demandé un partage du pouvoir arguant que la prise de Mogadiscio notamment leur en donnait le droit. Soulignant, comme signe de bonne volonté, qu’ils reconnaissaient le gouvernement de transition.

L’envoyé spécial de l’ONU en Somalie, François Lonseny Fall a pressé les deux parties de parvenir à un accord. "La Somalie est en proie aux violences depuis trop longtemps et vous détenez maintenant une chance historique de l’éloigner de la confrontation et des conflits".

La Somalie est privée de gouvernement central depuis un coup d’Etat contre le président Mohamed Siad Barre en 1991. En 15 ans, des dizaines de factions se sont affrontées pour contrôler le pays.

Toutes les tentatives internationales d’aider à la restauration d’un gouvernement fort ont jusqu’à présent échoué et certains craignent que ce territoire peuplé de 10 millions d’habitants ne se transforme en un havre pour le terrorisme.