18/07/08 (B456) AFRIKLIVE / Somalie: nouveaux combats meurtriers, la population redoute une guerre

Au moins cinq personnes ont été tuées dimanche lors de nouveaux affrontements entre combattants islamistes et troupes loyales au gouvernement somalien dans une zone stratégique du sud de la Somalie, que fuient des centaines de villageois, selon des témoins.

Des miliciens islamistes dans les rues de Mogadiscio en Somalie, le 11 septembre 2006 Alors que les deux parties rivales semblaient se préparer à de nouveaux combats près de Baïdoa (sud), qui est le siège des fragiles institutions politiques somaliennes, les affrontements ont secoué dimanche la ville voisine de Buale pendant environ deux heures, selon des témoins.

La ville est tombée sous le contrôle des tribunaux islamiques, selon un commandant islamiste, Sheikh Yakubu Ali.

Les combats ont éclaté au lendemain de la prise de la ville de Burahakaba, située au sud-est de Baïdoa par des troupes somaliennes appuyées par des soldats éthiopiens, selon la même source.

Les autorités éthiopiennes ont une nouvelle fois démenti samedi avoir déployé des troupes en Somalie voisine, comme elles l’avaient déjà fait au cours des dernières semaines.

La ville de Buale est située au nord du port stratégique de Kismayo dont les islamistes ont pris le contrôle en septembre.

Des témoins et des commandants islamistes à Buale, située à environ 88 km de Kismayo, ont indiqué que des islamistes armés avaient emmené avec eux des membres de l’Alliance de la vallée de la Juba (JVA) en quittant la ville après les combats et qu’ils se dirigeaient vers le nord.

"Nous nous sommes emparés de leurs véhicules militaires après de violents combats avec le JVA à Buale," a déclaré Ibrahim Hassan Shukri, un commandant au sein du Conseil islamique suprême de Somalie.

"Un de nos moudjahidin a été tué lors des combats", a-t-il dit.

"Nous avons pris possession de huit wagons militaires", a déclaré le commandant islamiste Sheikh Yakubu Ali, dans une allusion à des pick-up équipés d’armes lourdes, également appelés "technicals."

"La zone est sous le contrôle des tribunaux islamiques", a-t-il ajouté.

Un commandant de la JVA, Deeq Abbi, a déclaré pour sa part que ses combattants s’étaient retirés après les combats à Buale aux cours desquels quatre de ses hommes ont été tués.

"Nous avons été attaqués par des milices des tribunaux islamiques", a-t-il déclaré à l’AFP, joint par téléphone satellitaire. "Ils se sont emparés de deux véhicules et ont tué quatre de nos soldats. Nous nous sommes retirés de Buale", a-t-il déclaré.

La JVA est dirigée par le ministre somalien de la Défense dans le gouvernement transitoire somalien, qui est confronté à la vive opposition des Islamistes, qui ont pris en juin dernier le contrôle de Mogadiscio jusqu’alors tenu par les seigneurs de guerre et qui contrôlent désormais une grande partie du sud et du centre du pays.

Des habitants ont indiqué que des centaines de villageois étaient en train de fuire Buale par craintes de nouvelles violences.

"La tension est trop grande et tout le monde redoute une guerre", a déclaré un Ancien, Osman Ibrahim Aden. "Les gens ont commencé à fuir leurs villages pour y échapper", a-t-il dit.

Ces nouveaux affrontements surviennent une dizaine de jours avant la reprise prévue à Khartoum, le 30 octobre, des négociations de paix entre le gouvernement somalien et les islamistes.

Face à la montée des islamistes, qui contrôlent la majeure partie du sud et du centre du pays, les institutions politiques somaliennes, en place depuis 2004, ne parviennent pas à rétablir l’ordre.

Jeudi, le président somalien Adbullahi Yusuf Ahmed a accusé les islamistes somaliens d’opérer "sous le pavillon noir des talibans" et de l’organisation terroriste islamiste Al-Qaïda, et de recruter des "combattants étrangers" notamment arabes et européens.

Mais les islamistes ont démenti tout lien avec Al-Qaïda et se sont targués au contraire d’avoir restauré l’ordre et la sécurité dans les régions qu’ils contrôlent.