23/07/08 (B457) Le Portail des Sous-Marins / Les Etats-Unis cherchent à être plus durs contre les pirates.

Les forces militaires américaines et internationales mènent des actions plus agressives au large des côtes d’Afrique alors que des pirates plus violents mettent en péril les cargaisons transportées, en particulier de pétrole.

La région est une route de commerce importante pour les cargaisons transportées vers et depuis les Etats-Unis et ailleurs. En réponse aux attaques de pirates, les Etats-Unis ont renforcé leur patrouille pour les dissuader et parfois intervenir pour secourir les otages et les navires. Ils ont aussi renforcé le partage de renseignements dans la région, a déclaré à Bahreïn le Lt. Nate Christensen, un porte-parole de la 5è flotte qui patrouille au Moyen-Orient et dans les eaux africaines.

Les Etats-Unis sont “très inquiets de l’augmentation du nombre d’actes de piraterie et de vols avec violence” au large de la Somalie, a-t-il indiqué. Le gouvernement intérimaire de Somalie a reconnu qu’il ne pouvait pas patrouiller dans ses eaux territoriales, et le Nigéria fait face à un groupe rebelle.

Une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies, proposée par les Etats-Unis et approuvée le 2 juin, permet aux Etats-Unis et à ses alliés de la coalition d’intervenir par “tous les moyens nécessaires” pendant les 6 prochains mois pour arrêter la piraterie au large de la Somalie. Des navires de la coalition ont depuis empêché au moins 2 attaques de pirate, a indiqué le Bureau Maritime International de Londres.

Les côtes africaines ont remplacées les voies maritimes d’Asie comme étant les plus dangereuses au monde. Les détournements et les prises d’otage augmentent au large de la Somalie à l’est et au Nigéria à l’ouest. Les détroits d’Asie, en particulier en Indonésie, ont été les points les plus chauds pendant la majeure partie de la dernière décennie.

Le cout des attaques à main armée contre des cargos, des pétroliers et des navires de croisière est estimé à plus d’1 milliard de $ par an, précise Peter Chalk, un analyste de la Rand Corp.

“La piraterie affecte fortement le commerce des Etats-Unis. Il est de l’intérêt économique des Etats-Unis que les voies maritimes soient aussi stables que possible,” a-t-il expliqué.

La piraterie au Nigéria conduit à une chute des cargaisons de pétrole parce que les compagnies de transport ne veulent pas risquer navires, cargaisons et équipages, indique-t-il en ajoutant, “cela a des implications pour les approvisionnements stratégiques en énergie des Etats-Unis.”

Les eaux africains représentent 56% de toutes les attaques de pirates, passant de 27 pour la première moitié de 2005 à 64 depuis janvier. Pendant ce temps, ailleurs les attaques de pirates diminuent, selon le Piracy Reporting Center, un groupe basé en Malaisie qui surveille les attaques pour le Bureau.

Les attaques sont plus violentes qu’en Asie, indique Cyrus Mody, le responsable du bureau. Les pirates en Somalie, dans le golfe d’Aden, au Nigéria et en Tanzanie ont pris 172 otages depuis le début de l’année.

Des pirates somaliens armés d’armes automatiques et de lance-roquettes détournent régulièrement des navires et retiennent les équipages pour une rançon.

Le Lourdes Tide, un supply ship travaillant pour une compagnie américaine, a été attaqué le 13 mai au Nigéria par des pirates armés qui ont exigé une rançon.

Les pirates ont libéré le navire et les 11 membres d’équipage le 16 juin.

Le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies a demandé des escortes militaires pour ses navires transportant 32.000 tonnes de nourriture chaque mois vers la Somalie, où la guerre civile et la sécheresse ont fait empiré la crise alimentaire. Une frégate néerlandaise a terminé en juin sa mission d’escorte, indique Peter Smerdon, le porte-parole du groupe pour l’Afrique.

Les navires allongent de plusieurs centaines de nautiques leur trajet et dépensent jusqu’à un jour de carburant de plus pour éviter les pirates somaliens, déclare Michael Livanos, président de Scio Shipping, une compagnie de navigation de New York.

“Les couts sont gigantesques,” se plaint-il.

Les attaques de pirates le long des côtes d’Afrique interviennent au moment où les attaques diminuent sur une voie importante du commerce en Asie.

Les militaires américains expliquent qu’ils ont donné du matériel, coordonné des exercices communs et poussé l’Indonésie à coopérer avec ses 2 voisins, Singapour et la Malaisie. Ils voulaient que les 3 pays prennent le contrôle du détroit de Malacca, une voie de communication importante pour les cargaisons de pétrole, les cargos et les navires de croisière.

“C’est un point de passage aussi important qu’il en existe ailleurs dans le monde,” indique l’amiral Timothy Keating, commandant des forces américaines dans le Pacifique.

Leurs efforts semblent porter fruit. Les navires naviguant près de l’Indonésie ont signalé 13 attaques au 1er semestre, contre 64 pour la même période en 2003 — une chute de 80%, selon le rapport semestriel du Bureau Maritime. Les navires ont signalé 2 attaques dans le détroit de Malacca cette année.

Les Etats-Unis ont renforcé la marine et les gardes-côtes d’Indonésie avec 15 patrouilleurs rapides et 7 postes radar. Ils se sont entraînés avec les marines des 3 pays et les ont persuadé de partager les renseignements sur les navires passant par les eaux territoriales et internationales. La Malaisie coordonne une patrouille aérienne commune avec les pays voisins pour surveiller le détroit.

“Si envoyer des cargaisons par le détroit de Malacca n’était pas sûr, l’US Navy irait là-bas et le rendrait sûr,” déclare le vice-amiral Doug Crowder, qui commande la 7è flotte basée au Japon. Crowder ajoute que la coopération rend désormais cela inutile.

Cette même formule ne fonctionnera pas probablement pas en Afrique.

“Si vous voulez demander au dirigeant de la Somalie de venir pour une visite, qui appelez-vous ?” demande Keating.