05/08/08 (B459-B) ARD : COMMUNIQUE DE PRESSE pour dénoncer les répressions ciblées

L’ARD dénonce les répressions ciblées.

La Force Nationale de Police (FNP) a procédé jeudi dernier 31 juillet 2008, bulldozer à l’appui, à la destruction et a incendié des demeures de fortune des dockers à proximité du PK 12 ;

Les unités anti-émeutes, venues encadrer l’opération, avaient abondamment fait usage de grenades lacrymogènes et des balles à caoutchouc contre ces habitants surpris dans leur sommeil au petit matin et qui s’attendaient à être recasés sur un terrain vague, sur les hauteurs de Doraleh comme l’avaient promis la veille et les jours précédents les autorités.

Beaucoup de personnes auraient, d’une façon ou d’une autre souffert de cette violence qui n’a épargné personne : des vieillards, des malades, des femmes enceintes et même des nourrissons figuraient au rang des victimes.

Plus d’une centaine de ces citoyens, nous rappelons qu’il s’agit bien des citoyens, (presque tous des dockers du Port de Djibouti et leur familles) auraient été transférés au Centre de transit de Nagad, après que les taudis qui leur servaient de toit et leurs rations ainsi que leurs ustensiles eut été brûlés.

Nous rappelons, que dans des circonstances identiques, la force de police avait procédé par une méthode similaire, avant d’ouvrir les feux sur les habitants des bidonvilles d’Arhiba II, en octobre 2005 faisant au moins 5 morts et des dizaines de blessés par balles.

Les victimes des répressions de 31 août sont des habitants d’Arhiba II justement, qui avait été décasés également par la force et placés dans cette zone, il y a un an (juin 2007) et que les pouvoirs publics contraignent de nouveau à s’installer encore plus loin.

Les bidonvilles parsèment la capitale et ses pourtours en nombre toujours croissant, mais sans pour autant provoquer la colère du pouvoir, à part ceux-là victimes de prédilection de ces genres de répressions presque chaque année et durant l’été le plus souvent.

Cette répression dans les taudis du PK 12 a été suivie par une confrontation autrement plus violente avec les jeunes de la cité d’Arhiba qui entendaient protester pacifiquement contre ce décasement ciblé et la sauvagerie des policiers qui agissaient sur ordre du Ministère de l’Intérieur.

Cela s’est passée le même jour dans l’après midi du 31 Août et plusieurs blessés, par balles en caoutchouc et brûlures par les grenades lacrymogènes, ont été dénombrés ainsi que des arrestations musclées d’une cinquantaine d’individu dont une trentaine seraient transférées à la prison civile de Gabode inculpés par le Parquet djiboutien auquel ils avaient été présentés à l’issue de 48 heures de garde à vue.

Hier encore 4 Août les quelques familles, des habitants de la proximité du PK 12 décimés le 31 août dernier et qui se trouvaient aux alentours de leurs bidonvilles rasées, sous un soleil de plomb sans abri avec quelques effets qu’ils avaient sauvés de la destruction de l’incendie de l’autre jour, auraient été sauvagement réprimés et leurs biens brûlés une fois de plus.

Une quarantaine d’entre eux furent également transférés au Centre de détention de Nagad et on déplore la disparition d’un vieillard que ses proches n’auraient retrouvé ni dans les centres hospitaliers ni dans les centres de détentions connus.

La brutalité policière n’est pas seulement en cause dans ces violences à l’initiative de la police qui se poursuivent ici et là depuis jeudi : le caractère ciblé de ces opérations est un scandale et un danger qui guette la paix et l’unité dans ce pays.

L’ARD s’élève vigoureusement contre cette répression visant exclusivement les Afars à Djibouti ville et ses environs comme à l’intérieur du pays et qui apparaît de plus en plus comme une politique délibérée d’ostracisme ethnique à l’endroit de cette composante de la nation.

L’ARD attire l’attention des pouvoirs publics (du gouvernement et de l’assemblée nationale), des citoyens, comme de la communauté internationale sur le danger d’une telle politique sur la paix et le développement de ce pays qui est sorti , il y a peu d’une décennie de guerre civile.

L’ARD exige, la libération immédiate et sans condition de toutes les victimes innocentes qui sont détenues à Gabode et à Nagad et attire l’attention de l’opinion internationale sur la détresse humaine des victimes de cette répression et condamnées à souffrir sous le soleil, de la soif et de la faim.

ADAN MOHAMED ABDOU
Vice-président et Président par intérim de l’ARD