03/09/08 (B463) AFP / Un voilier, avec deux Français à bord, saisi par des pirates en Somalie

Un voilier avec deux Français à bord a été intercepté par des pirates au large des côtes somaliennes, réputées les plus dangereuses au monde, quelques mois après la prise d’otages dans la même zone d’un voilier de luxe français et de son équipage.

La Somalie, pays pauvre de la Corne de l’Afrique ravagé par la guerre civile et sans gouvernement central depuis 1991, est devenu le point chaud de la piraterie planétaire ces derniers mois.

« Nous avons reçu des informations crédibles rapportant qu’un bateau français avait été intercepté (par des pirates) dans la zone du golfe d’Aden et qu’il se dirigeait vers le village côtier d’Eyl », a déclaré à l’AFP Hassan Alore, ministre des Ressources naturelles du Puntland, une région semi-autonome du nord-est de la Somalie.

Le ministère français des Affaires étrangères a confirmé mercredi cet acte de piraterie, précisant que deux Français se trouvaient à bord du voilier.

Le Quai d’Orsay, dans un communiqué, « confirme qu’un voilier à bord duquel se trouvent deux Français a fait l’objet d’un acte de piraterie maritime dans le golfe d’Aden ».

Une source proche du dossier à Paris a précisé de son côté qu’il s’agissait d’un voilier de plaisance de 16 mètres, le « Carré d’as », immatriculé au Venezuela, appartenant à un Français installé dans ce pays.

L’attaque a eu lieu mardi à 18H00 locales (15H00 GMT), selon cette source, qui précise qu’au moins un Français fait partie de l’équipage, dont le nombre exact n’a pu être déterminé pour l’instant.

« La France condamne fermement cet acte de piraterie et appelle à la libération immédiate des personnes retenues sur ce voilier. Notre première préoccupation est la sécurité de nos compatriotes », ajoute le communiqué.

Selon le ministre du Puntland, le bateau se situe actuellement dans la zone de Calula (200 km à l’est de Bosasso, capitale économique du Puntland).

« Selon nos informations, il y a plusieurs individus à bord et c’est un petit yacht », avait ajouté le ministre, joint par l’AFP par téléphone depuis la capitale somalienne Mogadiscio.

Eyl, situé à environ 400 km au sud-est de Bosasso, est fréquemment utilisé comme repaire par les pirates pour y garder des bateaux pris en otage.

« Les pirates retiennent déjà dans le village de Eyl sept autres bateaux saisis au large de la côte somalienne », a poursuivi le ministre.

Pas moins de huit attaques de pirates ont eu lieu au large des côtes somaliennes depuis la fin juillet. Selon le Bureau maritime international (BMI), 24 attaques de piraterie ont eu lieu au large de ces côtes au cours du premier semestre 2008.

Début avril, des pirates avaient arraisonné dans le golfe d’Aden puis détenu pendant sept jours les membres de l’équipage d’un voilier de luxe français, Le Ponant. L’équipage comptait 22 Français, six Philippins, une Ukrainienne et un Camerounais.

Les pirates avaient obtenu une rançon de deux millions de dollars, dont une partie a été récupérée lors d’une opération menée le 11 avril par les forces spéciales françaises. Six pirates capturés lors de l’opération ont été inculpés à Paris le 18 avril notamment pour « arrestation et séquestration de plusieurs personnes comme otages en vue d’obtenir une rançon », et placés en détention provisoire.

La France est le seul pays à avoir mené une telle opération en Somalie depuis l’augmentation flagrante des actes de piraterie au cours des derniers mois.

Fin juillet, l’Espagne et la France ont lancé un appel visant à trouver des alliés pour mettre sur pied une « force navale multinationale » afin de lutter contre la piraterie au large de la Somalie.

Cette initiative correspond à la mise en oeuvre de la résolution 1816 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 2 juin, qui permet l’entrée de navires de guerre dans les eaux territoriales somaliennes pour traquer des pirates.