14/09/08 (B465) Libération / Attaques de pirates: arrêt de la pêche française au large de la Somalie (Info lectrice)

Les navires ont décidé de mettre le cap sur les Seychelles après l’attaque de pirates dont a été victime un thonier de Concarneau samedi matin, alors qu’il se trouvait à 420 milles des côtes somaliennes.

Les navires français qui pêchaient au large de la Somalie ont décidé de cesser leur activité et de rentrer à Mahé, leur port d’attache dans les Seychelles, après l’attaque de pirates contre l’un d’entre eux, a-t-on appris ce dimanche auprès de l’armement CMB basé à Concarneau.

Pierre-Alain Carré, directeur d’exploitation de l’armement CMB, a confirmé l’attaque dont a été victime samedi matin l’un de ses thoniers, le Drennec, alors qu’il se trouvait à 420 milles des côtes somaliennes.

Une vingtaine de navires de pêche français, dont 16 gérés par la CMB, sont actifs dans cette zone de pêche, où se concentrent les bancs de thons en cette saison.

Cet acte de piraterie est le deuxième en deux jours, un thonier espagnol, le Plaja Anzora, ayant été victime d’une attaque similaire le soir du 11 septembre.

« Tous les bateaux, français et espagnols, rentrent à Mahé. Il s’agit d’une décision commune des capitaines de navire pour protester contre le manque de moyens pour assurer la sécurité, a déclaré Pierre-Alain Carré.

On est des pêcheurs, pas des guerriers. On comprend leur décision, on est tous des anciens marins. Pêcher la peur au ventre, ce n’est pas ce qu’on leur demande. »

Des pirates ont tenté samedi, sans succès, d’aborder un thonier de Concarneau en pêche entre l’archipel des Seychelles et la côte somalienne, a révélé France-Info dimanche.

A bord d’une vedette rapide, ils ont tenté de monter sur le thonier le Drennec. Ne pouvant y arriver en raison de l’état de la mer, ils ont tiré deux roquettes sur le bateau sans faire de victimes ni provoquer de dégâts importants.

Selon Pierre-Alain Carré, « le gouvernement français interdit la pêche à moins de 200 milles des côtes somaliennes, et celle-ci est déconseillée à moins de 300 milles », mais l’attaque de samedi montre que le danger va bien au-delà de la stricte zone côtière.

Le responsable des thoniers tropicaux à la CFDT Bretagne, Armand Quentel, a relayé l’inquiétude des marins sur place. « Ils me disent, +nous on est prêts à assumer les risques inhérents au métier de la pêche, mais pas les autres+. C’est un état de guerre d’une nouvelle forme qui se met en place. »

« Au mois d’avril, on a transmis notre inquiétude au préfet maritime, une prise de conscience existe, mais on ne voit rien » et la sécurité « ne sera pas facile à mettre en oeuvre car la zone de pêche est très grande, a déclaré Armand Quentel. Le problème, c’est qu’il faut aller là où se trouve le poisson, et il se trouve au large de la Somalie. »

La Somalie, pays pauvre de la Corne de l’Afrique ravagé par la guerre civile et sans gouvernement central depuis 1991, est devenu le point chaud de la piraterie planétaire ces derniers mois.

Après Le Ponant en avril, un autre voilier français a été intercepté le 2 septembre par des pirates qui retiennent les deux personnes qui se trouvaient à bord