16/09/08 (B465) La Presse canadienne / Piraterie au large de la Somalie: deux Français libérés sains et saufs (Info lecteur)

Deux Français retenus en otage par des pirates somaliens depuis le 2 septembre ont été libérés, sains et saufs, lors d’une opération menée l’armée française dans la nuit de lundi à mardi, au cours de laquelle un pirate a été tué et six autres faits prisonniers. « C’est un avertissement que nous lançons aux pirates », a commenté mardi matin Nicolas Sarkozy.

Un commando d’une trentaine d’hommes a donné l’assaut au voilier de 17m en pleine nuit « à quelque distance des côtes somaliennes », a précisé le chef de l’Etat, qui a détaillé l’opération devant la presse. « Dix minutes après l’assaut du ‘Carré d’As’, les otages étaient sains et saufs, libres. Dix minutes plus tard, le ‘Carré d’As’ appareillait vers Djibouti (…) Cette opération est donc un succès ».

« A 3h30 du matin, c’était un grand soulagement pour nous », a témoigné M. Sarkozy, qui a donné l’ordre de cette opération lundi soir à 21h. L’assaut, dont le principe avait été décidé depuis trois jours, avait été différée les deux nuits précédentes en raison d’un vent de force 5 sur la zone.

Jean-Yves et Bernadette Delanne, les deux Français originaires de Polynésie pris en otage le 2 septembre, sont « en très bonne forme » et seront à Djibouti dans six jours, a ajouté Nicolas Sarkozy. Ils se trouvent actuellement à bord de la frégate « Courbet » de la Marine nationale.

« L’option militaire s’est imposée » dès lors que la surveillance du voilier piraté a permis d’établir que les pirates se rendaient à Eyl, une zone de Somalie qui sert de base à de nombreux pirates et où sont regroupés la quasi-totalité des navires piratés dans le Golfe d’Aden. Une quinzaine de bateaux détournés et environ 150 otages s’y trouveraient, a estimé le chef de l’Etat.

Les pirates ont été défaits grâce à une manoeuvre de diversion qui a permis aux commandos de monter sur le navire, a-t-on précisé de source proche du dossier. Un pirate a été tué et six autres faits prisonniers. « Les pirates le savent, ils encourent des risques lourds », a tonné Nicolas Sarkozy.

Les six prisonniers seront convoyés vers la France, où ils rejoindront six autres pirates, arrêtés en Somalie en avril après s’être emparés du « Ponant », un autre navire français. Le président a aussi fait savoir qu’il mettait des conditions au retour éventuel des prisonniers en Somalie.

« Nous ne demandons pas à garder les pirates dans nos prisons, mais nous préférerons les garder si nous ne sommes pas certains qu’ils seront jugés punis et effectueront leur peine. » Le corps du septième sera, lui, remis aux autorités somaliennes.

« Une rançon nous avait été demandée », a précisé le président de la République, mais « la France n’acceptera pas que le crime paie ». En avril dernier, l’armée française était intervenue après le versement de deux millions de dollars, selon l’armateur CMA-CGM et seuls 10% avaient été retrouvés. Cette fois encore, les pirates ont exigé « deux millions de dollars » dès le début de la prise d’otage, a précisé un proche du dossier.

Nicolas Sarkozy a félicité « tous ceux qui ont permis cet heureux dénouement », remerciant en particulier l’Allemagne et la Malaisie pour une aide dont il s’est refusé à dévoiler la nature. Il n’a pas précisé quelles avaient été les relations entre la France et la Somalie dans cette affaire.

Le « Carré d’As », immatriculé au Venezuela, appartient à un Français vivant au Venezuela. Un couple de Polynésiens, Jean-Yves et Bernadette Delanne, le convoyait depuis l’Australie vers la France quand il a été interceptés par les pirates dans le golfe d’Aden