17/09/08 (B465) LE FIGARO / «On m’a demandé si je pouvais payer la rançon»

Après la libération du couple Delanne, retenu pendant quatorze jours par des pirates somaliens, le propriétaire du bateau sur lequel ils naviguaient, le Carré d’As IV, confie son amertume à l’égard du Quai d’Orsay.

Jean-Marie Martin, 71 ans, est le propriétaire du Carré d’As IV. Lancé dans un tour du monde à bord de son autre bateau, le Carré d’As V, cet ancien ingénieur et chef d’entreprise fait actuellement escale à Puerto La Cruz (Venezuela). Il regrette de ne pas avoir été informé du sort des convoyeurs pendant quatorze jours.

Le Figaro. Comment avez-vous été averti de la libération des otages ?
Jean-Marie MARTIN. J’ai reçu un courrier électronique du centre de crise du Quai d’Orsay, m’indiquant qu’il était désormais inutile de prendre un billet d’avion pour la France car Jean-Yves et Bernadette Delanne avaient été libérés «dans la nuit». «Ils sont sains et saufs et naviguent actuellement à bord de la frégate Courbet. Votre bateau est remorqué en direction de Djibouti», disait également le message.

De quelle façon avez-vous vécu ces deux semaines de tension ?
Après avoir su par un organisme de recherche et de secours australien que la balise de détresse du Carré d’As IV avait été déclenchée, et que le constructeur du bateau Amel, à La Rochelle, avait été prévenu, j’ai attendu que le Quai d’Orsay me fasse signe. Le fait que l’on me demande, dans un premier temps, de me rapprocher de mon assureur pour savoir s’il couvrait les actes de piraterie, mais aussi de ma banque pour savoir si j’avais les moyens de payer une rançon de 1,4 million de dollars, m’a rendu très amer. Je cherchais à avoir des nouvelles du couple de convoyeurs que j’avais embauché, mais le ministère des Affaires étrangères refusait de me fournir la moindre information. Pourtant, j’étais très inquiet.

Connaissez-vous bien le couple Delanne ?
Je ne les ai jamais vus. L’un de mes anciens équipiers m’avait recommandé de faire appel à eux lorsque j’ai voulu faire convoyer le Carré d’As IV jusqu’en France par des professionnels. On m’avait décrit Jean-Yves Delanne comme un commandant hors pair, extrêmement sérieux, mais aussi très sollicité. Dès qu’il a pu se libérer, je lui ai donné mon feu vert. Sa femme et lui sont partis de Bundaberg (Australie) en juillet ; ils étaient attendus le 25 octobre en Tunisie, où je devais leur verser la seconde moitié de leur solde. Je suis désormais soulagé et impatient de faire enfin leur connaissance.