19/09/08 (B466) AFP / Somalie: les appels se multiplient pour une réponse militaire aux pirates

Les appels à une opération navale internationale contre les pirates somaliens de l’océan Indien se sont faits de plus en plus pressants cette semaine face à des attaques quasi-quotidiennes qui entravent le commerce maritime et paralysent désormais la pêche industrielle.

« Nous pressons l’ONU et la communauté internationale d’arrêter la menace (des pirates) qui met en péril le commerce et la vie des marins », a ainsi déclaré jeudi à l’AFP le directeur le Centre antipiraterie du Bureau maritime international (BMI), Noel Choong, basé à Kuala Lumpur.

Son appel faisait suite à des attaques contre des thoniers français et espagnol qui ont suscité une vive réaction en particulier du chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne.

Pour les pirates, la Somalie – pays qui a plongé dans le chaos depuis le début d’une guerre civile en 1991 – est idéalement placée. Ses côtes bordent à la fois le golfe d’Aden, l’une des routes majeures du commerce maritime mondial, et l’océan Indien, où des flottes de pêche industrielle traquent thons et autres poissons.

Cargos, bateaux de pêche, yachts de plaisance, autant de proies faciles pour les bandits des mers qui, selon une technique éprouvée, montent à l’abordage des navires et prennent en otages bateaux et équipages pour obtenir des rançons.

La piraterie est certes endémique depuis des années au large des côtes somaliennes. Mais elle a changé d’échelle. Comme le souligne Andrew Mwangura, responsable de la branche kényane d’un programme d’assistance aux marins, la piraterie somalienne n’a plus grand chose à voir avec celle des années 1980, lorsqu’elle était le fait de simples pêcheurs.

Ces derniers dévalisaient les équipages de bateaux étrangers accusés de pêcher illégalement dans les eaux somaliennes.

Désormais, « ils disposent d’au moins deux bateaux mères au large, d’où ils lancent des embarcations rapides pour attaquer », commente M. Mwangura, selon qui le nombre de pirates a explosé ces dernières années: d’une centaine en 2005, ils seraient actuellement 1.100.

Et le nombre d’attaques augmente en proportion. Selon le BMI, 55 bateaux ont été attaqués dans le golfe d’Aden et l’océan Indien depuis janvier 2008 par des pirates somaliens qui détiennent actuellement onze navires et leurs équipages.

Mardi, la France a proposé de lancer en décembre une opération militaire aéro-navale contre la piraterie, qualifiée par M. Sarkozy de « véritable industrie du crime ».

La veille, l’armée française avait mené sa deuxième opération commando de l’année en Somalie pour délivrer des otages français aux mains de pirates.

Ces actions ne paraissent pas impressionner les bandits des mers qui agissent très au loin au large.

Le thonier français Drennec, immatriculé à Concarneau (ouest de la France), a échappé à un assaut le week-end dernier après avoir essuyé trois tirs de roquettes. L’attaque a entraîné le retrait général vers le port de Victoria (Seychelles) des quelque 60 bateaux de pêche industrielle européens en campagne dans la zone.

Malgré les pertes provoquées par l’arrêt de la pêche, les armateurs veulent une protection militaire pour leurs bateaux et marins.

Une force navale internationale patrouille déjà la route maritime du golfe d’Aden dans le cadre de la coalition anti-terroriste occidentale mise sur pied après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Mais la protection contre les pirates s’avère extrêmement complexe à mettre sur pied. Leur zone d’action est vaste et leurs petits canots rapides sont difficiles à repérer pour les navires de guerre.

Jusqu’à présent, une seule parade efficace a été trouvée: escorter militairement chaque cargo d’aide alimentaire internationale qui se rend à Mogadiscio. Une solution impossible à généraliser.