09/10/08 (B468-B) AFP / Somalie: le Kenya dépêche sa Marine vers le cargo d’armes piraté

Le Kenya a annoncé mercredi l’envoi d’un navire de guerre dans la zone du cargo ukrainien chargé d’armes et retenu par des pirates en face des côtes somaliennes, au lendemain d’une nouvelle résolution de l’ONU invitant les Etats à lutter plus activement contre la piraterie.

Le Kenya a par ailleurs réaffirmé que la cargaison d’armement du Faina était bien destinée à la modernisation de ses forces armées et démenti une information de la BBC désignant mardi le Sud-Soudan comme étant le véritable destinataire de ces armes.

« Notre marine va se joindre aux autres forces militaires déjà présentes en mer », a déclaré à la presse le ministre kényan des Affaires étrangères Moses Wetangula à l’issue d’un entretien à Nairobi avec son homologue somalien Ali Jama Jangeli.

Des pirates somaliens se sont emparés le 25 septembre du Faina, un cargo ukrainien transportant notamment 33 chars d’assaut ainsi que des lance-roquettes et des batteries anti-aériennes.

Le cargo est actuellement ancré à quelques encablures de la ville portuaire d’Hobyo (500 km au nord de Mogadiscio) et encerclé par plusieurs navires de guerre, notamment américains, dont l’étroite surveillance vise à empêcher les pirates de débarquer la cargaison.

« Nous nous sommes consultés avec les autres forces militaires et nous nous sommes accordés pour invoquer la résolution 1816 du Conseil de sécurité des Nations unies qui autorise le recours à la force », a ajouté M. Wetangula.

La résolution 1816, adoptée le 2 juin, permet l’entrée de navires de guerre pour traquer des pirates dans les eaux somaliennes, habilitant les Etats impliqués à « recourir à tous les moyens nécessaires » pour mener à bien cette action, tout en respectant « les dispositions du droit international concernant les actions en haute mer ».

Dans une nouvelle résolution adoptée mardi, la 1838, le Conseil de sécurité a appelé les Etats à agir en employant les « moyens nécessaires » contre la piraterie au large de la Somalie, « en particulier en déployant des navires et des avions militaires ».

« Nous n’allons pas entamer des discussions avec ces criminels internationaux car cela favoriserait la culture de l’impunité et c’est pourquoi nous sommes opposés au versement d’une rançon », a ajouté le ministre.

Mardi, un porte-parole des pirates, interrogé par l’AFP, avait affirmé qu’un accord en vue de relâcher le bateau pourrait être atteint d’ici mercredi. Les pirates réclament 20 millions de dollars pour relâcher le cargo.

L’identité du destinataire de cet armement fait l’objet d’une polémique depuis 10 jours, plusieurs sources ayant contredit la version officielle ukrainienne et kényane selon laquelle le Kenya est le destinataire final de ces armes.

Dans un document présenté mardi par la BBC comme le manifeste de cargaison du navire, en date du 1er septembre 2008, deux références des contrats d’armement incluent les initiales « GOSS », acronyme anglophone régulièrement utilisé pour désigner le gouvernement sud-soudanais (« Government of South Sudan »).

M. Wetangula a affirmé mercredi que cet acronyme avait été mal interprété et correspondait à un code habituellement utilisé par le ministère kényan de la Défense et désignant le Service général des équipements (General Ordnance Supply and Security, GOSS).

« Le Kenya n’est pas impliqué dans le courtage d’armement. Quand nous achetons, nous achetons pour notre propre armée et c’est notre position », a martelé M. Wetangula.

La société d’Etat ukrainienne chargée de ventes d’armes Ukrspetsexport a confirmé cette version mercredi dans un communiqué assurant que « l’acronyme cité (…) est celui d’un département du ministère kényan de la Défense ».

En dépit d’appels pressants des médias et de la société civile, le gouvernement kényan n’a pas encore produit le document (« end user certificate ») prouvant qu’il est bien le destinataire final de cette cargaison.