23/10/08 (B470-B) Le Monde : Une flottille de l’Otan bientôt au large de la Somalie contre la piraterie

L es bateaux de guerre de l’Otan entameront dans les jours à venir leur double mission de lutte contre la piraterie au large de la Somalie et d’escorte des navires transportant l’aide alimentaire internationale, a annoncé mercredi le porte-parole de l’alliance.

« L’opération va commencer dans quelques jours », a déclaré James Appathurai, précisant que « le plan opérationnel et les règles d’engagement devraient être fixés et entérinés d’ici un jour ou deux » par les 26 pays de l’Otan.

M. Appathurai avait annoncé le 15 octobre qu’une flottille de sept navires -quatre frégates, deux destroyers et un navire de ravitaillement- battant pavillons allemand, américain, britannique, grec, italien et turc, se dirigeait vers cette zone via le canal de Suez. Mais leur arrivée, a-t-il dit mercredi, a été retardée par de mauvaises conditions en mer.

Seule une partie de cette flottille sera affectée à cette double mission, a-t-il ajouté, sans vouloir donner plus de précisions pour le moment.

Le reste se rendra comme prévu dans le Golfe pour des escales dans les ports de quatre pays partenaires de l’Otan, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis et Bahrein, et des manoeuvres communes avec l’un de ces pays, a-t-il encore dit.

Les unités au large de la Somalie auront notamment pour mission d’escorter les convois maritimes du Programme alimentaire mondial (PAM).

Le PAM achemine de 30.000 à 35.000 tonnes d’aide chaque mois en Somalie. Le Canada, qui assurait leur protection jusque là, devrait être relayé jeudi par les Pays-Bas.

Plus de 70 bateaux étrangers ont été attaqués par des pirates somaliens dans l’Océan indien et le golfe d’Aden cette année, le double du bilan pour toute l’année 2007, selon le Bureau maritime international.

Les pirates lourdement armés se servent de vedettes rapides, retenant, parfois pendant des semaines, bateaux et équipages, en attendant qu’une rançon ne leur soit versée par le gouvernement ou l’armateur concerné.

Les navires de l’Otan croisant au large de la Somalie et de la Corne de l’Afrique auront non seulement le « droit à l’autodéfense », ils auront aussi la possibilité d’intervenir avec leurs moyens militaires en cas de besoin, a indiqué M. Appathurai.

Il a cependant souligné la « complexité » de leur mission. « Il y a beaucoup de pirates, mais ils n’arborent pas un crochet de manchot ni un bandeau de borgne et on ne les repère pas d’emblée », a-t-il observé.

L’Union européenne a annoncé qu’elle enverrait elle aussi près de 10 bateaux, une première dans le cadre de la politique européenne de sécurité et de défense.

Ils devraient prendre le relais de ceux de l’Otan courant décembre.

Les pirates éventuellement arrêtés seront soumis aux lois nationales de chacun des pays ayant engagé un navire.

Soulignant que la Russie et l’Inde enverraient aussi des navires participer à cette mission contre la piraterie, M. Appathurai a assuré : « il y aura coordination entre tous ces bateaux (…) pour assurer une présence dissuasive et intervenir de manière à empêcher tout acte de piraterie ».