24/10/08 (B470-B) Le Monde : Djibouti-Erythrée: le Conseil de sécurité déplore le statu quo frontalier

L es membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont déploré jeudi la poursuite de l’occupation d’une partie du territoire de Djibouti par l’Erythrée malgré leur appel en juin dernier à y mettre fin.

Lors d’un débat public au Conseil, l’ambassadeur de France, Jean-Maurice Ripert, a proposé d’engager rapidement des consultations en vue de rédiger un texte.

Il s’agirait, a déclaré le diplomate français, de "réitérer fortement les demandes adressées par le Conseil à l’Erythrée, en particulier le retrait de ses forces", et de "la condamner si elle persiste dans son refus de tout dialogue sur ce sujet".

"Ces demandes devraient s’accompagner d’une échéance claire", a ajouté M. Ripert.

Le Conseil de sécurité avait condamné le 12 juin "l’action militaire de l’Erythrée contre Djibouti à Ras Doumeira et dans l’île de Doumeira" à la frontière entre les deux pays.

Cette déclaration, restée lettre morte, appelait "les deux parties à s’engager à un cessez-le-feu" et les exhortait, "en particulier l’Erythrée, à faire preuve d’un maximum de retenue et à ramener leurs forces à leurs positions d’avant l’incident".

L’Union africaine (UA) avait elle aussi exigé fin juin le retrait "immédiat et inconditionnel" de l’Erythrée des territoires au nord de la République de Djibouti.

La tension entre l’Erythrée et Djibouti est très forte depuis une incursion, le 16 avril, de troupes érythréennes vers Ras Doumeira (nord de Djibouti), promontoire stratégique surplombant l’entrée de la mer Rouge. Les deux pays s’étaient opposés à deux reprises en 1996 et 1999 pour cette zone.

Le 10 juin, des échanges de tirs nourris avaient eu lieu entre troupes érythréennes et djiboutiennes à Ras Doumeira, faisant au moins neuf morts côté djiboutien. L’Erythrée n’avait fourni aucune indication sur ses pertes.

Asmara avait nié toute velléité hostile envers son voisin, mais le gouvernement djiboutien avait vu dans cet accrochage une volonté délibérée de l’Erythrée "de déstabilisation (…) de toute la Corne de l’Afrique".

Une mission d’information de l’ONU a remis en septembre un rapport dans lequel elle affirme que "la situation sur la frontière entre Djibouti et l’Erythrée, en particulier la militarisation de Doumeira, constitue une menace pour la stabilité et le développement de Djibouti".

Il ajoute que "s’il n’est pas traité de manière rapide et globale, le problème entre Djibouti et l’Erythrée pourrait avoir un impact négatif important sur toute la région et la communauté internationale dans son ensemble", compte tenu du caractère stratégique du détroit de Bab el-Mandeb.