29/10/08 (B471-B) AFP / Somalie: la cellule anti-piraterie de l’UE très sollicitée par les armateurs

Initialement réticents, les armateurs sont de plus en plus nombreux à solliciter les services "d’accompagnement" de l’UE contre la piraterie au large de la Somalie, prélude à une véritable mission navale européenne attendue en décembre, selon des responsables européens.

"Au début, les armateurs étaient très réticents à tirer profit de notre protection", mais "maintenant nous recevons de plus en plus de demandes", a déclaré à la presse un responsable militaire européen qui a requis l’anonymat.

"Plus de vingt armateurs –dont chacun possède de nombreux bateaux– sont en contact permanent avec nous", et ils sont responsables en particulier de quelque "70% du transport d’hydrocarbures dans le monde", a-t-il précisé.

L’UE a mis en place mi-septembre une "cellule de coordination" contre la piraterie, qui repose actuellement uniquement sur deux frégates françaises et un avion de patrouille espagnol.

Si certains armateurs hésitent encore à utiliser les services de cette cellule européenne, c’est souvent parce que cela implique d’attendre 24 ou 48 heures pour pouvoir profiter du "créneau horaire" de protection proposée par l’UE, ce qui représente parfois des coûts trop lourds pour le transporteur, a expliqué le responsable militaire au cours d’un point de presse à Bruxelles.

Malgré les limites de l’opération actuelle –qui ne peut faire que de la prévention et uniquement de "l’accompagnement" plutôt que de l’escorte dans la zone traversée par le bateau demandant protection– les responsables européens estiment que sa popularité croissante est de bon augure pour la future mission navale de l’UE.

Sa première priorité sera de protéger les bateaux du Programme alimentaire mondial (PAM), la seconde sera d’escorter des navires marchands, à commencer par ceux ayant "une vulnérabilité particulière".

"L’ordre de grandeur" à ce stade est que la mission rassemblera "quatre à six bateaux et à peu près trois avions de patrouille maritime, soit environ 1.000 hommes" envoyés par les pays membres de l’UE, selon le responsable militaire européen.

A ce stade des préparatifs, dix pays membres se sont dits prêts à participer à cette mission. Mais tous ne pourront pas y contribuer dès le début de l’opération prévu courant décembre, ni mobiliser un bateau pendant toute la durée de la mission.

L’espoir est que des pays hors UE viennent renforcer ce dispositif. L’UE a contacté aussi bien des pays de la région, comme l’Egypte, et "des pays du sud de la Méditerranée", mais aussi la Russie qui a déjà un patrouilleur dans la zone, et plusieurs pays asiatiques, a-t-il expliqué.

La mission européenne espère renforcer la coordination dans la zone entre tous les bâtiments susceptibles de contribuer à la dissuasion et à la répression de la piraterie dans ces eaux, afin de renforcer la sécurité et d’"éviter la duplication des efforts", selon la même source.

En attendant son arrivée, ce sont trois navires de l’Otan qui, depuis la semaine dernière, constituent la principale protection des navires du PAM, qui acheminent de 30.000 à 35.000 tonnes d’aide chaque mois en Somalie.

Au moins 63 bateaux étrangers ont été attaqués par des pirates somaliens dans l’océan Indien et le golfe d’Aden cette année, le double du bilan pour toute l’année 2007, selon le Bureau maritime international.