28/11/08 (B476) Le journal de la flibuste … Un cargo pris, un rendu ! Stock inchangé ! (5 dépêches en Français)

___________________________________ 5 – XINHUA

26 marins philippins libérés en Somalie

Les pirates ont libéré 26 marins philippins capturés il y a presque deux mois au large de la Somalie, où 108 autres marins philippins restent en détention lorsque les bandits continuent à chercher la rançon.

Les marins philippins ont été enlevés dans le golfe d’Aden le 17 septembre, lorsque les pirates lourdement armés ont détourné leur cargo battant pavillon grec MV Centauri, qui naviguait dans les eaux dangereuses.

Les marins philippins libérés jeudi soir sont « sains et saufs », a dit Esteban Conejos, sous-secrétaire du Département philippin des affaires étrangères.

Les marins étaient en route vers le port de Mombassa (Kenya) pour décharger leur navire.

Antérieurement, un responsable philippin a déclaré que le gouvernement philippin n’a pas payé de rançon, mais a négocié directement avec les pirates. Mais selon des reportages, les propriétaires des navires détournés ont payé des sommes colossales comme rançon pour la libération de leur équipage, dont des marins philippins.

Quelque 350.000 marins philippins sont employés dans le monde entier, soit le troisième plus important groupe du monde, conduisant des superpétrolier, des paquebots de luxe et des navires de ligne.

___________________________________ 4 – AFP

Un cargo grec, capturé en septembre, relâché par des pirates somaliens

Un cargo contrôlé par des intérêts grecs et battant pavillon maltais, le MV Centauri, capturé en septembre par des pirates somaliens, a été relâché et faisait route vendredi vers le port kényan de Mombasa, a-t-on annoncé de source maritime kényane.

Le navire et son équipage, formé de marins philippins, ont été libérés jeudi, a précisé à l’AFP Andrew Mwanngura, qui dirige un programme d’assistance aux marins au Kenya.

La libération du navire et de ses 26 membres d’équipage a été confirmée par l’armateur grec.

« Nous confirmons que l’équipage est en bonne santé », a déclaré à l’AFP, un porte-parole de la compagnie maritime grecque.

« La navire va continuer sa route vers le Kenya avec sa cargaison de sel », a-t-il ajouté sans cependant préciser si l’armateur avait payé une rançon en échange de la libération du bateau.

Le Centauri en provenance d’Ethiopie devait se rendre à Mombassa pour y décharger une cargaison de 17.000 tonnes de sel lorsqu’il a été détourné le 18 septembre par cinq hommes armés au large des côtés somaliennes.

Le ministère des Affaires étrangères philippin a pour sa part annoncé qu’il négociait avec l’armateur le retour des 26 Philippins dans leur pays d’origine.

Un autre cargo appartenant à des intérêts grecs, le Captain Stephanos et son équipage sont toujours retenus en otage après avoir été détournés en septembre au large de la Somalie.

Des pirates somaliens détiennent actuellement un superpétrolier saoudien, le Sirius Star, renfermant dans ses cales 300.000 tonnes de pétrole.

Selon le BMI, près d’une centaine de bateaux ont été attaqués par des pirates somaliens depuis janvier.

En tête de la flotte mondiale et détenant à elle seule 15% du tonnage, la Grèce participe à la force navale dans la région et a déjà dépêché une frégate dans la zone.

___________________________________ 3 – Saba (Ye) (En Anglais)

Le Yémen et l’Ethiopie affirment, dans une déclaration commune, vouloir aussi lutter contre la piraterie. //Yemen, Ethiopia affirm international coordination to face piracy

Yemen and Ethiopia affirmed on Thursday importance of coordination of the regional and international efforts to combat acts of piracy which damage interests of all in the region
and world.

In the official talks held in Sana’a co-chaired by President Ali Abdullah Saleh and Ethiopian Prime Minister Meles Zenawi, president Saleh said that the international community could offer support to
Somali in order to rebuild corporations of the Somali and realize stability and security as well as cooperation to bring an end for the acts of piracy.

The two sides also discussed recent developments in the international and regional arena especially the situation in Somali and current arrangements for the Sana’a Forum for Coope ration that will be held in Khartoum capital of Sudan by end of coming December.

They also affirmed importance of enhancing mutual cooperation between the two countries to sever common interests of both peoples.

Then, president Saleh and the Ethiopian prime minister held a close session over issues of common concern.

___________________________________ 2 – AFP

Somalie: un navire libérien attaqué dans le golfe d’Aden, 3 marins s’échappent

Un navire libérien a été attaqué et capturé par des pirates somaliens vendredi matin dans le golfe d’Aden, mais trois membres d’équipage ont pu s’échapper et être récupérés par la marine allemande, a appris l’AFP de source militaire française.

Ce chimiquier, le Biscaglia, battant pavillon libérien a été attaqué « par cinq pirates somaliens qui ont mis en joue l’équipage », a déclaré le capitaine de frégate français Jean-Marc Le Quilliec, à un journalistes de l’AFP actuellement embarqué à bord de la frégate de surveillance de la marine nationale française Nivôse.

Selon l’officier, trois membres de l’équipage du Biscaglia ont préféré sauter à l’eau à la vue des hélicoptères militaires européens déployés dans cette zone plutôt que d’être capturés.

Le commandant du Nivôse a également précisé qu’à 8h55 locales, les trois membres d’équipages ont été récupérés par un hélicoptère Lynx de la marine allemande et devaient être ramenés sur le Var, bâtiment de commandement et de ravitaillement français.

Un appel de détresse en provenance du Biscaglia avait été reçu une heure plus tôt alors que ce bâtiment se situait à 30 nautiques de la frégate française, elle-même à 110 nautiques des côtes somaliennes et 50 du Yémen.

Des bâtiments militaires européens patrouillent dans le Golfe d’Aden, une des routes maritime les plus dangereuses du monde, pour déjouer les embuscades des pirates avec l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies, pour tenter de sécuriser cet axe maritime stratégique pour le commerce international, notamment celui des hydrocarbures.

Des pirates somaliens ont capturé le 15 novembre le Sirius Star, un super-pétrolier saoudien, avec ses 25 membres d’équipages, et demandent 25 millions de dollars pour la libération du bateau chargé de 300.000 tonnes de pétrole et de ses marins.

La capture du Sirius Star, long de 330 mètres, constitue l’opération la plus spectaculaire menée jusqu’à présent par des pirates somaliens, qui ont attaqué une centaine de bateaux depuis le début de l’année.

Selon le Bureau maritime international, une centaine de navires ont été attaqués depuis le début de l’année dans le Golfe d’Aden et au large de la Somalie.

___________________________________ 1 – Portail des Sous-Marins

Les pirates de la Corne de l’Afrique

D’un côté, 8 marines militaires, les plus importantes compagnies maritimes au monde, les riches états du golfe Persique qui ont besoin que leur pétrole arrive dans les raffineries, et les grandes puissances, dont le commerce dépend énormément des routes de navigation passant autour de la Corne de l’Afrique. De l’autre, quelques milliers de pirates somaliens sur de petites embarcations avec des armes de petit calibre. Pourquoi donc les pirates gagnent-ils ?

Non seulement, ils gagnent, mais les forces de l’ordre sont presque complètement paralysées. Les pirates ont pris d’assaut des dizaines de navires, obtenant pour cette seule année des rançons s’élevant à près de 30 millions $. Quatorze navires, dont un super-tanker saoudien chargé de 2 millions de barils de pétrole, sont toujours mouillés au large des côtes somaliennes, attendant qu’une rançon soit payée.

Pourtant, à l’honorable exception des Indiens et des Français, personne n’a utilisé la force contre les pirates de la corne de l’Afrique. La marine danoise a bien arrêté 10 pirates en septembre, mais elle a dû les libérer parce que son gouvernement pensait qu’il n’avait pas juridiction pour les poursuivre. Le Foreign Office britannique a conseillé à la Royal Navy de ne pas arrêter de pirates de certaines nationalités (dont les Somaliens) puisqu’ils pourraient demander l’asile politique.

Alors que l’ampleur des attaques de pirates s’étend, la réaction internationale est la retraite. De grandes compagnies de transport maritimes ont ordonné à leurs pétroliers sortant du golfe Persique de ne plus utiliser la route du canal de Suez, qui les fait passer au large de la côte nord de la Somalie. Ils devront contourner le sud de l’Afrique, ajoutant 2 semaines au voyage, au prix de 20 à 30.000 $ par jour.

Que faire ?

La plupart des spécialistes disent que ce problème ne pourra être résolu en mer. La piraterie ne se terminera quand l’ordre aura été restauré en Somalie, la base des pirates. Comme la Somalie est actuellement divisée entre 3 gouvernements différents, dont un seul (le Somaliland) exercice réellement un degré minime un contrôle de son territoire, cela semble utopique.

La dernière tentative internationale de grande ampleur de retirer la Somalie des griffes des chefs de guerre et de leurs milices remonte à 1992-93. Elle s’était terminée par une retraite précipitée des troupes américaines, suivies par toutes les forces des Nations Unies. Si un appel au volontariat pour répéter cette action devait être lancé aujourd’hui, une épidémie de surdité diplomatique balaierait le monde entier.

Si nous devons attendre qu’un gouvernement central ayant une autorité réelle, soit en place en Somalie pour que la menace pirate disparaisse au large de la Somalie, cet heureux événement n’arrivera probablement pas avant les années 2020. Pourquoi ne pas résoudre le problème en haute-mer, là où les milices des clans et les attentats suicide ne sont pas un problème ? pourquoi ne pas tout simplement capturer ou tuer suffisamment de pirates pour que les autres décident de choisir un autre métier ?

Ne croyez pas les absurdités disant que c’est une zone maritime trop étendue pour pouvoir être contrôlée et surveillée efficacement. C’est une des missions que les marines des grandes puissances sont entraînées à accomplir, et elles disposent du matériel adéquat pour cela : satellites de surveillance, avions de patrouille maritime et bâtiments de guerre avec des radars puissants et des armes mortelles. De plus, les marines sont généralement à la recherche de travail, puisqu’on ne fait pas appel tant que ça à leurs services en temps de paix.

Le problème n’est pas dans la réticence ou l’incompétence des marines. Il se situe dans l’ensemble des textes internationaux — traités et législation protégeant les droits de l’homme — qui ont été adoptés au cours des dernières décennies, qui ont rendu les remèdes traditionnels contre la piraterie très difficiles à appliquer. La convention des Nations unies sur le droit de la mer, par exemple, exige qu’un bâtiment de guerre envoie une équipe conduite par un officier sur tout navire pirate suspecté pour confirmer ses intentions criminelles. Tant que cela n’a pas été fait, le bâtiment de guerre n’a pas le droit d’ouvrir le feu.

Le terme couramment employé pour définir les membres de telle équipe est “otages”. Au début du 18è siècle, quand les pirates des Caraïbes — les VRAIS pirates des Caraïbes, pas Johnny Depp ou Keith Richards — ont finalement été éliminés par les marines des grandes puissances européennes, il n’y avait pas tant de stupidités. Les pirates étaient considérés comme “ennemis de toute l’humanité” et il y avait un droit de “juridiction universelle” à leur encontre.

Tout pays pouvait arrêter les pirates de n’importe quel autre pays et les juger pour leurs crimes. S’ils avaient été capturés au combat, ils pouvaient même être exécutés sans autre forme de procès. Et, bien qu’on ne soit plus au 18è siècle, une résolution du Conseil de Sécurité décrétant la “juridiction universelle” transformerait certainement la situation.

Supposez qu’une telle décision soit prise, et qu’il soit alors annoncé que tout bâtiment civil transportant des hommes armés à moins de 500 km des côtes somaliennes serait arrêté. S’il ne se soumettait pas à la fouille, il pourrait être coulé sans autres discutions. Faites-le 2 ou 3 fois (comme la frégate indienne INS Tabar), et la menace des pirates s’évanouira très rapidement.

Est-ce que les Nations Unies ont la volonté de prendre ces mesures dans le golfe d’Aden et les océans qui bordent l’Afrique de l’Est ? Peut-être. Elle vient juste de donner à la marine indienne le droit de poursuivre les pirates suspectés dans les eaux territoriales somaliennes, mais il faudra encore aller plus loin. La piraterie peut être stoppée, avec très peu de pertes en vies humaines, si nous voulions simplement changer les règles d’engagement.

Par Gwynne Dyer