01/12/08 (B476) Le journal de la flibuste. La libération du cargo ukrainien se précise, tandis que des informations laissent supposer que les prétentions affichées des pirates pour libérer le Super tanker saoudien, pourraient être revues à la baisse. La date de l’ultimatum qui avait été fixée, est maintenant dépassée. (4 dépêches en Français et en Anglais)

___________________________ 4 – Shabelle (En Anglais)

Les pirates somaliens sur le point de libérer le cargo ukrainien qui transporte un important arsenal militaire. Somali pirates to release Ukraine ship with arms

Somali pirates and owners of a Ukrainian ship carrying 33 tanks and other military hardware have reached a deal to release the vessel, a Kenyan maritime official said Sunday.

Gunmen captured the MV Faina on September 24, with its cargo of T-72 tanks, grenade launchers and ammunition, and demanded $20 million in ransom.

« They have reached a deal but are still discussing the modalities of releasing the ship, crew and cargo, » said Andrew Mwangura of the East African Seafarers’ Assistance Program.

« Talks on how to deliver the money are ongoing. What I hear are that things are good and that the ship should be released. »

The 20 crew members aboard include 17 Ukrainians, Russians and Latvians.

A piracy wave in the Gulf of Aden has jacked up shipping insurance costs, sent foreign warships rushing to the area, and left about a dozen vessels with more than 200 hostages still in hijackers’ hands.

Taking advantage of chaos on shore, where an Islamist-led insurgency has raged for nearly two years, Somali pirates have made most of their attacks in the Gulf of Aden between Yemen and north Somalia, a major global sea artery used by about 20,000 vessels a year heading to and from the Suez Canal.

_____________________________ 3 – Al Jazeera (En Anglais)

Accord pour la libération du cargo ukrainien. // ‘Deal’ to free Ukraine cargo ship

Somali pirates have reportedly made plans to release a Ukrainian cargo ship within days, after reaching a ransom agreements.

The MV Faina, a Belize-flagged vessel, was seized on September 24 and has a crew of 17 Ukrainians, three Russians and one Latvian.

It was carrying at least 30 Soviet-designed T-72 tanks to Kenya.

Andrew Mwangura, the co-ordinator of the East African Seafarers’ Association, on Sunday said: « They have reached a deal but are still discussing the modalities of releasing the ship, crew and cargo. »

At the time when they captured the Ukrainian vessel, pirates had demanded $20 million in ransom. However, reports remain unclear as to how much Ukrainian officials will pay for its release.

Sugule Ali, a spokesman for the pirates who captured the ship, said: « I can’t tell you what the ransom is, but what I can say is that an agreement has finally been reached.

« We have no doubt this problem will be resolved and I hope the owners will honour the last remaining points. »

Ali said said on Tuesday they had lowered their ransom demand to $3 million.

Supertanker hijacking

In another high-profile hijacking, pirates forcibly boarded the Sirius Star on November 15.

The Saudi supertanker was loaded with oil worth $100 million and its capture is the biggest in the history of maritime hijacking.

Pirates holding the Sirius Star said on Saturday they were hoping for a « favourable » response to their $25 million ransom demand, ahead of a deadline which expires on Sunday.

Mohammed Said, the leader of the group that seized the ship, said negotiations to free the vessel were ongoing, but he did not know when they would conclude.

Different route

Shipping firms have opted to re-route to the Cape of Good Hope because of the seizure of several ships across the Gulf of Aden, causing delays and increasing costs.

Ethiopia had called for stronger international action against piracy off the coast of Somalia.

Despite the presence of foreign navies in the Gulf of Aden and the Indian Ocean, hijackers have defied them and seized ships, the latest being the Biscaglia, a Liberia-flagged oil and chemical tanker which had been captured on Friday.


____________________________________ 2 – Le Reporter (Ma)

La bataille navale du golfe d’Aden

La piraterie internationale depuis la Somalie et loin des côtes, dans le golfe d’Aden et maintenant dans l’océan indien ne cesse de provoquer la communauté internationale. La situation devient intenable.

En s’emparant du superpétrolier saoudien Sirius Star, les pirates somaliens ont franchi un cap : d’abord dans la taille du navire, qui transporte pour 100 millions de dollars de brut, mais aussi et surtout dans leur champ d’action, qui ne se cantonne plus désormais au golfe d’Aden.

Les affrontements se multiplient.

Un bâtiment de la marine indienne a coulé, un navire de pirates présumés a pris en chasse deux vedettes servant à l’abordage. Mais les marines de guerre sur place restent très largement pour le moment impuissantes.

Un véritable casse-tête pour les armateurs et la communauté internationale. Les pirates ont opéré en plein océan Indien, à plus de 800 km des côtes du Kenya.

Jusqu’alors, les navires jouissaient d’une relative sécurité en haute mer. Le golfe d’Aden se trouve à l’embouchure de la mer Rouge, elle-même reliée à la mer Méditerranée par le canal de Suez. Cet itinéraire entre l’Europe et l’Asie est plus court que celui qui contourne la pointe sud de l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance.

Depuis le début de l’année, 95 bâtiments ont été attaqués dans le golfe d’Aden, dont 39 ont été détournés – du yacht de luxe au cargo transportant de l’huile de palme, en passant par le chimiquier. En général, les pirates relâchent l’équipage sain et sauf et rendent la cargaison en l’échange d’une rançon. Ce qui limite bien sûr la volonté d’une intervention toujours risquée.

Les pirates font tout pour éviter l’affrontement qui n’est pas dans leur intérêt, mais peuvent faire face. En général, les pirates partent à l’abordage depuis de petites vedettes ultra-rapides. Les bâtiments militaires peuvent les repérer grâce à leurs radars et alerter le navire menacé mais, compte tenu de l’étendue de la zone, ils ne peuvent pas toujours arriver sur place à temps.

Dans leurs fiefs des côtes somaliennes, les pirates retiennent actuellement plus de 300 membres d’équipage de 17 navires, dont un bateau ukrainien chargé d’armes et le superpétrolier Sirius Star. Leurs fiefs sur les côtes somaliennes, sont bien connus. Mais aucune armée pour l’instant ne songe à les attaquer, de peur de mettre le pied dans le bourbier somalien et de mettre par la suite en jeu la vie des otages.

Une fois qu’ils détiennent des otages, toute intervention militaire devient dangereuse : les ravisseurs sont des combattants entraînés et lourdement armés.

Selon le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, qui a remis un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, l’estimation du total des rançons versées aux pirates de cette zone oscille entre 25 et 30 milliards de dollars uniquement pour cette année.

Actuellement, trois bâtiments de guerre de l’OTAN et de la Russie patrouillent dans le golfe d’Aden, ainsi que plusieurs autres de la Navy américaine. La force multinationale compte jusqu’à 15 bateaux. Elle devrait être rejointe le 8 décembre par des navires européens -d’abord un, puis trois- pour au moins un an, notamment des bâtiments français et espagnols.

L’Arabie saoudite s’est dite prête à participer aux efforts de surveillance. Avec Djibouti, l’Egypte, la Jordanie et le Soudan, elle tentera de trouver une stratégie anti-piraterie.

Les vraies raisons du fléau

La raison principale est l’incapacité de certains pays à gérer la sûreté de leurs eaux territoriales. C’est bien évidement le cas de la Somalie. Faute de gouvernement capable d’appliquer la loi, de petites communautés indépendantes se sont formées le long des côtes et vivent de la piraterie.

Les équipages des navires cargos sont peu nombreux et non armés (une vingtaine d’hommes sur un navire de 150 mètres) d’où la tendance à engager des mercenaires sur certains navires et la nouvelle offre de sociétés privées spécialisées.

Les navires marchands se déplacent à des vitesses faibles (entre 20 et 40 kilomètres par heure), sont peu agiles et, chargés, ils peuvent être assez bas sur l’eau permettant ainsi un abordage aisé.

Les équipages, embarquant pour une durée de neuf mois en moyenne, proviennent en grande partie des pays en voie de développement (Asie – Afrique) et reçoivent la majeure partie de leur salaire en liquide à bord.

Il n’y a pas que la somalie

Si la piraterie existe depuis que l’homme a pris la mer, César a été prisonnier de pirates illyriens qu’il a ensuite éradiqués, la piraterie moderne ne date pas d’hier.

Les pirates d’aujourd’hui sévissent essentiellement dans les régions d’Asie du Sud et Asie du Sud-est (en particulier dans la mer de Chine méridionale), le long des côtes de l’Amérique du Sud, du golfe d’Aden, de la mer Rouge, mais aussi celles de la Somalie, dans le golfe de Guinée et dans la mer des Caraïbes.

Selon le Bureau maritime international, plus de 4.000 actes de piraterie ont été enregistrés durant les vingt dernières années, un rapport de la RAND Corporation estime le nombres d’attaques et de tentatives d’attaques à 209 durant la période 1994-1999 et à 2.463 entre 2000 et fin 2006, soit une augmentation exponentielle de ces pratiques depuis le début du 21e siècle.

Ça peut difficilement durer. Des mesures vont être prises pour dissuader des pirates qui cependant n’ont rien à perdre.

____________________________________ 1 – RFI

Les pirates acceptent de négocier à la baisse

Le Faina, un cargo ukrainien chargé d’armes, capturé en septembre, devrait pouvoir reprendre sa route, suite à un accord conclu avec les pirates somaliens. Concernant le Sirius Star, le supertanker saoudien capturé le 25 novembre, les négociations semblent toujours en cours, alors que l’ultimatum fixé par les pirates au 30 novembre a expiré.

Le cargo ukrainien chargé d’armes, arraisoné depuis septembre, pourrait être bientôt restitué en échange d’un montant tenu secret, selon le porte-parole des pirates somaliens. Lors de la prise, les pirates réclamaient 35 millions de dollars en échange du Faina, son équipage, ses 33 chars T72 et ses 14 000 munitions. Puis, au fil des semaines, les pirates ont révisé leurs prétentions à la baisse. Dernier chiffre connu : trois millions de dollars. Le porte-parole des pirates affirme qu’un accord a bel et bien été trouvé et que le navire pourrait être libéré d’ici quatre jours, une fois que les pirates auront reçu l’argent et seront en sécurité, loin, dans les sables du Puntland.

Pas d’avancée visible, en revanche, dans l’affaire du Sirius Star, le superpétrolier saoudien. L’auteur de la plus belle capture de l’histoire de la piraterie, Mohamed Said, qui a désormais la main sur 300 000 tonnes de pétrole saoudien, en exigait, la semaine dernière, 25 millions de dollars. Les pirates avait fixé à dimanche l’ultimatum pour le paiemet de la rançon. Les propriétaires saoudiens tablent sur une prolongation des négociations. Un responsable de la compagnie britannique d’assurance Loydd’s, a estimé qu’il n’y a pas d’autre solution que de payer, ne serait-ce que pour préserver la vie des 25 membres d’équipage.