20/01/09 (B482-B) Le journal de la Flibuste … (3 dépêches en Français)

_____________________________ 3 – XINHUA

Japon : le parti au pouvoir convient d’envoyer la marine en Somalie

Le Parti libéral démocrate au pouvoir et son partenaire de coalition, le Nouveau Komeito, ont convenu mardi d’un plan gouvernemental qui prévoit d’envoyer en Somalie les Forces navales d’autodéfense japonaises (MSDF) pour participer à une mission anti-piraterie, selon des médias locaux.

L’Article 9 de l’actuelle constitution pacifiste du Japon apparue après la seconde guerre mondiale, permet aux MSDF de protéger uniquement les bateaux battant pavillon japonais ou transportant des citoyens japonais.

Selon l’agence de presse Kyodo, le gouvernement souhaiterait dépêcher ses forces navales conformément aux dispositions de la loi sur les forces d’autodéfense pour protéger les bateaux japonais présents dans la région.

_____________________________ 2 – XINHUA

Le chef de l’OTAN « applaudit » l’opération anti-piraterie de la Chine au large de la Somalie

Le secrétaire général de l’OTAN Jaap de Hoop Scheffer s’est félicité lundi des opérations anti-piraterie de la Chine au large de la Somalie et a exprimé la volonté de l’OTAN de travailler avec la Chine sur la question.

« J’applaudis ce qui est plutôt une position unique de la marine chinoise participant à campagne anti- piraterie », a dit M. de Hoop Scheffer à des journalistes chinois lors d’une réception du Nouvel An de l’OTAN.

« Je n’exclus pas, à certain stade, que lorsque les Nations Unies créeront une sorte de toit sous lequel un ensemble des opérations anti-piraterie sera mené, l’OTAN et la Chine se réuniront dans le cadre de ce toit », a-t-il dit.

Le déploiement de deux navires de guerre bien équipés dans le golfe d’Aden est la première mission militaire expéditionnaire de la marine chinoise.

« J’accueille l’engagement de la Chine, parce que l’histoire de la Chine montre que la Chine n’a jamais été une nation qui usurpait le pouvoir d’ailleurs. Je constate l’engagement des Chinois à cet égard. C’est une contribution très importante aux opérations anti-peraterie. »

L’OTAN a déployé quatre navires de guerre au large de la Somalie en octobre 2008 pour escorter les navires du Programme alimentaire mondial au large de la Somalie et patrouiller dans la mer afin de décourager la piraterie. Sa mission s’est terminée en décembre 2008. Mais l’alliance envisage une stratégie à long terme sur le problème de la piraterie et est prête à examiner de nouvelles demandes pour l’utilisation de ses actifs navals à cet égard.

M. De Hoop Scheffer a également déclaré que les relations OTAN- Chine se développent bien.

« J’espère que mon successeur pourra prendre de nouvelles mesures pour développer ces relations du fait que la Chine est un important acteur international qui ne peut pas être négligé », a déclaré M. de Hoop Scheffer, qui va quitter son poste de chef de l’OTAN en Juillet 2009.

Les relations de l’OTAN avec la Chine ont atteint leurs plus bas niveaux en 1999, lorsque l’alliance a bombardé l’ambassade de Chine à Belgrade. Des contacts bilatéraux ont commencé à reprendre au cours des dernières années.

_____________________________ 1 – L’Express (Reuters et Garowe)

Moi, Yassim, ancien pêcheur somalien, devenu pirate fortuné

Yassim Dheere, 39 ans, a débuté dans la piraterie il y a cinq ans, et il a vite fait fortune.

Ce géant, qui domine ses gardes du corps de la tête et des épaules, a reçu le reporter de Reuters dans sa résidence de Garowe, une ville de la province somalienne du Puntland, dont l’histoire au cours des siècles est intimement liée à la piraterie.

Vêtu d’une djellaba aussi traditionnelle que luxueuse, il a raconté son histoire tout en mâchant des feuilles de khat et en caressant sa kalachnikov.

« Je suis né à Eyl, où je pratiquais la pêche. C’est après l’effondrement du pouvoir central (en Somalie) que j’ai été contraint de détourner des navires étrangers.

« Personne ne surveillait les mers. On ne pouvait pas pêcher dans de bonnes conditions, parce que les navires qui pêchent illégalement le long des côtes somaliennes détruisaient nos petites embarcations et notre matériel. C’est ça qui nous a forcé à devenir pirate.

« La première fois que j’ai été impliqué dans un acte de piratage, c’était en 2003.

Le bateau devait venir d’Arabie, l’équipage était composé de 18 Yéménites. C’était un gros bateau de pêche, qui avait détruit à plusieurs reprises nos navires.

« On l’a cerné de nuit avec nos bateaux et on en a pris le contrôle en pointant nos armes sur lui. A cette époque, on ignorait tout des méthodes modernes, des échelles, des harpons, tout ça. Alors, on s’est approché le plus près possible et on a grimpé à bord.

« On l’avait depuis deux semaines quand des médiateurs somaliens et arabes nous ont approché pour négocier. Ils nous ont convaincu d’accepter 50.000 dollars. Bon Dieu! C’était une somme colossale pour nous! Ça nous a donné des idées et ça nous a ouvert l’appétit.

« Deux de mes amis ont eu peur des conséquences et ont renoncé. Nous, on ne se rendait pas trop compte de ce qu’on faisait, on était seulement un peu inquiet de la suite des évènements.

PRENDRE DU BON TEMPS

« Finalement, ma vie a totalement changé. J’ai amassé plus d’argent que je n’aurais jamais imaginé. Sur un coup, j’ai eu 250.000 dollars. C’est fou l’argent que je me suis fait, je vous dirai pas combien. Avec ça, je me paye des voitures, des armes et des bateaux. J’en profite aussi pour prendre du bon temps.

« Ce nouveau travail m’a causé aussi des problèmes. Ma vie est en danger, certains de mes collègues sont morts, quelquefois lors de chavirages.

« L’expérience la pire que j’ai vécue, c’est quand un navire de la marine américaine nous a attaqué alors que nous chassions un bateau. Il nous a tiré dessus et a capturé certains d’entre nous. Moi et mes collègues, grâce à nos hors-bord, on a pu s’échapper alors que les balles sifflaient tout autour.

« J’ai été emprisonné une fois à Garowe. Des membres de ma famille ont pris d’assaut la prison, ont tué deux gardiens et dans l’échange de feu j’ai pu prendre la fuite avec d’autres détenus.

« Aujourd’hui, je reste à Eyl. J’ai des hommes qui font le boulot pour moi. Je suis un financier, je récupère l’argent. Je n’ai pas été en mer pour un piratage depuis des mois.

« Mon groupe prend la mer, moi je gère les finances. Je fournis les gars en hors-bord, en armes, tout ce dont ils ont besoin.

« Quand on prend la mer, on sait qu’on peut gagner ou perdre. Et on se méfie terriblement des navires de guerre. On a changé de stratégie maintenant, on modifie notre manière d’attaquer dans l’Océan indien en utilisant du matériel moderne, comme le GPS pour détecter les navires de guerre.

« Aujourd’hui, une nouvelle génération de jeunes pirates, très actifs, émerge, tous attirés par l’appât du gain.

« Si les Nations unies donnent leur feu vert à un droit de suite à terre en Somalie, cela ne fera que provoquer la mort de nombreux Somaliens innocents. Ils ne peuvent pas nous différencier des Somaliens ordinaires, on s’habille pareil.

« La piraterie, elle ne s’arrêtera pas tant qu’on aura pas un vrai gouvernement en Somalie ».

Abdikani Hassan,
version française Pascal Liétout