22/01/09 (B482-B) AfarIssas – > Guelleh sert-il la cause de sa tribu? Vérité ou jeu politique ?

Les tendances tribales et ethniques, dans leurs manifestations négatives, constituent les facteurs déterminants des difficultés connues par le continent africain. Aussi longtemps que les Africains ne se débarrasseront pas de ce qui est une vraie tare humaine, l’occident ne cessera pas de transformer l’Afrique en un terrain de livraison d’armes et de pratiquer d’autres formes d’exploitations.

Mon intervention portera sur un sujet très tabou dans la société djiboutienne et qui me semble très important : le tribalisme

Le tribalisme est un sérieux problème que nous avons. Il serait ridicule de le nier au point où nous en sommes. Je ne pense pas que nous puissions l’éradiquer comme certaines maladies (variole etc…) tout simplement parce que cela se passe dans la tête. Vous et moi, nous savons que toutes sortes d’idées traversent nos têtes.

Ce que nous pouvons faire, c’est essayer de réduire l’influence négative qu’a le tribalisme sur notre qualité de vie et sur notre volonté ou notre nécessité de vivre ensemble. Pour y parvenir nous devons mesurer l’impact qu’a le tribalisme dans nos choix, puis voir comment réduire son influence négative.

En effet, parler du tribalisme ne signifie en rien être soi-même tribaliste ou vouloir l’exercer. Mais au contraire c’est faire preuve de courage pour dénoncer cette tare qui marque notre société. Le tribalisme est une sorte de racisme et du racisme on en parle tout le temps, aussi bien les victimes que les racistes. C’est vrai qu’au temps du parti unique, nul ne pouvait se permettre de tout dire. Mais le tribalisme se vivait au quotidien et à tous les niveaux de notre société.

Beaucoup de Djiboutiens vous diront que le parti RPP était à l’origine du tribalisme. Mais nous devons nous poser la question chaque jour de savoir si nous sommes prêts à remettre en cause cette pratique, nous, qui parlons du renouveau.

C’est sans doute ce qui nous permettra de prouver que le tribalisme est le fait d’une personne ou d’un groupe de personne qui nous a gouvernés pendant plus de trois décennies.

Le tribalisme est aujourd’hui quelque chose qui a atteint notre subconscient à un point tel que nous le sommes devenus, tous, sans le savoir. C’est devenu un réflexe chez les Djiboutiens. Il me semble à moi que c’est une tare qui arrange aujourd’hui tous les politiques, tant dans l’opposition que dans les arcanes du pouvoir.

Il est vrai que Guelleh nous renvoie cette image : s’appuyer sur son ethnie pour se maintenir au pouvoir mais pour moi, au contraire, le couple présidentiel jouent un jeu trop dangereux pour monter les uns (Mamassans et Issack) contre les autres.

De ce fait, nous autres devons faire très attention à ne pas tomber dans les préjugés tribaux et autres.

Combien de familles issues des ces tribus sont dans des situations lamentables par rapport aux tribus ‘dénonciateurs’?

Seuls les sympathisants de ces tribus sont autorisés à profiter du pillage du denier public et c’est cette image que nous voyons.

Pourquoi ne pas pointer du doigt sur ceux de notre tribu, qui font la même chose et beaucoup plus même?

Parce que le Président n’est pas de notre tribu. Hallucinant ! Alors sincèrement quelle est la définition de cette aberration : le tribalisme

Le bateau du dictateur Guelleh, comporte moins de Mamassan, si nous voulons parler en termes de profits. Regardez bien autour de vous et vous me donnerez raison. J’ai entendu des politiciens et autres tenir ou écrire ce genre de propos et cela m’écoeure encore aujourd’hui. Ceci s’appelle du tribalisme et nous devons le dénoncer en tant que tel.

Nous aimons donner des exemples sur les critères qui caractérisaient les attributions des postes à responsabilité au plus haut sommet de l’Etat. Voyons un peu comment les responsabilités au sein des partis politiques sont attribuées, voyons comment les militants de l’opposition sont constitués, voyons comment le Premier Ministre a constitué son administration. (90% du personnel de la primature est d’origine Afar) et il y a tant d’autres exemples que je n’ai pas cités.

Sommes nous dans les conditions adhoc pour être en mesure de corriger les tares du régime?

Ou bien nous voulons rendre coup pour coup ?

Si c’est le cas, il vaut mieux ne pas rêver à l’instauration de la démocratie dans notre pays.

Il y a des réalités qu’il faut dénoncer, c’est la seule voie de salut pour tous. Certes les premiers dénonciateurs seront mal vus mais qu’à cela ne tienne puisqu’il faut le faire même au risque de n’être compris que dans un siècle.

Les affirmations ou préjugés selon lesquels le régime aurait favorisé les Mamassan et les Issack ne me paraissent pas évidents. Regardons autour de nous, et nous comprendrons que le régime n’a favorisé que des individus venant de toutes les régions du pays. Je dis bien des individus. Oui des individus.

Une question me taraude l’esprit. Seriez-nous, par hasard de ceux qui, à Djibouti ou ailleurs, pensent et sont convaincus que l’ethnie Mamassan (du Président) et l’Ethnie Issack (de la première dame) seraient privilégiées au détriment des autres tribus?

Si notre réponse est affirmative, je crois que nous sommes tribalistes et que nous sommes tombés dans le jeu de Guelleh.

Ma conviction est que la dictature de IOG ne sert pas son ethnie dans sa politique de division du peuple Djiboutien. Mais je voudrais juste dire sur le cas de la tribu Mamassan que c’est surtout une tribu prise en otage par une minorité de personnes originaires de celle-ci.

Nous ne devons donc pas considérer le favoritisme que ce régime a conçu comme du tribalisme car ceux qui ont été favorisés ne sont forcement pas originaires de la tribu de Mamassans ou autres. S’agissant des critères d’attribution des postes importantes, le favoritisme n’est pas directement lié aux origines de ceux qui en bénéficient, mais à ceux qui sont conçus comme bon militant du RPP et de ses ailes marchantes. Ce sont ceux là qui bénéficient de façon injuste d’avantages pour services rendus au régime (toutes tribu confondues). Il est facile de juger sans savoir.

Si nous pensons un seul instant qu’ IOG doit partir pour la simple raison qu’il est Mamassan, ou que nous ne considérons pas les membres des communautés Issak, Gadabourci, arabes ou autres comme de vrais citoyens au même titre que les Issas et les Afar : c’est que nous sommes tribalistes.

Si nous pensons un seul instant que le prochain Président de la république doit absolument être issu de telle tribu parce que l’actuel est de l’autre, c’est que nous sommes tribalistes.

Si nous avons le courage de dire que notre armée est composée en majorité d’Issas, ayons le même courage de dénoncer d’autres services publics qui sont composés à 98% des autres tribus du pays.

N’oublions pas que la lutte pour l’indépendance était patriotique mais pas tribale.

Ce qui nous pousse non seulement à appuyer les convictions de nos aînés mais aussi à regarder la réalité comme elle est sans être influencé par des individus aux idées nauséabondes.

Tous, nous devons faire très attention et surtout les responsables des partis politiques qui se sacrifient jour et nuit pour voir émerger un jour un Djibouti moderne où on ne parlera plus de régions au sens de division; où on n’aura pas besoin de savoir si vous êtes issu de telle ou telle autre tribu pour vous engager à tel ou tel poste si vous le méritez; où on ne doutera pas de la sincérité de certains Djiboutiens militants de l’opposition à cause de leurs origines.

Voilà le Djibouti qui sera démocratique; Voilà le Djibouti dont nous rêvons.

En conclusion, nous devons travailler à ce que le peuple reste souverain et que les mécanismes d’accès au pouvoir et aux services publics soient équitables et transparents. Ces règles doivent être bien définies et acceptées par tous. Les gens se sont regroupés bien avant et se regrouperont dans le futur sur une base ethnique, l’essentiel étant qu’ils puissent vivre en harmonie avec les autres et ce sur l’ensemble du territoire national.

"La règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu’une partie de la vérité et sous des angles différents."

Pour plus d’infos : voici l’adresse de mon blog : http://afraissas.over-blog.com/

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