03/02/09 (B484) Le nouveau Gouvernement somalien … avis et réactions .. (3 articles en Français et en Anglais)

____________________________ 3 – APA

L’IGAD invite les Somaliens à former une armée commune

L’Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD) appelle à la formation d’une force commune en Somalie regroupant les troupes du Gouvernement fédéral de transition (TFG) et celles de l’Alliance pour la re-libération de la Somalie.

L’IGAD, qui est un groupement régional associant sept pays est-africains : Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Somalie, Soudan et Ouganda.a également invité la communauté internationale à apporter une aide technique et financière d’urgence à la Somalie pour lui permettre de rebâtir son armée.

L’organisation s’est également engagée à former cette armée et à lui apporter une aide matérielle et technique.

Cette semaine, l’Union Africaine avait appelé la communauté internationale à aider à la formation de 10.000 agents des forces de sécurité en Somalie pour aider le gouvernement à restaurer la paix et la stabilité dans le pays.

Sheikh Sharif Sheikh Ahmed a été élu nouveau président de la Somalie dans la nuit de vendredi à samedi dernier au terme d’un vote du parlement somalien réuni à Djibouti.

_____________________________ 2 – Shabelle (En Anglais)

Le conseil des intellectuerls somaliens saluent l’élection du nouveau Président somalien // Somali intellectuals welcome new president

The Somali Intellectual Council in Hiran region have warmly welcomed Tuesday the presidential election held in Djibouti and the new president of Somalia Sheik Sharif Sheik Ahmed.

President Sheik Sharif Sheik Ahmed was elected as Somali president by the parliament in Djibouti Saturday.

The Council agreed to back the new government led by president Sheik Sharif Sheik Ahmed calling for the Somali population to welcome the Somali president and his government.

Abdirahman Sheik Mohamud Dahir, a secretary of an organization, Humanitarian and Children Affairs in the region, told to the reporters that the new government can succeed to restore peace and stability in Somalia.

The Somali intellectuals have called for all the parts of the Somali society to give full support to the Somali government and halt conflicts between them to bring peace and harmony to Somalia.

______________________________ 1 – La Grande époque

Les islamistes «modérés» prennent le pouvoir en Somalie

Écrit par Aurélien Girard,

Les islamistes dits modérés remplacent l’armée éthiopienne à Mogadiscio. (Abdirashid Abdulle/AFP/Getty Images)Samedi 31 janvier, les tribunaux islamiques ont marqué leur grand retour en Somalie avec l’élection à la présidence du pays du cheikh Sharif Ahmed, ancien numéro deux des tribunaux islamiques qui avaient pris le pouvoir et rétabli la charia en 2006, avant d’être chassés à la fin de la même année par les troupes éthiopiennes. Alors que celles-ci viennent de se retirer, le Parlement somalien a donc choisi un islamiste dit modéré pour sortir le pays de l’état de guerre. Acclamé à Mogadiscio comme un nouvel espoir, Sharif Ahmed va devoir établir un gouvernement effectif dans un pays qui n’en a pas eu depuis 1991, et trouver une solution à la famine.

Sharif Ahmed, le chef de l’Alliance pour une nouvelle libération de la Somalie (ARS) a obtenu 293 voix sur 430 au second tour de scrutin, devançant largement les 14 autres candidats dont le préféré de l’Occident, l’actuel Premier ministre Nur Hassan Hussein. Ce dernier avait été l’artisan de l’union entre l’ARS et le gouvernement fédéral de transition en permettant que, le 9 juin à Djibouti, les deux camps formalisent une entente qui s’est traduite par un accord de paix signé le 19 août. Cet accord prévoyait – sous condition d’un retrait des troupes éthiopiennes, qui étaient resté stationnées à Mogadiscio depuis fin 2006 pour empêcher le retour des extrémistes musulmans – la construction d’une paix durable entre les modérés de l’Union des Tribunaux islamiques et le «gouvernement de transition».

Le nouveau président somalien

Le cheikh Sharif Ahmed était le numéro 1 des Tribunaux islamiques lorsqu’ils ont pris le pouvoir en Somalie en 2006.

Il était par ailleurs un proche d’Aden Hashi Farah, de son vivant leader du groupe terroriste Al-Shabab considéré par Washington comme le bras armé d’Al Qaida dans la région. Réfugié au Kenya après la fuite des tribunaux islamiques fin 2006, il a fait son grand retour en fondant sur une ligne modérée l’ARS – dont l’objectif principal a été le départ des troupes éthiopiennes – et en s’imposant comme l’interlocuteur majeur du processus de paix somalien.

Son élection a été largement aidée par le fait que le Parlement somalien, réuni à Djibouti, a été presque doublé au mois de janvier pour incorporer 200 membres de l’ARS, soit près de la moitié des députés.

Juriste formé en Libye, enseignant en géographie, Sharif Ahmed espère maintenant pouvoir convaincre une partie d’Al-Shabab de poser les armes.

«Les insurgés se sont battus pour obtenir le retrait des Ethiopiens et les Ethiopiens sont partis. Il n’y plus de raison de se battre et de tuer encore des Somaliens», déclare-t-il, cité par Reuters. «Nous sommes prêts à parler avec eux s’ils ont un programme politique, et nous sommes aussi disposés à parler religion avec eux».

La version 2 des Tribunaux Islamiques

La question de la capacité réelle des membres de l’ARS à garder une ligne dite modérée reste à illustrer dans leur exercice du pouvoir, puisque l’élection de Sharif Ahmed fait revenir la Somalie à la situation de mi-2006, à savoir l’époque où les tribunaux islamiques prônaient le rétablissement du sultanat somalien historique et l’application la plus stricte de la loi islamique – la charia.

Dans ce qui pourrait être un premier accroc, les tribunaux islamiques ont, dès le départ des troupes éthiopiennes, repris le contrôle de tous les points stratégiques de Mogadiscio… sans associer les forces de sécurité somaliennes comme l’accord de paix de Djibouti le prévoit.

De plus, différence notable aujourd’hui, l’ARS, qui s’est constituée en septembre 2007 à Asmara en Érythrée, n’est plus qu’un des protagonistes: une autre partie de l’Union des Tribunaux Islamiques s’est, elle, radicalisée lorsque les dirigeants de l’Union des Tribunaux Islamiques se sont réfugiés en Erythrée ou au Kenya fin 2006 : les militants d’Al-Shabab, repliés au Sud de la Somalie, ont ville par ville reconquis du territoire.

Le 23 août 2008, ils reprenaient le contrôle, après trois jours de combats à l’arme lourde, de la ville portuaire de Kismayo, la troisième plus grande ville de Somalie, au Sud du pays. Depuis le 27 décembre, ils sont à l’assaut des villes de Dhusamareb et Guricel, au centre du pays, où les combats ont entraîné la fuite de près de 90% de la population, soit environ 50.000 personnes. Beaucoup d’entre elles avaient déjà été déplacées par des combats à Mogadiscio. «La majorité des déplacés sont dispersés dans les villages environnant et ont désespérément besoin d’un toit, d’eau, de nourriture.

La situation des déplacés récents est aggravée par l’absence d’accès à l’aide humanitaire dans la région de Galgaduud due à la détérioration de la sécurité», souligne un communiqué de Mark Bowden, coordonnateur humanitaire des Nations Unies pour la Somalie. La région de Galgaduud affronte de plus une grave sécheresse alors qu’elle accueille quelque 130.000 déplacés venus de Mogadiscio.

Le 24 janvier, dans Mogadiscio même, au moins 14 civils ont été tués dans l’explosion d’une voiture piégée, suivie de combats entre forces de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et insurgés islamistes qui ont fait cinq morts civils de plus. Le kamikaze avait foncé avec une camionnette chargée d’explosifs sur un bus de transports publics, au moment de se faire contrôler à un barrage au Sud de Mogadiscio. Et le 29 janvier, les troupes d’Al Shabab se sont rendues maîtres de Baidoa, siège du Parlement, à 250 kilomètres à l’Ouest de Mogadiscio.

Le retrait éthiopien et le relais onusien

Après de longues hésitations, les Etats-Unis ont donc finalement décidé de proposer le 12 janvier aux Nations Unies un projet de résolution demandant le déploiement en Somalie d’une force de l’ONU. Le 16 janvier, en suivant la proposition américaine, le Conseil de sécurité a renouvelé pour six mois le mandat de l’AMISOM suite à quoi, «sous réserve d’une nouvelle décision d’ici au 1er juin 2009», une opération de maintien de la paix des Nations Unies prendra le relais des troupes africaines qui, comme au Darfour, sont peu professionnelles, mal équipées et en nombre insuffisant (2.800 hommes contre les 8.000 initialement prévus).

Le Conseil de sécurité demande déjà aux parties somaliennes et aux autres parties prenantes de «respecter les principes de l’Accord de paix de Djibouti, de mettre fin aux hostilités, et de garantir sans retard le libre accès de l’assistance humanitaire à la population somalienne».

Avec un ton dont la fermeté est inhabituelle dans les communiqués généralement lisses de l’agence, le Conseil de sécurité informe de l’«intention de prendre des mesures à l’encontre de ceux qui cherchent à empêcher ou bloquer tout processus politique pacifique, qui menacent par la force les participants au processus politique, ou qui compromettent la stabilité en Somalie ou dans la région».

Cette opération de maintien de la paix, demandée sans succès par feu le gouvernement de transition somalien, devra à Mogadiscio et dans ses environs faciliter l’assistance humanitaire, contrôler le respect de l’arrêt des hostilités ou assurer la sécurité et la liberté de mouvement du personnel de l’ONU.

Il aura donc fallu au Conseil de sécurité la perspective proche d’un retour au pouvoir des tribunaux islamiques pour prendre sa décision et risquer une répétition du fiasco de la seconde phase de l’opération «Restore Hope» en 1993.

Incapables de réconcilier les différents groupes en lutte en pleine guerre civile somalienne, les Casques bleus et les militaires américains avaient été la cible d’attaques de plus en plus fréquentes, répliquant de façon massive et inefficace pour finalement devoir se retirer en 1995 sur un constat d’échec complet.

Depuis 1991, la Somalie n’a pas connu de gouvernement national effectif. Après dix-huit ans de conflit armé incessant, ce qui était initialement une lutte politique s’est égrené en séparatismes divers (sécession du Nord, le Somaliland et du Nord-Est, le Puntland) pour finir en une lutte de tribus, n’ayant pour objectifs que le maintien de pouvoirs locaux.

Environ un million de Somaliens ont fui Mogadiscio depuis février 2007, lorsque des combats ont éclaté entre les soldats du gouvernement fédéral de transition soutenu par les troupes éthiopiennes et les insurgés. Environ 3 millions de Somaliens sur les 10 millions de la population vivent hors de leur pays, dont par exemple 230.000 réfugiés dans les camps surpeuplés de Dadaab au Kenya.