05/03/09 (B488) TSR (Ch) – En complément d’un précédent article qui faisait l’éloge des nouvelles justices nationales dans certains pays d’Afrique, c’est la Justice internationale qui touche un Président en exercice ! Même les Présidents en exercice ne seraient plus totalement à l’abri de la Justice. Nouvel avertissement aux amateurs …

La CPI a lancé un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir, une première

La Cour pénale internationale (CPI) a lancé mercredi un mandat d’arrêt contre le président soudanais O.el-Béchir pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour. Il s’agit du 1er mandat contre un chef d’Etat lancé par la CPI. La Cour n’a pas retenu l’accusation de génocide, contrairement à ce qu’avait demandé le procureur. Ce dernier accuse el-Béchir d’avoir orchestré une campagne de meurtres, de tortures et de viols au Darfour (ouest du Soudan). O.el-Béchir a déjà prévenu que la décision de La Haye n’aurait « aucune valeur ». Khartoum a aussi dit que toute coopération avec la CPI serait punie.

Les accusations du procureur Moreno-Ocampo concernent des actes commis par l’armée soudanaise, appuyée par des milices pro-gouvernementales janjawid, depuis mars 2003. Leurs attaques contre des villages du Darfour auraient coûté la vie à environ 35’000 civils. Le conflit qui déchire cette région de l’ouest du Soudan a fait 300’000 morts, selon l’ONU, et 10’000 selon Khartoum. En outre, quelque 2,7 millions de personnes ont été déplacées et 100’000 ont péri « de mort lente » dans des camps. Dans sa requête, le procureur estimait qu’Omar el-Béchir était pénalement responsable du génocide de trois ethnies.

L’annonce de la CPI a déclenché une manifestation de soutien à O.el-Béchir dans la capitale soudanaise. En revanche, elle a été accueillie par des cris de joie dans les camps de réfugiés. Redoutant une flambée de violence, Ban Ki-moon a appelé Khartoum à assurer la sécurité de la population. Les pays occidentaux ont salué cette avancée dans la lutte contre l’impunité, demandant au Soudan de coopérer avec la justice. Pour la Russie, il s’agit d’un dangereux précédent. De même, l’Union africaine y voit une menace pour la paix. L’Ethiopie a fait savoir qu’elle ne tiendrait pas compte du mandat d’arrêt.