11/04/09 (B494) Le journal de la Flibuste ….. La libération du Tanit par les forces françaises, dont c’est la troisième intervention contre les pirates. Mais cette fois, il y a eu un mort parmi les otages … ( 4 articles en Français)

____________________________ 4 – Le Point

NOS RÉVÉLATIONS – Libération des otages du Tanit : 70 commandos marine parachutés en mer

Par Jean Guisnel

Le ministre de la Défense Hervé Morin n’a pas tout dit, lors de sa conférence de presse d’hier soir, sur la libération des otages du Tanit, capturé le 4 avril à environ 640 km au large de Ras Hafun, dans le nord-est de la Somalie, et sur les conditions de la mort de l’un d’entre eux, Florent Lemaçon.

Le premier élément concerne les forces utilisées pour cette opération. Énormes ! Plusieurs dizaines de militaires ont été directement concernés, dont 70 commandos marine. Vingt d’entre eux étaient prépositionnés à Djibouti, et 50 ont été envoyés de France dans le courant de la semaine, parmi lesquels tous les spécialistes français les plus entraînés aux opérations d’assaut à la mer (tireurs d’élite, etc.), venant de plusieurs commandos marine. Ce groupe comprenait également des nageurs de combat du commando Hubert. L’opération était organisée par l’état-major tactique du Cofusco (Commandement des fusiliers marins et commandos) de Lorient, sous l’autorité de son chef d’état-major, le capitaine de vaisseau Paul-Henri Desgrées du Lou.

Aucune négociation n’a été possible

Outre ces spécialistes, des négociateurs ont été également envoyés sur place, accompagnés par des linguistes parlant le somali. La défense parle de « professionnels » pour évoquer ces négociateurs, sans autre précision. Nous pouvons ajouter qu’ils appartiennent à la DGSE, services secrets français. L’ensemble de ces personnels, soit plus de 70 personnes, ont été « tarponnés » (parachutés en mer) à partir d’un avion C-130 Hercules ayant décollé de Djibouti. Cette configuration est celle qui a déjà été mise en place dans l’affaire des otages du Carré d’As, en septembre 2008, et qui n’a jamais été divulguée. On remarque qu’elle ne fait appel qu’aux seuls services du ministère de la Défense, et qu’elle n’a pas recours au GIGN, contrairement à ce qui s’est passé lors de l’affaire du Tanio.

Simultanément, à chaque étape de l’opération en préparation, des réunions se sont tenues à l’Élysée avec le président de la République en personne, auxquelles ont participé, notamment, le ministre de la Défense Hervé Morin, le chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, et le chef de l’état-major particulier de la présidence de la République. Toutes les décisions, successivement, ont été prises en direct par le chef des armées, Nicolas Sarkozy, qui confirme, une fois encore, sa volonté de conduire les opérations militaires rênes courtes. La décision d’intervenir hier en fin d’après-midi a été prise pour plusieurs raisons. La principale, c’est que le voilier se rapprochait dangereusement des côtes somaliennes, et Paris ne voulait en aucune manière avoir à gérer des otages, dont un jeune enfant, retenus sur le sol du Puntland, entité sans statut juridique.

Les otages libérés arrivent à Paris dimanche

Actuellement, près de 150 marins étrangers y sont déjà retenus. Les autorités françaises se sont également aperçues que les pirates somaliens fonctionnaient comme ceux du XVIIIe siècle. Une fois le bateau arraisonné, il est confié à un « équipage de prise » composé de convoyeurs de rang subalterne. Aucune négociation n’a été possible avec eux, et ils ont refusé toutes les ouvertures, qu’il s’agisse du versement d’une rançon ou de l’échange de la mère et de son enfant contre un officier. Pire : les interceptions des communications des pirates utilisant les moyens de communication du bord ont révélé que leurs commanditaires à terre leur donnaient des instructions radicales. Les convoyeurs ont menacé de faire sauter le Tanit avec les otages en se suicidant, en cas d’assaut. Celui-ci est intervenu en fin de journée.

Quatre bâtiments ont participé à cette opération. Il s’agit des navires français l’ Aconit, le Floréal et le Commandant Ducuing, ainsi que d’un navire allemand disposant d’infrastructures hospitalières lourdes, la frégate Mecklenburg-Vorpommern. Au cours de l’assaut, les otages situés à l’avant (les deux amis des propriétaires) et à l’arrière du bateau (la mère et l’enfant) ont été sécurisés immédiatement. À l’intérieur du voilier, des pirates se sont mis à tirer au kalachnikov à la verticale, à travers le pont.

Dans des conditions encore indéterminées qui seront élucidées par l’enquête, le skipper du voilier, Florent Lemaçon, a été tué. De même que deux preneurs d’otages. Le ministre de la Défense Hervé Morin n’a en tout cas pas exclu samedi sur Europe 1 que Florent Lemaçon été tué par « un tir français ». « Il y aura une enquête judiciaire et donc une autopsie. On ne peut pas exclure que dans l’échange de tirs entre pirates et commandos le tir soit français », a en effet déclaré le ministre de la Défense. Il a par ailleurs annoncé samedi que les quatre otages libérés arriveraient dimanche à Paris. Il a de fait affrété un avion à cet effet.

____________________________ 3 – L’Express avec Reuters

La France libère des otages dans l’océan Indien, un mort

La France a libéré vendredi par la force quatre de ses ressortissants retenus en otages sur un voilier dans le golfe d’Aden par des pirates somaliens mais un cinquième a été tué dans l’opération, a annoncé l’Elysée.

La France a libéré vendredi par la force quatre de ses ressortissants retenus en otages sur un voilier, « Le Tanit », dans le golfe d’Aden par des pirates somaliens mais un cinquième a été tué dans l’opération. (Reuters/Marine Nationale)

La victime est le père de l’enfant qui était otage, a précisé le ministre de la Défense, Hervé Morin.

Deux pirates ont en outre trouvé la mort et trois ont été capturés.

Un bâtiment de la marine française avait pu immobiliser jeudi Le Tanit, un voilier saisi samedi dernier par des pirates, et prendre contact avec ces derniers, précise l’Elysée dans un communiqué.

« Des négociations se sont engagées pour persuader les pirates de renoncer à leur entreprise criminelle (…) Aujourd’hui, les menaces se faisant plus précises, les pirates refusant les propositions qui leur étaient faites et le Tanit dérivant vers la côte, une opération pour libérer les otages a été décidée, » explique-t-elle.

« Nous avons proposé la totalité de ce que nous pouvions proposer, afin de leur permettre de rejoindre le sol. Nous leur avons même proposé une rançon », a déclaré de son côté le ministre de la Défense lors d’une conférence de presse.

Prié de préciser le montant de cette rançon, Hervé Morin s’est limité à dire qu’il s’agissait d' »une rançon ».

Selon le récit de l’état-major des armées, l’opération a duré six minutes au total. Il y a avait cinq pirates à bord, dont trois sur le pont. Deux ont été tués par des tireurs d’élite et un est tombé à l’eau.

Une fusillade s’est ensuite engagée avec les derniers pirates, au cours de laquelle le père de l’enfant otage a été tué. Une enquête a été ouverte pour connaître les circonstances de ce décès.

Les quatre survivants ont été transférés sur un bateau de la marine nationale. Il est en route vers Djibouti, d’où ils prendront un avion pour rejoindre la France.

Le Tanit avait quitté Aden le 14 mars et faisait route vers les Seychelles.

Des militaires français étaient déjà intervenus à deux reprises pour libérer des voiliers français et leurs occupants retenus en otages par des pirates somaliens, le Ponant et le Carré d’As, en avril et en septembre 2008.

C’est la première fois qu’une telle opération se solde par un mort du côté des otages français.

« LA FRANCE NE CÈDERA JAMAIS AU CHANTAGE DE LA PIRATERIE »

« Le président de la République présente ses condoléances attristées à la famille et aux proches de la victime », déclare l’Elysée dans son communiqué.

Nicolas Sarkozy rend hommage « au courage des militaires engagés dans cette opération » et « réaffirme toute la détermination de la France à ne pas céder au chantage et à tenir en échec la piraterie ».

« La France a une politique constante qui est de refuser les actes de piraterie et d’éviter que ses ressortissants ne soient conduits à terre comme otages », souligne l’Elysée, qui précise que le chef de l’Etat recevra les personnes libérées à leur retour en France.

Selon Hervé Morin, 15 bateaux sont encore détenus dans la région du golfe d’Aden, dont certains depuis plusieurs mois, et 243 otages sont entre les mains des pirates.

« La France a démontré toute sa détermination pour ne pas céder au chantage, tenir en échec ces actes criminels et libérer nos compatriotes chaque fois qu’un bâtiment battant pavillon français a été arraisonné », a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

« La France ne cèdera jamais au chantage de la piraterie comme du terrorisme », a insisté le ministre, qui a invité les ressortissants français à éviter le golfe d’Aden.

« Je réitère de la manière la plus nette et la plus ferme la mise en garde à tous nos compatriotes qui auraient en tête de s’aventurer dans cette zone de l’océan Indien et leur demande expressément d’y renoncer », a-t-il dit.

____________________________ 2 – RFI

Un otage tué et 4 libérés lors d’une opération de l’armée française

Un otage du voilier français Tanit, capturé samedi dernier dans le golfe d’Aden par des pirates somaliens, a été tué. Les quatre autres otages, dont un enfant, ont été libérés par l’armée française, selon un communiqué diffusé vendredi soir à Paris par la présidence de la République. Deux pirates ont été tués et trois autres ont été faits prisonniers. Au cours d’une conférence de presse à Paris, le ministre de la Défense Hervé Morin a indiqué que l’otage tué pendant l’opération des forces spéciales est le père de l’enfant.

L’opération commando

A chaque fois qu’un bateau français a été attaqué, au large des côtes de la Somalie, la France est intervenue pour libérer les otages. Ce fut le cas l’an dernier avec les voiliers le Ponant et le Carré d’as mais cette fois l’opération était beaucoup plus risquée. D’abord parce que le Tanit est un navire de petite dimension qui offre peu de recoins pour se cacher et ensuite parce qu’il y avait à bord un enfant de trois ans.

Ce sont pourtant les mêmes équipes qui avaient mené à bien les libérations des deux autres navires français, qui ont été envoyées pour intervenir sur le Tanit. Une opération qui nécessite une parfaite coordination. Au moment même où les tireurs d’élites abattaient les pirates qui se trouvaient sur le pont du voilier, un zodiac avec à son bord huit fusiliers commandos marins, prenait d’assaut le navire. Mais dès les premiers coups de feu et l’effet de surprise passé, les pirates, qui se trouvaient encore à l’intérieur, ont fait usage de leur kalachnikov. C’est très certainement durant cet échange de tir avec les forces spéciales que le skipper Florent Lemaçon a reçu une balle perdue. Une enquête a été ouverte pour savoir exactement qui a été à l’origine de ce tir fatal.

La fin tragique de l’opération vient rappeler que ces missions sont toujours extrêmement délicates et que la puissance de feu ne suffit pas. Il y avait autour du Tanit pas moins de trois frégates de la marine nationale, et près de soixante dix fusiliers commandos prêts à l’action. Mais c’est seulement un petit groupe d’hommes, très entraînés, qui, au dernier moment, s’est retrouvé face aux pirates sur un voilier de douze mètres de long.

Un enchaînement infernal

Depuis plusieurs jours, la marine française savait où se trouvait le Tanit, ce bateau attaqué par des pirates, samedi dernier. Jeudi, les soldats français et des personnes chargées de négocier, avaient appelé les pirates à la radio pour leur proposer un marché : « Relâcher les cinq otages contre une rançon ». C’est-à-dire donner de l’argent aux bandits pour qu’en échange ils laissent partir les Français. Mais, les pirates n’ont rien voulu savoir et ils ont continué à naviguer vers la terre ferme, vers le port de Ras Hafun en Somalie. Mais « face à des menaces de plus en plus précises », une opération pour libérer les otages avait été décidée au plus haut niveau.

Hervé Morin, ministre français de la Défense
« L’ensemble des éléments, conjugués avec le fait que la dérive naturelle du bateau l’amenait à être sur les côtes dans la nuit, ont conduit le président de la République à décider d’une intervention. »

Général Jean-Louis Georgelin, chef d’Etat-major des armées
« Deux fusillers-commandos ont immédiatement pu sécuriser deux des otages qui étaient à l’avant du bâtiment, deux autres – la mère et l’enfant – ont été sécurisés à l’arrière. »

Le capitaine américain toujours prisonnier

Un autre groupe de pirates somaliens réclame le paiement d’une rançon pour libérer le capitaine américain du porte-conteneurs Maersk Alabama, pris mercredi dans l’océan Indien. Le navire a échappé à ce groupe, mais ils ont capturé le capitaine qu’ils retiennent prisonnier en mer à bord d’un canot de sauvetage. Celui-ci aurait tenté de s’évader à la nage mais a été repris par ses kidnappeurs.

Des navires de guerre américains se trouvent actuellement dans la zone où l’otage est captif. La récupération du capitaine sain et sauf est qualifié de priorité absolue par Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense. Sa collègue des Affaires étrangères Hillary Clinton prône, quant à elle, une solution internationale au fléau de la piraterie dans la Corne de l’Afrique.

La marine nationale française en première ligne

La marine nationale française est en première ligne dans cette lutte contre la piraterie somalienne. Elle vient d’ailleurs de se voir confier le commandement de la Combined Task Force (CTF 150). Il s’agit d’une flotte de la coalition internationale qui mène, depuis 5 ans, des opérations contre le terrorisme et la contrebande dans l’océan Indien.

____________________________ 1 – AFP

La libération du voilier français Tanit s’achève dans le drame: un otage tué

Le détournement du voilier français « Tanit » par des pirates somaliens s’est achevé dans le drame vendredi, un des cinq otages étant tué dans une opération de l’armée française, la troisième de ce type en un an.

L’otage tué a été touché à l’intérieur du voilier, lors d’un échange de tirs entre les pirates et les forces françaises, a précisé le chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin. La victime était le skipper du bateau et père d’un enfant de trois ans, l’un des quatre autres otages qui ont été libérés sains et saufs.

Deux pirates ont également été tués et les trois autres faits prisonniers, lors de cette opération annoncée par la présidence française.

Le voilier de 12,5 mètres avait été capturé le 4 avril au large des côtes somaliennes, parmi les plus dangereuses au monde et infestées de pirates qui opèrent de plus en plus au large, avec à son bord le couple de propriétaires et leur enfant de trois ans, partis de Bretagne en juillet dernier, ainsi que deux amis qui les avaient rejoints en route.

Jeudi, l’un des bâtiments de la marine française déployés dans la zone dans le cadre des efforts internationaux de lutte contre la piraterie « a pu prendre contact avec les pirates et a immobilisé le Tanit », selon la présidence française.

Les négociations étant dans l’impasse et le voilier « dérivant vers la côte, une opération pour libérer les otages a été décidée », a précisé la présidence. Des commandos de marine sont intervenus, a-t-on appris de source proche du dossier.

Le ministre français de la Défense Hervé Morin a annoncé que la France avait « même proposé une rançon », sans en fournir le montant, et de « leur permettre de pouvoir rejoindre le port, avec un bateau ». « Toutes ces choses ont été en permanence et constamment refusées », a-t-il dit.

Il a ajouté demander « expressément » aux Français qui voudraient se rendre au larges des côtes somaliennes d’y renoncer.

Cette zone est la plus dangereuse actuellement. Après une relative accalmie des attaques depuis le début de l’année, les pirates ont capturé en moins d’une semaine six navires, malgré la présence de navires de guerre internationaux postés au large de la Somalie pour les neutraliser.

Un groupe retenait toujours vendredi en otage le capitaine américain de l’un d’eux, sous la menace d’un croiseur de l’US Navy.

Un bâtiment français participant aux opérations de surveillance anti-piraterie au large de la Somalie avait d’ailleurs croisé le Tanit mi-mars, déconseillant fermement aux plaisanciers de poursuivre leur route vers le Kenya et Zanzibar. En vain.

Avant l’attaque, ils avaient écrit sur leur blog sur internet: « Le danger existe, et il s’est sans doute accru au fil de ces derniers mois, mais l’océan reste vaste. Les pirates ne doivent pas anéantir notre rêve ».

La France a toujours manifesté sa fermeté face à la piraterie et depuis un an, les commandos français sont intervenus à deux reprises avec succès pour libérer des bateaux français et leurs équipages aux mains de pirates somaliens.

Et vendredi, tout en présentant « ses condoléances attristées », Nicolas Sarkozy a tenu à « réaffirmer toute la détermination de la France à ne pas céder au chantage et à tenir en échec la piraterie ».

Le 11 avril 2008, les forces spéciales avaient libéré les 30 membres d’équipage du voilier de luxe Le Ponant, capturé une semaine plus tôt, après versement d’une rançon estimée à deux millions de dollars.

Le 15 septembre 2008, des commandos sont à nouveau intervenus pour libérer un couple de Français retenus depuis près de deux semaines par des pirates somaliens sur leur voilier, le Carré d’As. Un pirate avait été tué.

Douze pirates capturés lors de ces opérations sont détenus en France.