18/05/09 (B499) Quel plus terrible fléau que l’injustice de la tyrannie qui a les armes à la main, le mensonge pour drapeau et les complicités aveugles de l’Occident comme bouclier ? (par Bouh Warsama)


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Quel plus terrible fléau que l’injustice de la tyrannie qui a les armes à la main, le mensonge pour drapeau et les complicités aveugles de l’Occident comme bouclier ?

Dans l’antiquité romaine, le terme de « garde prétorienne » était affecté à une unité de l’armée romaine de soldats supposés être d’élite et initialement recrutés que sur le territoire de l’Italie.

Selon l’encyclopédie Wikipéda, ces unités tirent leur origine du petit groupe d’hommes dont s’entouraient les magistrats républicains connus sous le nom de « préteurs » et leur nom du camp des légions romaines où était dressée la tente du commandant de la légion ; à savoir le « prétoire » quand ils partaient en campagne.

Dans la quasi-totalité des cas ces gardes prétoriennes fonctionnaient à partir de règles rigoureuses et bien établies dont un certain sens du devoir, de la loyauté et de la dignité.

Le temps des chevaliers

Puis vint le temps de la « chevalerie » qui désigne l’institution féodale des chevaliers avec toutes les valeurs qui lui sont associées ; notamment la prouesse en tant que courage, la loyauté dans le sens de l’honneur, la largesse qui sous entend la générosité vis-à-vis des plus faibles, des plus pauvres, des malades ou handicapés et la notion d’amour courtois qui est la façon réglementée de séduire une femme à la cour.

On observera que bon nombre de ces qualités humaines, notamment le sens de l’honneur et le respect de la dignité humaine et de la femme courtisée se retrouvent dans les versets religieux d’Al Kürran (le Coran) comme dans l’immense richesse intellectuelle que constitue la littérature arabe, entre autres avec Al Khalil ben Ahmed, qu’accompagnent la musicalité et la beauté de ses poésies.

Le temps des acteurs privés de la violence

Les temps vont ensuite bien changer, à ces chevaliers des temps anciens vont succéder bien plus tard les acteurs privés de la violence qui joueront incontestablement alors un rôle déterminant dans les conflits africains à partir de 1960 et continuent de le faire souvent au détriment des armées nationales, des hommes d’honneur (quel que soit leur grade) relégués au rang de simples observateurs muets comme c’est le cas actuellement en Irak et à Djibouti.

Souvenons-nous de ceux que l’on avait surnommé les « affreux » et qui mirent à feu et à sang la province congolaise du Katanga entre 1960 et 1963 ; pillant, violant, capables des pires actes de tortures et massacrant les populations dans les pires excès de barbarie qu’il soit.

Des unités constituées de mercenaires et dénommés les « chiens de guerre » furent ensuite engagées dans la guerre du Biafra entre 1967 et 1970 puis dans les conflits coloniaux du Mozambique et de l’Angola. Il y eut aussi les « faiseurs de rois » comme aux Comores impliqués dans des coups d’état en 1975 et 1978.

Ainsi des centaines de mercenaires étrangers – pas forcément occidentaux – furent engagés par bien des pays lors de conflits en Afrique qui étaient, le plus souvent, des guerres intestines.

Pour la plupart de ces mercenaires, ces conflits s’inscrivaient dans une démarche de lutte contre toutes les formes de communisme, dénommé le « Péril rouge », à laquelle adhéraient de nombreux anciens militaires occidentaux et africains ; une sorte de vernis supposé être idéologique et bien souvent sincère mais où ces hommes y perdirent souvent leur dignité et leur honneur de soldat ou simplement d’être humain.

C’est ainsi que les occidentaux vont aussi procéder au passage à la « liquidation » de leaders africains, parfois par l’entremise de leur garde présidentielle. Tel Thomas Sankara qui tentait de s’affranchir du joug de l’après colonisation, de construire son pays le Burkina Fasso (le pays des hommes intègres) et a conduit une politique d’affranchissement du peuple burkinabé jusqu’à son assassinat. Ce n’est pas sans raison qu’il est aujourd’hui revendiqué comme un modèle par une bonne partie de la jeunesse africaine.

Le temps des « Consultants et Conseillers »

Puis le temps des mercenaires à l’ancienne s’est éteint alors que d’autres acteurs privés sont apparus ou réapparus et qui, pour une supposée déontologie politique qui veut avoir une artificielle bonne conscience, ont pris l’appellation de « Consultants » ou de « Conseillers » (technique, administratif…militaire etc).
Mercenaires formés en un temps au métier des armes et qui ont toutes les compétences pour dispenser des formations adaptées aux besoins des pouvoirs en place ; notamment aux futures troupes dites d’élite constituant les gardes présidentielles mais sont aussi des spécialistes en renseignement, des écoutes et des « effaçages » de « fouineurs » ou autres opposants au régime politique dominant.

La déliquescence de certains États africains – s’appuyant le plus souvent sur l’exploitation d’artificielles oppositions ethniques ou tribales – a favorisé l’émergence, dans des zones de non-droit, telle la Somalie et souvent riches en matières premières à haute valeur ajoutée (or, diamant, coltan, gaz et pétrole), de pouvoirs occultes tenus par des hommes devenus des seigneurs de guerre et du piratage des navires sur les océans.

Tout comme leurs fournisseurs d’armes, ceux-ci ont bien compris que les guerres, y compris et surtout la manipulation politique d’artificielles oppositions de religions, sont une source de profits à très forte rentabilité financières presque incommensurables ; alors qu’initialement avec un peu d’argent, des armes et en fomentant des haines entre tribus et en les attisant, on pouvait recruter, armer (et droguer) des centaines de miliciens, souvent des enfants soldats, et mettre en coupe réglée des territoires de plus en plus vastes pour y imposer sa domination.

Privatisation de la violence en Afrique

Cet aspect de la privatisation de la violence est certainement le plus préoccupant, et le plus lourd de conséquences dans une perspective géopolitique à moyen terme notamment dans la Corne Est de l’Afrique.

Mais, là encore, l’Afrique n’a rien inventé si l’on se réfère à toutes les guerres qui ont émaillé du sang de millions de vies humaines l’histoire des pays occidentaux ; encore récemment en ex Yougoslavie.

Il est à craindre que l’évolution à Djibouti sous Ismaïl Omar Guelleh ne soit en fait qu’une orientation préparatoire vers une « sous-traitance privée » bientôt officialisée des moyens militaires.

Pour en arriver à des Armées, de terre, de mer et de l’air qui ne sont déjà plus qu’une façade, un miroir aux alouettes servant à attirer des budgets et des aides internationales bien vite détournées pour venir entretenir et engraisser de puissantes « milices privées de quartiers »(sous la coupe des SDS et masquées par de fausses ONG locales) constituées d’étrangers et se substituant pour partie à la Police et à l’Armée.

Hommes et femmes vouant un véritable culte au président autoproclamé Ismaïl Omar Guelleh ; servant prioritairement à sa protection et à l’organisation de manifestations de soutien.
Sur le fond, ce sont des outils de la police politique (les SDS) qui sont déjà partiellement en place dans la capitale et financés pour partie par les aides et les dons internationaux à différents titres (ONG …santé, lutte contre toutes les pandémies …etc. Là où il y a du fric à prendre).

On sait qu’Imaïl Bobard n’a que faire des lois, de la Constitution nationale, des Droits Humains et encore bien moins du contenu de la Convention de 1989 « contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires » ; mercenaires étant aussi pris au sens de « milices locales ».

De par la position stratégique, géopolitiquement parlant, de Djibouti IOG connaît les limites de l’acceptable qui lui sont consenties par les grandes puissances occidentales et se sait à l’abri de toute condamnation par ces mêmes puissances ou par les instances internationales.

Machiavel affirmait que pour qu’un prince étranger s’empare d’un pays régi par un gouvernement républicain, il faut qu’il liquide la totalité de la population, puisque dans un tel pays le pouvoir est partout, dans chacun des membres de la population.

S’il a toujours manqué à Djibouti cette unité inébranlable entre le peuple et l’armée c’est qu’Ismaïl Omar Guelleh s’est toujours efforcé de briser dans l’œuf cette possibilité d’unité tout comme il l’a fait avec l’opposition politique.

A Asmara comme à Djibouti, le conflit entre l’Erythrée et Djibouti n’est qu’un stratagème de l’un et de l’autre président aux fins :

  • de tirer le maximum de fric des instances internationales en jouant, par chantage, sur la misère et la sècheresse subies par les populations ;
  • de monter les opinions publiques locales, à Asmara comme à Djibouti, en les poussant l’une contre l’autre et les faire encadrer par les « milices de quartiers » lors de défilés de soutien à la politique menée contre l’état voisin. Ce faisant, ceci bloque toute autre manifestation revendicative…. ;
  • de mobiliser les armées derrière le drapeau et la sauvegarde du territoire national et de procéder par le fait à un « nettoyage » tribal et ethnique en envoyant sur le front des hostilités les Officiers, Sous Officiers et soldats qui dérangent le pouvoir et les plus opposés au régime politique en place.

Pour conclure, on peut affirmer que la lente épuration, lancée dès 1996, au sein des Armées pour remplacer chaque militaire Djiboutien par un étranger favorable à IOG a produit les effets escomptés alors que la corruption entretenue sciemment en son sein lui permet d’acheter à moindre coût des consciences afin de se prémunir d’un éventuel « coup d’état militaire » ; mais pour combien de temps encore ?

La guerre contre l’Erythrée aura laissé le pays avec trois armées : une Armée de morts et d’infirmes, une Armée de familles en pleurs et exclues de leurs logements militaires, une Armée de profiteurs et d’escrocs.