26/05/09 (B500) Le journal de la Flibuste … (2 articles en Français)

_________________________ 2 – Portail des sous-marins

Le président Sarkozy explique la position de la France sur la piraterie

Par Rédacteur en chef.

Le président Sarkozy a, dans un entretien publié par le journal émirati Khaleej Times, expliqué la position de la France sur la piraterie maritime au large de la Somalie.

La France est particulièrement active contre la piraterie dans le golfe d’Aden. Si la méthode militaire seule n’est pas efficace, comment ce phénomène peut-il être éradiqué ?

Vous avez raison de dire que le problème de la piraterie dans les eaux somaliennes ne peut être résolu par les seuls moyens militaires. Dans le même temps, il est utile de faire appel à la force armée, mieux, c’est nécessaire.

La France a été le premier pays à se lancer dans cette bataille avec détermination dès septembre 2007. J’avais annoncé devant l’Assemblée Générale de l’ONU que les forces navales françaises allaient escorter les navires appartenant au Programme Alimentaire Mondial. Cela a donné naissance à l’opération ALCYON. C’est aussi la France qui a proposé, pendant qu’elle présidait l’Union Européenne en décembre 2008, de lancer l’opération Atalante, la toute première opération navale européenne pour lutter contre la piraterie dans les eaux somaliennes et le golfe d’Aden.

Aujourd’hui, personne ne doute de l’efficacité de ces opérations, puisqu’aucun navire appartenant au Programme Alimentaire Mondial n’a été attaqué depuis le lancement d’Alcyon, et qu’aucun navire protégé dans le cadre d’Atalante n’a été visé par les pirates. Nous avons mené plusieurs opérations pour libérer des citoyens français, qui avaient été pris en otage par les pirates.

Une de ces opérations a malheureusement entraîné la mort d’un de nos concitoyens. Cet incident douloureux a eu un énorme impact sur nous. Mais les pirates doivent savoir que nous ne nous soumettrons jamais à leurs extorsions et qu’ils nous trouverons toujours devant eux. Les forces français ont arrêté 70 pirates pour l’instant et certains d’entre eux seront jugés en France.

Comme vous l’avez souligne, ces opérations ne sont pas suffisantes pour mettre fin à la piraterie dans la région, puisque la piraterie est avant tout le résultat de la défaillance de l’Etat Somalien. La Somalie est aujourd’hui un pays déchiré, où le gouvernement que nous soutenons a des difficultés à imposer son pouvoir.

Donc, nous devons aider le peuple somalien à reconstruire leur pays. Par conséquent, il est devenu nécessaire aujourd’hui plus que jamais, de soutenir le travail du nouveau président Sheikh Sharif, ainsi que la dynamique de réconciliation qu’il a lancé par la formation du gouvernement d’unité nationale, pour la première fois depuis 1991.

C’est le devoir de la Communauté Internationale de soutenir les autorités légitimes de ce pays et de les aider à renforcer les institutions somaliennes, en particulier les forces de sécurité qui en dépendent. C’est aussi notre devoir de renforcer la Mission en Somalie de l’Union Africaine (AMISOM), et c’est ce que nous faisons maintenant.

La conférence des donateurs, le 23 avril à Bruxelles, pourrait porter à 213 millions $ les sommes allouées aux forces de sécurité somaliennes, la police et l’AMISOM. Cela vient en plus du soutien direct que les Forces françaises à Djibouti fournissent pour entraîner les forces de sécurité somaliennes et les soldats de l’AMISOM.

Mais, il est aussi nécessaire que nous nous tenions aux côtés du peuple somalien pour répondre à l’urgence humanitaire, qui touche près de la moitié de la population. En 2008, la France a augmenté son aide humanitaire à la Somalie et nous allons renforcer substantiellement nos efforts en 2009.

___________________________ 1 – Ouest France

L’amiral se met dans la peau d’un pirate somalien

L’amiral Laurent Mérer a commandé la zone maritime de l’océan Indien, en 2001-2002. Il fut par la suite préfet maritime de l’Atlantique à Brest. : Ouest-France

Dans un roman, l’amiral Laurent Mérer, ancien préfet maritime de l’Atlantique, raconte comment de modestes pêcheurs se sont transformés en redoutables pirates. Passionnant.

Vous avez commandé la zone maritime de l’océan Indien. Aviez-vous été confronté à des pirates ?
En 2002, j’étais là-bas quand un petit caboteur libanais en avarie, le Princess Sarah, a été capturé à la limite des eaux territoriales somaliennes. À l’époque, personne ne s’intéressait à cette question de la piraterie. Nous sommes pourtant intervenus. La frégate française Floréal a sauvé l’équipage composé de Syriens et de Libanais. On entendait ces gens qui parlaient français appeler au secours de façon poignante à la radio.

Pourquoi avoir choisi la fiction pour parler de ces pirates de Somalie ?
Ce qui m’a d’abord motivé, c’est de raconter une histoire, de faire vivre des personnages. J’ai voulu comprendre qui sont ces hommes qui se livrent à la piraterie. De modestes pêcheurs se sont transformés en bandits de haute mer. Ils méritent peut-être notre intérêt, même s’ils sont des crapules.

D’ailleurs, votre héros, Osmane, suscite plutôt la sympathie…
J’ai appris qu’il y avait un interprète sur le Ponant, ce voilier français capturé par des pirates voici un an. Cela m’a inspiré le personnage d’Osmane. Ce n’est pas le pêcheur de base.Il a fait des études, c’est un intellectuel. Il a subi un traumatisme puisqu’il a perdu toute sa famille lors des combats dans la capitale, Mogadiscio. Dans le fond, il est un peu à l’image des jeunes d’aujourd’hui. Il se laisse entraîner sans jamais décider vraiment de son sort.

Que sait-on de ces pirates qui semblent surgis de nulle part ?
On l’avait un peu oublié, la Somalie est une région traditionnellement favorable à la piraterie. Il suffit de relire Henry de Monfreid. Le phénomène a resurgi à la faveur de l’anarchie qui sévit dans le pays. Entre 1990 et 2000, les pêcheurs somaliens ont vu leurs eaux pillées par des bateaux yéménites, puis asiatiques, sans que personne ne s’y oppose. Ils ont été privés de leurs ressources. La piraterie d’aujourd’hui est une réaction à ce pillage.

Vous attirez aussi l’attention sur les conséquences du tsunami de 2004…
Le tsunami a dévasté les côtes somaliennes. Il a détruit l’outil de travail des pêcheurs. Il a révélé que la Somalie avait servi de poubelle pour des entreprises ou des pays peu scrupuleux. Des conteneurs éventrés avec des déchets industriels ou hospitaliers se sont échoués sur les plages. Tout cela n’excuse pas la piraterie mais fait partie de son contexte. Les attaques de pirates augmentent de façon exponentielle depuis 2004.

Votre héros connaît une fin tragique en tentant de quitter la Somalie. Le crime ne paie pas ?
J’ai plutôt voulu dire qu’il y avait d’autres drames dans ce pays. Ainsi, le port de Bossasso est le centre de l’immigration clandestine de toute l’Afrique de l’Est. Il s’y passe des scènes terrifiantes. La fin tragique de mon personnage est celle de beaucoup de jeunes Africains.

Propos recueillis par
Olivier MÉLENNEC