25/06/09 (B504-B) Nouvelles de Somalie … (5 articles en Français)

_____________________ 5 – Le Monde

L’Amisom s’apprête à lancer une radio pour promouvoir la paix

La Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) s’apprête à lancer une station de radio destinée à promouvoir la paix dans ce pays de la Corne de l’Afrique ravagé par 18 ans de guerre civile.

"La planification du projet a commencé l’année dernière. L’Amisom, les Nations unies et le gouvernement somalien sont impliqués", a déclaré le porte-parole de l’armée ougandaise, le commandant Felix Kulayigye.

Le commandant Kulayigye a précisé que tous les programmes seraient "éducatifs et viseraient à renforcer la paix".

La station, dont la date exacte de lancement n’a pas été précisée, diffusera en anglais, en somali et en kiswahili.

L’Ouganda est, avec le Burundi, le pays qui contribue le plus à l’Amisom, forte de 4.300 hommes sur 8.000 initialement prévus.

Déployée à Mogadiscio depuis mars 2007, l’Amisom, qui est régulièrement la cible des attaques des insurgés islamistes, est la seule force étrangère déployée dans ce pays en guerre civile depuis 1991.

Les insurgés islamistes ont juré de combattre jusqu’au départ de l’Amisom qu’ils considèrent comme une "force d’occupation".

_____________________ 4 – Amnesty International

Somalie. Al Shabab ne doit pas pratiquer d’amputation

Amnesty International demande au groupe armé Al Shabab de ne pas pratiquer les amputations prévues sur quatre hommes accusés de vol, le 23 juin 2009 au matin, à Mogadiscio.

Les quatre jeunes gens ont été condamnés le 22 juin 2009 à l’amputation croisée (qui consiste à amputer la main droite et le pied gauche) par un « tribunal spécial » créé par Al Shabab dans son camp militaire, dans le nord de Mogadiscio. Ils étaient accusés d’avoir volé des pistolets et des téléphones mobiles à des habitants de Mogadiscio.

« Nous exhortons Al Shabab à ne pas appliquer ces châtiments cruels, inhumains et dégradants, a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International. Les peines ont été prononcées par un simulacre de tribunal institué par Al Shabab, sans aucun respect des règles de procédure ni aucune garantie d’équité. »

Les quatre hommes auraient reconnu le vol, mais ils n’ont pas été représentés par un avocat et n’ont pas eu le droit d’interjeter appel contre leur condamnation. Les amputations, selon certaines informations, seront pratiquées au camp d’Al Shabab appelé Masla, dans le nord de Mogadiscio.

Complément d’information

Des factions d’Al Shabab et le groupe armé Hisbul Islam, avec à sa tête Sheikh Hassan Aweys, ont lancé une offensive militaire contre les forces du gouvernement fédéral de transition le 7 mai 2009. L’opposition armée contrôle plusieurs districts de Mogadiscio. Une coalition dirigée par Al Shabab qui contrôle le port de Kismaayo, dans le sud de la Somalie, a pratiqué au moins deux amputations depuis le début de 2009.

___________________ 3 – Libération

Les jihadistes proches de la victoire en Somalie

Par CHRISTOPHE AYAD

Il y a quelque chose de pathétique à entendre le président somalien décréter, lundi, l’état d’urgence dans son pays. L’urgence, il peut la constater tous les jours aux portes de son palais, la Villa Somalia, régulièrement prise pour cible par les insurgés islamistes, qui ont lancé une grande offensive contre le gouvernement il y a un mois. Cette décision ne va fondamentalement rien changer dans un pays où le pouvoir central ne contrôle que quelques points névralgiques de la capitale. Et encore, avec l’aide des 4 300 soldats de la paix de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom)…

En fait, l’instauration de l’état d’urgence n’a qu’un but : presser la communauté internationale d’intervenir, et en particulier les pays voisins – Kenya, Djibouti, Ethiopie et Yémen – appelés à la rescousse en fin de semaine dernière. Sans succès pour l’instant. Le Kenya s’est dit prêt à aider, l’Ethiopie, qui a reconnu mener des actions de reconnaissance, demande un mandat spécifique… Les autres restent muets. Et l’Amisom est réduite à ses seuls contingents ougandais et burundais, qui ne remplissent que la moitié de l’effectif prévu lors du lancement de la force de la paix il y a deux ans.

Prophétie. Pourtant, l’urgence est réelle. Alors que l’administration Bush n’a cessé de crier à la présence d’Al-Qaeda en Somalie – qui n’était que marginale à l’époque -, sa prophétie a fini par se réaliser. C’est toute l’ironie de l’engrenage fatal provoqué par les Etats-Unis dans la Corne de l’Afrique et dont hérite aujourd’hui Barack Obama.

Il faut remonter un peu en arrière pour comprendre comment on en est arrivé là. Fin 2006, six mois après que l’Union des tribunaux islamiques – une coalition hétéroclite où les jihadistes les plus violents, regroupés sous le nom d’Al-Shebab, restent minoritaires – se fut emparée du pouvoir à Mogadiscio, Washington donne son feu vert à Addis-Abeba pour les renverser.

L’invasion éthiopienne ne prend que quelques jours et balaye les islamistes.

Le gouvernement somalien s’installe à Mogadiscio sous la protection des troupes éthiopiennes. La capitale s’enfonce alors dans une guérilla islamo-nationaliste, alimentée par des groupes de plus en plus audacieux et aguerris, parmi lesquels Al-Shebab a de plus en plus d’influence.

En décembre dernier, l’Ethiopie annonce son retrait, lassée des attaques constantes. La communauté internationale comprend enfin qu’il vaut mieux composer avec les islamistes et laisse élire un modéré, Cheikh Chérif Cheikh Ahmed, issu de la mouvance soufie, à la présidence.

Revers. Al-Shebab et le Hezb al-Islami de Hassan Daher Aweys – donné récemment pour mort sans confirmation – rompent avec leur ancien allié et décident de poursuivre leur jihad, renforcés par des combattants d’Al-Qaeda fuyant les zones tribales pakistanaises devenues trop dangereuses, et par les livraisons d’armes de l’Erythrée, qui fait tout pour hâter l’installation d’un régime antiéthiopien en Somalie, afin de prendre son vieil ennemi à revers.

La seule question qui se pose, désormais, est la suivante: n’est-il pas trop tard pour éviter que la Somalie devienne un sanctuaire jihadiste ?

___________________ 2 – 7 sur 7 (Belgique) avec Belga

159.000 civils déplacés en six semaines en Somalie

De violents combats entre les forces loyales au gouvernement de Somalie et les islamistes radicaux qui veulent le renverser ont déplacé en six semaines 159.000 personnes, a annoncé mardi le Haut commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR).

"Le conflit entre groupes insurgés et forces gouvernementales a provoqué le déplacement de 159.000 personnes depuis l’offensive du 7 mai", a indiqué le HCR. Environ 26.000 personnes ont fui leur maison à Mogadiscio durant les seuls quatre derniers jours.

Le 7 mai, les shebab, un groupe islamiste radical, et son allié, le Hezb al-Islam, plus politique, ont lancé une offensive sans précédent depuis début mai contre l’administration du président Sharif Sheikh Ahmed.

Bien que soutenu par la communauté internationale et protégé par des soldats de l’Union africaine, le chef d’Etat est resté confiné dans la présidence sans pouvoir étendre son pouvoir à la capitale somalienne.

Environ 300 personnes sont confirmées mortes dans cette dernière vague de violences, dont beaucoup de civils. Des centaines de milliers de Somaliens ont fuit leur domicile durant les trois dernières années de violences menées par des mouvements islamistes radicaux mais encore davantage depuis l’éclatement de la guerre civile il y a 18 ans.

___________________ 1 – IRIN News (ONU)

SOMALIE: La faim hante les hôpitaux de Mogadiscio

Des centaines de civils blessés dans les affrontements entre les forces gouvernementales somaliennes et les insurgés sont confrontés à la faim dans les hôpitaux de Mogadiscio, la capitale somalienne, ont dit des sources médicales à IRIN le 22 juin.

Les hôpitaux de Mogadiscio sont débordés par le nombre de personnes blessées venues se faire soigner depuis que les combats se sont intensifiés, début mai.

« Nous avons plus de patients que jamais à l’hôpital, mais nous parvenons encore à répondre à leurs besoins médicaux, grâce au CICR [Comité international de la Croix-Rouge] », a dit à IRIN Dahir Mohamed, directeur adjoint de l’hôpital Medina, le plus grand hôpital de la ville.

Il a expliqué que le nombre de personnes venant chercher des soins continuait à augmenter chaque jour et que toutes les salles étaient pleines. « Nous avons installé des abris et des tentes dehors pour [les patients supplémentaires]… Nous soignons même les gens sous des arbres ».

Il a néanmoins souligné que l’hôpital était confronté à un nouveau problème : « les patients ont faim parce que nous n’avons pas les moyens de les nourrir ».

Auparavant, les proches apportaient de la nourriture à leurs patients, « mais maintenant, ces proches sont soit eux-mêmes hospitalisés, soit ils se sont enfuis de la ville vers des lieux plus sûrs », a-t-il dit, ajoutant qu’il y avait désormais des familles entières à l’hôpital « sans personne à l’extérieur pour les soutenir ».

Bon nombre des malades se rendant à l’hôpital étaient déjà affaiblis par une alimentation trop pauvre, et « ils sont maintenant traumatisés et affamés ». Parmi les personnes ayant besoin de nourriture figurent de nombreux enfants, a-t-il noté. « Pour ce seul samedi [20 juin], nous avons reçu 105 nouveaux patients, dont 20 pour cent étaient des enfants. Beaucoup d’entre eux ont perdu leurs deux parents et n’ont pas encore été réclamés par leurs proches », a-t-il dit.

M. Mohamed a lancé un appel aux agences humanitaires pour fournir « de la nourriture liquide aux hôpitaux… C’est une situation vraiment désespérée et j’espère que quelqu’un viendra à notre secours ».

Pendant ce temps, des milliers de civils ont été signalés fuyant à nouveau la ville après les intenses combats du 21 et 22 juin entre les forces loyales au Gouvernement fédéral de transition et les insurgés islamistes, dans des zones qui avaient jusque là été épargnées par les affrontements.

« Les résidents des districts de Karan, Abdulcasis et Shibis [tous situés dans le nord de Mogadiscio] fuient la zone, profitant de [la moindre] accalmie dans les combats », a dit Hassan Mahamud, un journaliste local, qui a dû évacuer sa famille de Karan.

« Je n’ai jamais rien vu de tel à Karan », a-t-il dit. « Si l’exode continue, il n’y aura plus personne à Karan ».

Zahra Hassan a fui sa maison le 22 juin et a commencé à se construire un abri temporaire dans le village de Bulalow, près d’Afgoye, à 30 kilomètres au sud de la ville.

« C’est la première fois en 19 ans que je dois quitter ma maison », a-t-elle dit à IRIN. Les combats des derniers jours ont été particulièrement intenses dans son quartier de Karan, a-t-elle raconté. « On ne pouvait plus s’aventurer nulle part ; nous commencions à manquer de tout ; c’est là que j’ai décidé de partir ».

Elle a expliqué que bon nombre de ses voisins étaient aussi partis à la faveur d’une accalmie dans les combats. « Il n’y avait pas de bombardement ce matin [22 juin], donc nous sommes partis », a-t-elle dit.