08/08/09 (B511)  Le rapport Deberkalleh (suite – 3 -) Meurtres inexpliqués parmi des opposants à IOG et des personnes impliquées dans des trafics illicites. Article mis à jour le 9/08/09 à 7:00 h Paris


Le dossier complet

Dans ce chapitre,

nous allons étudier les affaires de « meurtres » qui n’ont jamais été résolues à Djibouti.

Ces analyses permettront de conforter les soupçons à l’encontre d’Ismaël Omar Guelleh et de son régime.

Juillet 1991 : la mort violente du Directeur adjoint de la SDS, Mohamed Idriss dit Karaf.

Durant la soirée où le meurtre a été commis, c’est l’actuel Directeur général de la Sécurité, Hassan Said Kaireh dit Hassan Madobeh qui était de permanence dans son bureau. Aussitôt informé de l’agression, il a donné l’ordre de transférer la victime encore vivante à l’hôpital Peltier et non pas à l’hôpital Bouffard, comme c’est le cas, dès qu’il s’agit de hauts-fonctionnaires.

Il s’est rendu sur place. Il est resté avec le médecin de garde et les infirmiers et il a pu recueillir les dernières paroles du blessé juste avant sa mort : « je sais qui m’a tué ».

Certains observateurs pensent qu’il aurait été assassiné parce qu’il entretenait des relations étroites avec certaines puissances étrangères présentes à Djibouti.

1993 : la mort violente du pharmacien Mohamed Yacin (Paix à son âme).

Il a été assassiné dans sa villa, en présence de son épouse, actuellement refugiée au Canada,

Ce jeune pharmacien gérait l’officine : « Pharmacie de l’indépendance ». Après son décès, la pharmacie à été revendue au Docteur Saad, qui n’est qu’un prête-nom, car elle appartient toujours à I.O.G. en sous-main.

A l’époque où il était Chef de Cabinet de Gouled, la pharmacie était placée sous son contrôle direct. IOG l’utilisait pour collecter des fonds afin de financer les milices somaliennes de l’USF et pour payer les frais de missions que des agents de la SDS exécutaient soit à Djibouti soit à l’étranger (Éthiopie – Érythrée – Somalie – Europe).

1998 : l’assassinat de Sheiko
Le regretté Mohamed Sheiko (que le Bon Dieu le reçoive en son Paradis éternel. Amin.) a été assassiné au quartier 3 en présence d’une femme. Les premiers constats ont été effectués par la gendarmerie sous les ordres du colonel Ahmed Yonis qui a déclaré que Mohamed Sheiko était décédé de mort naturelle.

Malgré cela et en fonction des témoignages qu’ils avaient reçus, des parents et des amis ont demandé à ce qu’une autopsie soit réalisée à l’hôpital Bouffard. Mais leur demande a été rejetée car certains proches de la famille et du gouvernement ont préféré enterrer le défunt rapidement, sans chercher à découvrir la vérité.

Quelques jours plus tard, la femme (complice ?), qui était présente quand Sheiko est mort, a quitté brusquement le pays pour se refugier à Hargeisa au Somaliland. En décembre 2003, elle a été tuée par balles et la Police somalilandaise est toujours à la recherche de son meurtrier.

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Liste des autres victimes qui ont péri de mort violente et inexpliquée à Djibouti en général dans le triangle constitué par la route d’Arta, la route de Venise et le Palais de l’Escale).

Toutes ces victimes avaient entretenu à un moment ou à un autre, des relations étroites avec Ismaël Omar Guelleh. De plus, par leurs fonctions politiques, militaires ou administratives, elles avaient toutes eu accès à des “informations très sensibles“ qui pouvaient accuser ou compromettre l’actuel occupant du Palais de l’Escale à Djibouti :

1°) Le Major Hamadou, aide de camp de l’ex-président Gouled et cousin du premier Ministre Barkat Gourad Hamadou. Cet officier très estimé du président Gouled est décédé dans un accident de voiture sur la route d’Arta. Officiellement ce serait une défaillance des freins de sa voiture ?? Il était très lié avec l’attaché militaire de la Présidence.

2°) Le Major Dahaiyeh, officier de la garde présidentielle. Il a été abattu par deux mercenaires sur la route d’Arta. L’enquête de la gendarmerie n’a révélé aucun détail sur le meurtre (officieusement il aurait été tué par des bandits). Il avait ses entrées dans certaines ambassades étrangères a Djibouti. Le major Dahaiyeh était un ancien gendarme de la coloniale et il connaissait parfaitement le dossier Borrel. Avait-il rendez-vous avec un journaliste français d’investigation le jour de sa mort ?

3°) Le juge d’instruction Dabayak.
Selon certains informateurs, mais la version est contestée, il serait mort d’un arrêt cardiaque en Éthiopie (Nazareth). Quelques jours avant sa mort, il avait pris un café avec le rédacteur de ce rapport. Dabayak avait bien connu, lui aussi, le juge Bernard Borrel, en tant que collègue. Il suivait de très près l’enquête sur son assassinat. (*)

En effet, des témoins affirment que le Juge s’est réfugié au Canada où il vivrait actuellement.

(*)
Compte-tenu des relations amicales qui existaient entre l’auteur de ce rapport et le Juge, A. Deberkalleh aimerait beaucoup recevoir de ses nouvelles personnelles, s’il est toujours vivant. Ecrire à equipe@ardhd.org qui transmettra

4°) Jaga-Bida était sous-officier dans la SDS. Lui aussi est mort chez lui d’un arrêt cardiaque. Il était à la fois le messager et le confident du Président Ismaël Omar Guelleh. Son apparence laissait supposer qu’il était un imbécile et il jouait parfois le rôle du bouffon de la cour. En réalité c’était le précieux  » messager  » d’IOG. Il connaissait tout ce qui se complotait à la Présidence depuis des années. Mais et surtout, il renseignait aussi le Général Yacine Yabeh Galab sur les activités d’IOG.

Après le coup d’État manqué de ce dernier, la SDS a découvert le double-jeu qu’il avait mené pendant des années et elle a informé le Président Guelleh. Peu de temps après, il est mort …

5°) Meraneh était membre du Comité d’athlétisme djiboutien et fonctionnaire à la Caisse de Prestation Sociale de Djibouti (CPS). Lui aussi est mort d’un arrêt cardiaque sur la route de Venise, alors qu’il était en compagnie d’une femme de  » basse moralité « .

Ce jeune fonctionnaire était un adversaire farouche de la politique d’IOG. Très proche « politiquement » d’une haute personnalité Djiboutienne avec laquelle, il préparait une rébellion « armée » dans le sud du pays. Sa mort a été comprise comme un avertissement adressé à ses amis afin qu’ils n’essayent pas de franchir la ligne jaune.

6°) L’assassinat de l’ex-patron de l’hôtel Menelik, Ayalew avec la complicité de son épouse Mme Kabadeshe. Avant son mariage avec l’hôtelier, cette femme avait été la maitresse de Guelleh. Elle gérait un bar avec licence pour servir de l’alcool, qui appartenait à IOG. Grâce à ses talents (?), elle avait obtenu un permis de séjour à Djibouti sur la recommandation d’IOG qui cumulait les fonctions de Chef de Cabinet du Président avec celle de haut-responsable de la Sécurité djiboutienne.

Après avoir été condamnée par la Justice djiboutienne pour meurtre, Mme Kabadeshe a été libéré par une grâce présidentielle bien avant d’avoir fini de purger la totalité de sa peine. D’après l’enquête, il aurait été prouvé que la mort de l’hôtelier Ayalew était lié a son refus de vendre l’hôtel a un proche parent d’IOG. L’épouse était d’accord pour réaliser cette vente mais la Banque éthiopienne avait émis un véto.

Aujourd’hui c’est la meurtrière qui a hérité de l’hôtel.

7°) L’assassinat d’un citoyen italien, défenestré du dernier étage de l’hôtel ALI-SABIEH.

Ce soir là, sur les lieux du crime, étaient présentes deux personnes : Mario (la victime) un homme d’origine italienne et Hassan Saleh d’origine érythréenne, ex-membre du F.P.L.E. Ces deux hommes travaillaient pour le compte du frère de Guelleh, aujourd’hui décédé, Idriss Omar Guelleh, comme agents commissionnaires.

Cette enquête a été confiée (comme cela est arrivé souvent dans les décès suspects) au Colonel de la Gendarmerie Ahmed Yonis (d’origine soudanaise). A son habitude, il a conclu à un suicide sous l’emprise de l’alcool.

D’après nos sources d’informations, la victime italienne etait venue réclamer sa commission à Idriss Omar Guelleh pour le contrat signé avec la société italienne pour l’importation et l’enfouissement ou l’immersion de déchets toxiques sur le territoire de la République de Djibouti.

8°) Idriss Farah Abaneh, Ministre de l’intérieur est mort, lui aussi, d’un arrêt cardiaque. Ce Ministre n’aimait pas IOG, le Chef de Cabinet. A maintes reprises il avait demandé son limogeage à Hassan Gouled. Durant chaque altercation qu’il avait avec IOG, il n’omettait jamais de le qualifier de réfugié et il le menaçait de le faire rapatrier à Dire-Dawa. Ce Ministre représentait un danger permanent pour IOG et pour Hassan Gouled (natif de Guerissa).

9°) Mohamed Djama Elabeh, avait été Ministre des Finances puis de l’Éducation avant de démissionner de ses fonctions.

Selon des proches il aurait succombé à un empoisonnement. Ses bêtes noires, c’étaient IOG et Hassan Gouled. Bénéficiant d’une forte notoriété au sein de la population, il était un obstacle à la politique d’Hassan Gouled et un concurrent très crédible pour son dauphin Ismaël Omar Guelleh. Guelleh n’avait que peu de chance d’être élu à la magistrature suprême face à cet adversaire fort apprécié et bien implanté politiquement.

Sa mort ne pouvait qu’arranger la carrière d’IOG…

En conclusion :

Eu égard au nombre de ses habitants, il est probable que la République de Djibouti détienne le « record mondial » des morts et des suicides « naturels et inexpliqués » depuis le 27 Juin 1977. Les victimes sont pratiquement toutes des opposants au régime ou des personnes impliquées dans des trafics occultes et illégaux.

Tout le monde se souvient de la première victime djiboutienne, sur le rivage de Loyada (la mort par strangulation de Janaleh … Comme par hasard, Aden Robleh était présent ce jour-là, lui aussi… ?

Est-ce aussi par hasard, que Guelleh a accusé récemment ce dernier, dans un article de « Jeune Afrique l’Intelligent » de la mort du juge Bernard Borrel à Djibouti en octobre 1995 ???