25/09/09 (B517) Yémen Express (2 articles en Français)

____________________________ 2 – AFP

Yémen: 50 tués dans de violents affrontements impliquant les rebelles

De violents affrontements opposaient jeudi l’armée aux rebelles chiites dans le nord du Yémen où au moins 50 personnes ont été tuées en deux jours, a-t-on appris de sources militaires et tribales.

Par ailleurs, le centre-ville de Saada était jeudi le théâtre de violents combats, selon des sources militaires et des témoins. Saada est le chef lieu de la province du même nom, qui est le fief de la rébellion.

Vingt et un rebelles et quatre militaires, dont un colonel, ont trouvé la mort dans les combats qui se déroulaient depuis mercredi soir dans la région de Harf Sufyane, située dans la province d’Omrane, ont indiqué des sources militaires et des chefs de tribus contactés par l’AFP au téléphone depuis Sanaa.

Des hélicoptères militaires ont également bombardé des positions près de Samaa, dans la banlieue sud de Saada, que les rebelles tentaient de prendre aux forces gouvernementales afin de pouvoir assiéger la ville, a-t-on ajouté.

A Dammaj, au sud-est de Saada, 23 membres de la rébellion zaïdite chiite ont été tués dans des accrochages qui opposaient par intermittence depuis mercredi les rebelles à des partisans d’un groupe salafiste (sunnite), soutenus par des hommes de tribus armés, ont rapporté jeudi à l’AFP des sources tribales et des témoins.

Dans l’extrême nord de la province de Saada, à Baqem et à Mounabbeh, deux villages frontaliers de l’Arabie saoudite, la police et des hommes de tribus ont joint leurs forces pour s’attaquer à des rebelles chiites, accusés d’avoir tué mardi le commissaire adjoint de Baqem et un chef tribal, selon des sources tribales.

Ces heurts se sont soldés par la mort de deux chefs rebelles, identifiés comme étant Farhane Maqit et Hassen Thawrat, ce dernier ayant servi de représentant de la rébellion dans de précédentes négociations de paix, selon ces mêmes sources.

Les combats font rage depuis le 11 août entre l’armée et les rebelles zaïdites appartenant à une branche du chiisme. Le pouvoir les accuse d’être soutenus par des groupes en Iran, ce qu’ils démentent

Par ailleurs, de violents accrochages ont opposé jeudi militaires et rebelles dans le centre de Saada, s’intensifiant même en fin de journée. Des combats ont eu lieu autour du Palais de la République, un complexe administratif symbole de l’autorité publique, ont indiqué des sources militaires et des témoins.

De mêmes sources, on affirme que ces combats ont fait "des dizaines de tués et de blessés dans les rangs des deux parties".

Ce bilan n’a pas pu être confirmé auprès des rebelles ou de source indépendante, la zone du conflit étant inaccessible à la presse.

Les deux protagonistes s’accusent mutuellement de propagande dans leur couverture médiatique de la guerre.

Ainsi, le porte-parole de la rébellion, Mohammad Abdessalam, a démenti jeudi sur un site proche de la rébellion l’annonce la veille par les autorités de l’arrestation à Saada de huit rebelles, dont deux de leurs chefs identifiés par l’agence officielle Saba comme Ali Ibrahim Hachhouch et Qassem Abdallah Béchir.

Mais un responsable du ministère de l’Intérieur, Mohammad Al-Qaïssi, a fait état en soirée sur Saba de l’arrestation de "93 membres des cellules dormantes" de la rébellion à Saada.

____________________________ 1 – HNS avec Amnesty

Le Yémen doit révéler où se trouve le journaliste arrêté

Les autorités yéménites doivent indiquer clairement où se trouve le journaliste Muhammad al Maqalih. Deux individus en civil se sont saisis de lui jeudi dernier en fin de journée, à Sanaa, la capitale du pays.

Des militants des droits humains pensent qu’il est détenu à Sanaa par des agents de la Sécurité nationale (al Amna Qawmi).

Ce journaliste de quarante-neuf ans avait dernièrement écrit au sujet du conflit en cours dans la région de Saada, dans le nord du Yémen. Ce conflit est marqué par de violents affrontements entre les rebelles et les forces gouvernementales.

Muhammad al Maqalih a été enlevé rue Taiz à Sanaa, à 11 heures heure locale, le 17 septembre.

Amnesty International soupçonne que cette apparente disparition est liée à sa forte opposition au gouvernement, qu’il a sévèrement critiqué, en particulier au sujet des affrontements armés qui font rage dans la région de Saada et des civils tués par les forces gouvernementales.

Ceux qui s’opposent à l’État yéménite ou qui le critiquent risquent souvent d’être arrêtés et placés en détention, en particulier durant les périodes de crise politique – c’est actuellement le cas avec les affrontements armés qui ont lieu dans la région de Saada.

Amnesty International appelle les autorités à indiquer clairement où se trouve Muhammad al Maqalih et à le libérer sans délai s’il est détenu uniquement pour avoir critiqué le gouvernement, ce qui lui donnerait le statut de prisonnier d’opinion.

Les autorités yéménites doivent veiller à ce qu’il soit protégé contre la torture et les autres formes de mauvais traitements, et à ce qu’il ait accès sans délai et régulièrement aux avocats de son choix, à sa famille et à tous les soins médicaux dont il pourrait avoir besoin.

La région de Saada, au Yémen, dont les habitants sont pour la plupart membres de la minorité chiite zaïdite, a connu plusieurs périodes de conflit ces dernières années, avec des affrontements armés récurrents entre les forces de sécurité gouvernementales et les partisans d’Hussein al Houthi, religieux chiite zaïdite tué en 2004.

La dernière flambée de violence a débuté à la mi-août, époque à laquelle cette région a quasiment été placée sous état d’urgence, et où les forces gouvernementales ont lancé une série d’attaques toujours plus violentes, dont des bombardements visant des villages et des villes, dans le but semble-t-il d’écraser les rebelles partisans d’Hussein al Houthi.

La semaine dernière, Amnesty International a demandé aux autorités yéménites d’enquêter sur toutes les allégations de graves violations commises par leurs forces. Parmi les faits signalés figure un raid aérien, le 16 septembre 2009, sur le village d’Adi, à proximité de Harf Sufyan, dans la province d’Amran (située près de celle de Saada), qui aurait tué environ 80 civils.