16/10/09 (B521)La faim dans le monde est un véritable scandale mais à Djibouti c’est bien pire (par Bouh Warsama)


Caricature par Roger Picon
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La faim dans le monde est un véritable scandale mais à Djibouti c’est bien pire car elle enrichit une minorité qui en vit fastueusement tout en écrasant la pauvreté de son dédain.

(Bouh Warsama)

La faim est une calamité que l’on pourrait maîtriser si l’on avait véritablement la volonté de s’attaquer aux causes qui sont connues, dont la corruption et les détournements des aides internationales, aux fins de la réduire pour ensuite et avec le temps y mettre un terme.

Lorsque l’on observe, que chaque année les soutiens financiers à l’agriculture des pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) se situeraient à 365 milliards de USD alors que les dépenses d’armement seraient, quant à elles, presque 4 fois plus importantes – soit 1340 milliards – bien des questions nous viennent à l’esprit.

En tout premier lieu, on serait tenté de se poser la question de savoir à quoi peut bien servir la « Journée mondiale de l’alimentation » lorsque l’on sait que le seuil historique du milliard d’affamés a été franchi cette année ?.

– Le « marché des Armes » n’a jamais été aussi florissant.

On le dit être en augmentation de plus de 18 %……sur les premiers 9 mois de 2009 par rapport aux mois correspondants de 2008. Parallèlement et dans le même temps le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 11,8 % en Afrique subsaharienne pour se situer à 265 millions d’êtres humains.

A notre sens, il ne saurait y avoir de véritable solution sans une réforme profonde de l’agriculture – particulièrement en Afrique et en Asie – mais aussi, et surtout avant toute chose, sans une remise en ordre du fonctionnement général des aides humanitaires, de leur répartition et de leur gestion d’emploi par les pays concernés.

Si comme le préconisent les experts mondiaux le triplement des investissements dans le monde pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, tel que l’a connu le secteur sanitaire depuis le début des années 2000, pourrait être une solution nous avons, pour ce qui nous concerne, la conviction que nous vivons sous un régime d’artifices et de « poudre aux yeux » quasi permanents.

Preuve en est faite lorsque l’on sait que toutes les conditions qui ont contribué à la crise mondiale sont encore là, omniprésentes ; à l’inverse de ce qu’il en est dit, on a le sentiment d’une régression et d’être ainsi retourné au moyen âge !

– Le mal des enfants.

Ne dit-on pas que « Protéger l’enfant et la mère c’est se prémunir pour l’avenir » et « Un peuple qui prend l’enfant par la main est un peuple qui vivra longtemps » ? Certes on le dit mais dans les faits nous en sommes loin. Quand on observe ce qu’il se passe à Djibouti sous la Tyrannie du régime d’IOG on est en droit d’en douter ; mère et enfants mineurs sont arbitrairement incarcérés et torturés sans qu’aucun Droit ne leur soit reconnu.

Pour en revenir à ce « Mal des enfants dans le monde» dont il est question, les chiffres indiquent que 1,5 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de diarrhée, véritable fléau qui serait la seconde cause de mortalité après la pneumonie selon un rapport de l’UNICEF.

Aussi bien pour la potabilité de l’eau que sur la résolution des problèmes de diarrhée, il existe pourtant des traitements efficaces et peu coûteux… mais dans les pays développés seulement.

Pendant ce temps, certains tyrans autoproclamés présidents – et leurs épouses – détournent allégrement majeure partie des aides internationales en matière d’alimentation alors que leurs Ministres de la Santé publique en font de même de leur côté.

– 16 pays sont considérés comme étant « les plus vulnérables »

Seize pays ont été identifiés par la FAO (Food and Agriculture Organization – Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) comme étant tout particulièrement vulnérables sur le plan économique en raison de crises nationales et régionales.

Il s’agit de la Somalie, de l’Ethiopie, de l’Erythrée, du Soudan, du Burundi, de la République Démocratique du Congo, du Libéria, de l’Angola, de l’Ouganda, de l’Afghanistan, de l’Irak, d’Haïti, de la Corée du Nord, du Tadjikistan, de la Géorgie et de la Mongolie.

– Et Djibouti me direz-vous ?

Devrait-on considérer ses populations comme n’étant pas parmi les plus « vulnérables » en matière de sous-alimentation ?

Certes pas !

Si force est d’admettre que, dans ce domaine, la situation est meilleure dans le pays qu’elle ne l’est chez les voisins limitrophes – Somalie, Erythrée et Ethiopie – nul ne saurait contester le fait que le nombre de personnes sous-alimentées à Djibouti a considérablement augmenté depuis 10 ans. Pour beaucoup de familles il est courant de ne faire qu’un repas par jour ; simple repas à base de riz sans viande.

Les chiffres de la sous-alimentation dans le pays sont là pour confirmer tous les signaux d’alarmes mais ils sont tellement catastrophiques que nul n’ose les publier sous peine de « déranger la susceptibilité » des gouvernants qui tentent d’entretenir une image fallacieuse de « bonne gouvernance ».

– Situé à un carrefour stratégique et géopolitique, « l’Ordre des Désordres doit régner à Djibouti », quel qu’en soit le prix !

Pourtant ces chiffres sont incontestables et mettent en évidence le fait qu’aucun progrès n’a été effectué pour tenter – pour le moins essayer – d’atteindre les objectifs du Millénaire qui étaient de générer une baisse de moitié des personnes sous-alimentées entre 1990 et 2015.

Dans cet Etat de non droit sous le régime Guelleh, la récession actuelle frappe Djibouti de plein fouet, créant ainsi des mouvements sociaux et de la faim bien vite réprimés dans le sang, au moyen des incarcérations et des tortures arbitraires ayant valeur dissuasive…, s’ajoutant à une crise alimentaire qui dans la période 2006/2008 a fait monter les prix des denrées de manière de base exponentielle pour atteindre des niveaux financièrement hors de portée de plus de 80 % de la population djiboutienne.

Les tarifs ayant souvent augmenté de plus de 200 %, parfois jusqu’à 400 %…, ceci a ainsi précipité toutes les classes dites moyennes du pays dans la pauvreté – d’autres dans la misère – alors qu’une minorité s’est enrichi avec une telle rapidité – d’une manière éhontée et d’une telle ampleur – que cela n’est pas passé inaperçu, y compris des observateurs étrangers.

Oui mais « l’Ordre doit régner……….. ».

Alors si « l’Ordre des désordres » a plus d’importance que le respect de l’humain et que l’Etat de Droit… ; les démocraties occidentales qui cautionnent et ferment les yeux sur les excès du régime d’Ismaïl Omar Guelleh sont condamnables parce qu’elles admettent – donc encouragent – sa tyrannie comme étant une fatalité ce qui est une nouvelle mascarade………

« Dormez en paix, rien d’important ne se passe à Djibouti ! »