12/11/09 (B524) Une nuit de novembre 1989 – L’instant où la volonté populaire a fait chuter un « mur de la honte » et triompher la liberté sur la tyrannie. Et, si à Djibouti …. ? (Bouh Warsama)


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Le mur de Berlin, dénommé « mur de la honte » pour les Allemands de l’Ouest et « mur de protection antifasciste » d’après la propagande est-allemande de l’époque, fut érigé en plein Berlin à partir de la nuit du 12 au 13 août 1961 par Erich Honecker, président du Conseil d’État de la République Démocratique Allemande (RDA), qui tenta ainsi de mettre fin à l’exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d’Allemagne (RFA).

Le mur a séparé physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de vingt-huit années de « mise en cage » et a longtemps constitué le symbole le plus marquant d’une Europe divisée par le Rideau de fer.

Après son arrestation, dans sa déclaration devant le tribunal le 3 décembre 1992, Honecker justifia la construction du « Mur de Berlin »: selon lui, la direction du SED – Le Parti socialiste unifié d’Allemagne (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, SED) fut le principal parti politique de la (RDA) – a évité en 1961, pendant l’un des moments les plus tendus de la « guerre froide » une « troisième guerre mondiale qui aurait entraîné des millions de morts ».

Il coupa court aux critiques concernant les persécutions de la STASI (police politique), qui n’étaient pas le sujet du procès, en répondant que la presse à sensation des pays de l’Ouest procédait aux mêmes méthodes de dénonciation et qu’elle avait les mêmes conséquences.

Aussi, il mit en avant le fait que le procès contre lui était mené par des motivations uniquement politiques, et compara les 49 personnes mortes en tentant de franchir le mur avec le nombre des soldats morts pendant la guerre du Vietnam ou avec le taux de suicide dans les pays de l’Ouest.

– La fête de la Liberté du 9 novembre 2009, pas encore celle de la prospérité.

La fête de la Liberté, en date du 9 novembre de cette année et célébrant le 20ème anniversaire de la chute dudit mur, fut celle de tous les symboles et surtout celle de la liberté conquise et célébrée par tout un peuple.

– Le mur de la honte n’est pas tombé tout seul.

Ce qui fut possible sous « Gorbi » (Gorbatchev) aurait été impossible dix années plus tôt sous le régime de Brejnev – héritier des méthodes staliniennes.

Liberté, ce mot obscène, interdit car considéré comme criminel dans tout régime despotique.

A 3 heures 07, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, alors que l’histoire nous a confirmé que le monde occidental a frôlé un conflit mondial sans précédent à cette époque s’il y avait eu une seule victime par balle (toutes les unités de l’ouest stationnées en RFA étaient en état d’alerte, la STASI voulait créer un incident en faisant tuer quelques garde frontières afin de justifier la fermeture du mur), c’est alors une foule composée de dizaines de milliers d’hommes et de femmes, de gens simples, ordinaires qui ont enfoncé paisiblement les barrières conduisant à ce mur.

Une véritable marée humaine pacifique, composée d’hommes et de femmes qui étaient dans leur immense majorité sans convictions ou idéaux politiques, sans armes. Ils n’avaient qu’une envie qui était de se rendre de l’autre côté d’une ville divisée, meurtrie par l’idéologue communiste.

– « Wahnsinn ! » ( traduction : « c’est dingue » en langue allemande)

En ces instants, l’expression est dans toutes les bouches de ces milliers de Berlinois de l’Est venus, tremblant d’émotion, passer la nuit dans les rues de Berlin-Ouest souvent pour la première fois et afin de retrouver leurs familles. Puis ce sont les Berlinois de l’Ouest qui commencent à détruire le mur, faisant basculer des pans entiers avec une hargne non dissimulée et franchissent avec une joie éclatante la symbolique Porte de Brandebourg.

D’autres accueillent les Berlinois de l’Est, leurs frères, au mythique Checkpoint Charlie ; on chante ensemble, on danse pour la liberté recouvrée.

Ceux qui ont vécu cela ne l’oublieront jamais tant la liesse était générale…

Bon nombre de garde frontières, militaires de policiers de RDA se joignant à la fête générale….

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Ecrire le mot « Liberté » sur le bord d’une plage à Djibouti, ce serait déjà avoir la liberté, simplement le droit de l’écrire !

Même si la mer effacera ce mot, cette liberté existera et demeurera présente dans l’esprit des Djiboutiennes et Djiboutiens à qui pourtant depuis 1999 il ne reste qu’une liberté qui est celle de se battre pour conquérir un jour prochain cette liberté.

Si la liberté est indispensable voire essentielle à l’exercice de la démocratie, elle n’est pas son seul pilier car sans bien-être économique, social et équilibre politique elle ne peut profiter à tous mais seulement à quelques-uns.

Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est l’égoïsme de la tyrannie qui opprime alors que seules les lois républicaines affranchissent en établissant un nécessaire équilibre.

Rêver seul pour un opposant politique au régime politique imposé par Guelleh ne suffit pas pour changer le monde et conduit soit à l’inertie donc à l’échec ; construire un monde nouveau à plusieurs constitue alors une réalité.

Sous le gouvernement tyrannique d’Ismaïl Omar Guelleh, l’histoire de Djibouti a posé au fil du temps des limites au malheur du peuple djiboutien.

Au-delà de ces limites où IOG tente de précipiter Djibouti, c’est la mort lente des véritables occupants du pays, ou la fuite vers un exil incertain, ou la révolte.

C’est une frustration encourue au cours de longues années, dans la quasi indifférence du monde occidental, qui engendre aujourd’hui la rébellion de la jeunesse à Djibouti.

Face au despote il ne fait jamais capituler, jamais abandonner la jeunesse à son sort par ce que c’est une lâcheté, une forme d’impuissance coupable ; la pire des calamités pour l’opposition politique.

La Liberté ne se donne pas, ne s’achète pas, ne se négocie pas avec la tyrannie car elle n’en veut pas et n’est qu’artifices de façade. Cette liberté là se prend et se gagne.